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La Question des Vaccins
3 janvier 2012

L'expérimentation animale impose de revoir notre plan variole

 

Plusieurs études conduites sur des animaux ont montré l'inefficacité du vaccin antivariolique utilisé au cours de la campagne d'éradication lorsque ces animaux avaient été contaminés peu de temps auparavant ou même un peu après et alors que ce vaccin se montre très efficace quand il est utilisé dans des conditions normales, c'est à dire avec un délai suffisant entre la vaccination et la dose d'épreuve. Une de ces études a même mis en évidence que cette vaccination réalisée à proximité de la contamination pourrait aggraver la variole.

 

ADDITIF du 30 mai 2015:

 

"La vaccination ça ne se discute pas!" a déclaré Marisol Touraine ministre de la santé le 29 mai 2015. Si la vaccination ne se discute pas elle peut s'étudier comme ci-dessous et il y a beaucoup à dire !!!

FIN de l'additif

Comme le proposent certains auteurs de ces études il faut très sérieusement envisager de modifier les plans variole en y remplaçant la vaccination des contacts constatée inefficace par des antiviraux ou des injections d'anticorps.

Chemin faisant, ces constatations expérimentales devraient conduire à réexaminer le rôle qu'a pu avoir la vaccination des contacts au cours de la campagne d'éradication et même auparavant. Et aussi la compétence et le rôle de l'expertise nationale et mondiale (OMS) qui n'ont pas su voir – ou voulu voir - cette absence d'efficacité à partir des très nombreux rapports de terrain et des multiples flambées de variole qui se produisirent tout au long de la campagne d'éradication.

J'ai d'ailleurs déjà écrit un article sur cette aspect des choses [9]. Le moins qu'on puisse dire est que les résultats de ces expérimentations animales n'infirment pas, bien au contraire, les conclusions auxquelles j'étais parvenu. Je précise que j'ignorais ces résultats expérimentaux au moment de la rédaction de cet article. 

La vaccination  après exposition aussi nommée ''vaccination des contacts'' prend aujourd'hui toute son importance en raison non seulement du risque bioterroriste, qui parait limité pour la variole, mais surtout en raison de cas humains de la variole dite du singe bien qu'elle soit propagée par des rongeurs. En pareils cas et par le fait que les populations ne sont plus immunisées contre les virus de la variole, il devient essentiel de rechercher une protection  après exposition. C'est pourquoi il est très important de savoir ce que vaut réellement cette vaccination. 

Sur la variole, sa vaccination et son éradication j'ai enregistré environ 90 minutes en vidéo [18].

ADDITIF :

Le HCSP a rendu un avis daté du 21 décembre 2012 et "relatif à la révision du plan variole". Il a été mis en ligne [20] sur le site du HCSP le 2 avril 2013. Il répond à une saisine du Directeur général de la santé datée du 15 avril 2011. La recommandation principale formulée dans cet avis est une stratégie basée essentiellement sur les vaccins de 3e génération et les antiviraux dès lors que ceux-ci seront réglementairement utilisables en raison des effets secondaires graves et des nombreuses contre-indications des premiers. Autrement dit, l'aspect efficacité de la vaccination des contacts n'est pas prise en compte alors qu'elle est au centre des expérimentations animales qui sont conduites et est une des principales préoccupations des comités rapporteurs de ces expérimentations comme on va le voir ... On peut d'ailleurs facilement constater qu'aucune des 14 références citées par cet Avis se rapporte à des publications sur des expérimentations animales ou à l'un des 3 documents que je mentionne ci-dessous et qui sont en ligne sur le site de l'OMS depuis fin 2010 ...

FIN de l'additif


Le rapport du Secrétariat   [21] de l'OMS du 17 mars 2011, en préparation de la 64ième Assemblée mondiale de la santé relate les conditions qui ont présidé à l'élaboration des documents présentés maintenant :


Les documents

Trois documents ont été publiés sur le site de l'OMS en décembre 2010 sur les recherches menées sur le virus de la variole entre 1999 et 2010 :

1- Le premier a été rédigé par les chercheurs eux-mêmes (sauf la présentation) [1]

2- Le second est un rapport sur ces recherches par un comité d'experts indépendants  [2]

3- Le troisième est un rapport sur ces recherches par le comité consultatif nommé par l'OMS  [3].

Ce dernier rapport n'hésite pas à remettre en cause l'efficacité de la vaccination antivariolique sur les contacts telle qu'elle était affirmée dans la mouvance de la grande campagne d'éradication de la variole.

En effet, page 38 on peut lire :

« Importance pour la santé publique

Le premier objectif de la préparation au risque de bioterrorisme lié à la variole est de sauver des vies si d’une façon ou d’une autre la variole réémergeait. Le fait de disposer de médicaments contre la variole présenterait des avantages importants au cours d’une flambée, en permettant d’administrer un traitement après exposition.

Une étude effectuée par Stittelaar et al., publiée dans Nature le 11 décembre 2005, décrivait une infection intratrachéale létale par l’orthopoxvirus simien et démontrait que le traitement par un antiviral au moment de l’infection était protecteur, tandis que la vaccination ne l’était pas »

Ce Comité consultatif constitué par l'OMS pour examiner ces recherches porte alors l'appréciation suivante :

« Ces résultats semblent remettre en question les données limitées, rassemblées pendant la phase d’éradication de la variole, relatives à l’efficacité de la vaccination administrée jusqu’à 4 jours après l’exposition pour prévenir la maladie. »


Le seul fait d'envisager, de la part d'un tel comité, de remettre en cause l'affirmation maintes fois martelée de l'efficacité de la vaccination des contacts au cours de la campagne d'éradication est déjà énorme, et même presque surréaliste, en tout cas totalement inattendu. 

J'ai pu trouver le résumé de l'étude  * [4]. Il y est reconnu que si la vaccination préventive est bien documentée, on sait peu de choses sur l'efficacité de la vaccination antivariolique quand elle est utilisée après exposition au virus de la variole (vaccination des contacts).

* L'accès à l'étude complète est payant. J'ai reproduit le résumé   en anglais en annexe IV.

Malgré cette indigence de résultats et de données il a souvent été affirmé avec beaucoup de certitude par l'OMS ou par son directeur du programme d'éradication de la variole Donald Henderson et consciencieusement répété par beaucoup d'autres, que cette vaccination était très efficace quand elle était administrée dans les 3-4 jours qui suivaient l'exposition au virus de la variole. J'ai déjà expliqué dans un autre article  [9] que ces affirmations ne s'appuyaient à l'époque sur aucun argument consistant, qu'il soit de nature épidémiologique ou immunologique. J'avais d'ailleurs rapidement exposé cela au congrès de la Sfsp à Lille le 4 novembre 2011 (aller sur les 2 liens indiqués dans l'article pointé ici) . Je vais y revenir ici avec de nouveaux arguments apportés par ces expérimentations.

Sur cette question capitale voici ce que rapporte l'étude en question :

Le premier résultat expérimental présenté dans cette étude porte sur des singes auxquels on a administré une dose de poxvirus du singe provoquant une infection mortelle.

Le traitement par un antiviral administré 24 heures après cette dose donne une

réduction significative de la mortalité.

Par contre, le vaccin antivariolique administré 24 heures après cette dose

ne donne aucun résultat significatif quant à la réduction de la mortalité.

 

 

Une autre expérimentation animale conduite par Staib et al. (2006) est particulièrement intéressante et d'abord parce qu'elle est publiée intégralement en accès libre [5].

Pour résumer :

Les vaccins utilisés au cours de la campagne d'éradication (et avant) étaient produits avec le virus de la vaccine qui avait gardé la capacité de se répliquer (vaccin VACV dans l'étude : Vaccinia Virus). Un nouveau vaccin appelé MVA* a été obtenu avec le virus dit Ankara  en atténuant la virulence du virus de la vaccine par plus de 570 passages sur embryon de poulet jusqu'à lui faire perdre sa capacité de se répliquer. Les auteurs ont expérimenté avec les 2 vaccins.


* MVA : Virus Ankara Modifié


1- Avec le vaccin "VACV", les animaux vaccinés 14 jours avant une épreuve mortelle par le virus de la variole sont entièrement protégés. Donc le vaccin est efficace sur ces animaux, ce qui est essentiel pour la suite. Par contre, quand on les vaccine 2 jours avant l'épreuve ou à tout autre moment après, c'est l'échec total.

Autrement dit, l'expérimentation animale est en défaveur des affirmations soutenues au cours et avant la campagne d'éradication sur la soi-disant efficacité de cette vaccination en post-exposition, c'est à dire sur les contacts.

2- Quand on utilise le vaccin MVA* le résultat est favorable s'il est inoculé 2 jours avant l'épreuve. Dans les 3 heures après on évite le décès mais pas une forme grave de la maladie. Au delà c'est l'échec.

Il est curieux de constater que le vaccin MVA plus atténué se montre plus efficace dans ces circonstances que le VACV, ce qui est contraire aux normes habituelles. D'ailleurs les auteurs, qui avaient d'abord expérimenté avec le MVA, avaient envisagé que le vaccin VACV se montre plus efficace pour cette raison. Ils ont constaté le résultat inverse, ce qui démontre une fois de plus combien il faut se méfier des raisonnements en immunologie :

Pour faciliter la vérification des mes affirmations par les internautes qui liraient ces lignes et en raison de leur grande importance, j'ai reproduit les passages en anglais avec une traduction (Annexe I).

Les auteurs se montrent sévères (ils pourraient l'être beaucoup plus encore) en qualifiant d'anecdotiques les données présentées par l'OMS et Henderson sur la question. Le document Fenner et al. [13] est un document OMS de 1500 pages dont Henderson est co-auteur. Il est aussi co-auteur dans la navrante publication Mortimer-Henderson 2003 qui sera commentée plus loin.

Quand on sait qu'Henderson a soutenu et martelé cette affirmation en tant que directeur du programme d'éradication à l'OMS et qu'il a continué par la suite à la soutenir sans aucune preuve sérieuse et qu'il le faisait encore en 2003 avec des arguments pour le moins contestables et datant de 1901 on ne peut que s'interroger.

Pire encore, la vaccination pourrait être aggravante

D'autant plus qu'une autre étude apporte un résultat encore plus négatif en expérimentant avec des doses non mortelles, ce qui permet de distinguer entre l'absence d'efficacité de la vaccination et un effet aggravant de celle-ci quand elle est réalisée à proximité temporelle de la dose d'épreuve.

Il s'agit de l'étude de ''Earl et al., 2008'' [7] qui a expérimenté sur des singes Cynomolgus avec le vaccin Dryvax produit par le laboratoire américain Wyeth. Ce vaccin a été utilisé au cours de la campagne d'éradication, le virus vaccinal ayant conservé la capacité de se répliquer comme tous les virus vaccinaux utilisés à cette époque contre la variole. Ces singes ont été testés avec le virus de la variole du singe (monkeypox).

Earl a utilisé très peu de singes. Il est vrai qu'on ne peut sacrifier des centaines de singes pour réaliser de telles expériences. Aujourd'hui, pour conduire de telles expérimentations, il faut soumettre un protocole expérimental à une commission spéciale qui apprécie l'utilité de l'expérience.

Les auteurs ont choisi une dose épreuve non mortelle pour tous les témoins. Il n'y avait que 6 témoins.

On lit page 10892,  colonne 2, sous le tableau 1 :

"However, when the monkeys were challenged at 4 days after Dryvax, only one of four animals survived compared with four of six controls, and viremia and skin lesions were similar to the controls."

Selon cette affirmation il y aurait donc eu 2 cas mortels parmi les 6 témoins non vaccinés. Dans le tableau 1 au dessus, on lit que ce serait 4 témoins sur 6 qui seraient morts. Je ne suis donc pas en mesure de choisir la valeur qui fut réellement observée. S'agit-il d'une erreur de rédaction ? Comme le tableau 1 indique qu'il y a eu 2 singes euthanasiés à 12 et 14 jours, c'est probablement la clé du problème : 2 singes sont morts et 2 autres ont été euthanasiés pour abréger leurs souffrances.

D'un point de vue statistique, on peut modéliser le nombre de décès parmi 6 par une loi binomiale B(6 ; p) où p désigne la probabilité de décès pour un singe. La valeur de p est inconnue mais on peut en chercher un intervalle de confiance à 95% (par exemple) à partir d'une valeur observée. Si cette valeur observée est 4, l'intervalle de confiance pour p sera [0,222     0,96] ( pour le nombre théorique moyen de singes décédés il sera  [ 1,33      5,74]).  Si c'est 2  il sera [0,043    0,777]  ( pour les nombres de singes décédés il sera  [0,26      4,66] ).

J'ai effectué les calculs en utilisant directement la loi binomiale et non une formule classique par l'approximation normale qui ne serait pas acceptable ici, l'effectif étant trop faible. On peut constater que si les auteurs voulaient avoir une bonne sécurité pour affirmer que la probabilité de décès n'était pas trop élevée il valait mieux que le résultat observé soit 2 plutôt que 4.

Mais ce sera moins les comparaisons entre les vaccinés et les non vaccinés qui vont apporter le meilleur renseignement que l'effondrement des résultats quand le délai entre la vaccination et l'épreuve va se réduire, la vaccination ayant lieu avant.

Voici les résultats obtenus (page 10892 colonne 2 ; en raison de leur importance j'ai reproduit le passage en anglais en annexe II) :

 

1- dose élevée de monkeypox 30 jours après la vaccination : protection complète.

 

2- dose plus modérée 10 jours après la vaccination : protection complète.

 

3- même dose modérée 6 jours après : virémie plus lésions mais tous les animaux survivent.

 

4- même dose modérée 4 jours après : 3 décès sur 4. La virémie et les lésions sont identiques chez les vaccinés et les témoins.

 

L'écart avec les témoins n'est pas statistiquement significatif, que l'on retienne 2 ou 4 décès chez les témoins (il n'a aucune chance de l'être en raison d'effectifs trop faibles). En revanche, la dégradation rapide des résultats quand on passe de -10 jours à -4 jours laisse craindre le pire à zéro jour et même 2 jours avant.

 

Comme l'objectif de ces études est de tester la vaccination en post-exposition on peut s'étonner que les auteurs n'aient pas présenté de résultats quand la vaccination a lieu le jour même de l'épreuve ou 2 jours avant par exemple. Le plus vraisemblable est qu'à zéro jour on aurait 4 décès sur 4, voire 2 jours avant (ce qui ne signifie pas forcément 100% de décès en ce sens que s'ils avaient pu tester 100 singes il n'y aurait pas forcément eu 100 décès). Où serait le parti-pris dans cette affaire ? D'affirmer que l'expérience n'a pas été faite puisqu'elle n'a pas été publiée ou de penser qu'elle a bien été faite mais que les résultats trop défavorables auraient conduit à ne pas les publier ? Chacun choisira ce qu'il préfère penser. Pour ma part, je doute qu'elle n'ait pas été faite...

Qu'en serait-il en effet si la vaccination avait lieu juste après la contamination ou 2 jours après ? On peut légitimement s'inquiéter. C'est pourtant ce qui fut imposé à des centaines de milliers de vrais contacts au cours de la campagne d'éradication. Voir à ce sujet mon article [16] sur les épidémies "explosives" au Bihar en 1973-74.

Voici comment les auteurs concluent leur étude (page 10893 ; colonne 1) :

« Analysis of historical records suggests that primary vaccination within 4 days after exposure to smallpox is usually protective of serious illness. Because the incubation period preceding systemic smallpox is 2 weeks, it is understandable that Dryvax administered only 4 days before an i.v. challenge would not be protective. »

Qu'on peut traduire ainsi :

« L'étude de documents historiques suggère que la primo-vaccination dans les 4 jours après exposition au virus de la variole est habituellement protectrice contre une forme  grave de la maladie. En raison d'une période d'incubation de 2 semaines précédant la variole systémique, il est compréhensible que Dryvax administré seulement 4 jours avant une épreuve intra-veineusene ne serait pas protecteur»

Il est intéressant de noter que cette protection post exposition fut affirmée avec une très grande force au cours de la campagne d'éradication comme étant protectrice,  mise en oeuvre de façon très coercitive pendant cette campagne puis incorporée comme mesure phare et contraignante de notre plan variole.  Certains, et non des moindres, en donnaient des "démonstrations" épidémiologiques et immunologiques. Ici encore ces auteurs s'efforcent de sauver le dogme en affirmant que l'absence d'efficacité s'expliquerait par l'introduction du virus-test en intraveineuse. Pourtant, on va voir qu'en réalité et contrairement à la façon dont les auteurs commentent leurs résultats, les singes témoins non vaccinés font des varioles moins graves que les singes vaccinés 4 jours avant l'épreuve

Notre plan variole publié en 2006 n'a toujours pas été modifié alors que ce sont les vaccins classiques avec virus répliquant qui ont été stockés et seraient utilisés si la variole devait revenir ...

 

5 - Par contre, quand on utilise le vaccin MVA (virus Ankara modifié) qui dérive du virus de la vaccine en ayant perdu la capacité de se répliquer, les résultats sont beaucoup plus favorables :

Tous les animaux ont survécu, un seul ayant été suffisamment gravement malade pour contraindre à le sacrifier.

Le fait que le vaccin MVA moins "vivant" que les vaccins classiques avec un virus capable de se répliquer est particulièrement intéressant et très en faveur de l'hypothèse que ce serait la rencontre des 2 virus, sauvage et vaccinal, qui déclencherait un phénomène écrasant les réactions immunitaires et non pas une injection en intra-veineuse alors que les témoins ont aussi été testés ainsi.

Que conclure ?

D'abord que le vaccin Dryvax se montre efficace dans des conditions normales d'utilisation, c'est à dire quand les animaux sont vaccinés suffisamment de temps avant l'épreuve. Ce résultat est essentiel pour valider la suite de l'expérience et montrer que c'est bien quand le test est trop rapproché de la vaccination que celle-ci se montre non seulement inefficace mais  très vraisemblablement aggravante.

Il semble bien en effet que la rencontre, à quelques jours près, du virus de la variole (ici de la variole du singe) et du virus vaccinal soit explosive quand le virus vaccinal utilisé a conservé la propriété de se répliquer, ce qui a été le cas jusqu'à la disparition de la variole. Cette rencontre provoquerait un phénomène qui écraserait la manifestation des réactions immunitaires, même si elles se produisent.

Ces résultats confirment tout à fait que ce que j'appelle « l'effet Buchwald » (voir mon article [16] ) pourrait avoir été la réalité depuis le début de la vaccination jennérienne au début du 19è siècle jusqu'au dernier cas de variole fin 1977 et que ce serait ce phénomène qui aurait provoqué les désastres reconnus par le directeur à l'OMS du programme d'éradication Donald Henderson et qui conduisirent le programme d'éradication au bord de l'échec (voir aussi un autre article [9]).

 

Mais il n'y a pas que le nombre de décès à prendre en compte, il y a aussi les conditions de ces décès et la gravité des signes cliniques. Voici des données publiées par Earl (tableau 1 page 10 892). Elles donnent les nombres mesurant les lésions pour les 6 singes témoins, les 4 singes vaccinés avec Dryvax ou MVA, 10, 6 et 4 jours avant la dose épreuve non mortelle à 100%. Les résultats ont été classés par ordre décroissant de gravité :

 

 

Délai

Témoins

10 j

6 j

4 j

10 j

6 j

4 j

Vaccin



Dryvax

Dryvax

Dryvax

MVA

MVA

MVA

1- Lésions

> 1188

0

109

> 1800

125

625

389

2- Lésions

871

0

70

>1541

30

157

364

3- Lésions

798

0

21

> 1093

15

16

197

4- Lésions

463

0

18

303

0

10

41

5- Lésions

277

 

 

 

 

 

 

6 - Lésions

263

 

 

 

 

 

 

 

Premier constat :

On ne peut nier l'efficacité du vaccin Dryvax à -10 jours et même à -6 jours sur ce critère.

Second constat :

Si on compare les lésions chez les témoins et les vaccinés 4 jours avant l'épreuve on constate que la valeur la plus élevée est 1188 chez les témoins contre 1800 chez les vaccinés ; que la seconde valeur est 871 chez les témoins contre 1541 chez les vaccinés, 798 contre 1093 pour la troisième valeur. La valeur la plus faible chez les témoins est 263 contre 303 chez les vaccinés. La moyenne de ces 6 valeurs chez les témoins est 643 contre 1184 chez les vaccinés : sur ce critère l'avantage paraît être très nettement en faveur des témoins. Si on retient seulement les 4 premiers témoins (avec les résultats les moins favorables), la moyenne est 830 qui est encore nettement inférieure à celle des vaccinés.

Troisième constat :

Si on observe l'évolution des résultats de -10 à -4 jours chez les 4 singes vaccinés on ne peut que constater leur dégradation rapide, tout particulièrement entre -6 et -4 jours  où les valeurs passent de 109 à 1800, de 70 à 1541, de 21 à 1093 et de 18 à 303 alors qu'elles sont toutes nulles à -10 jours.

Cette dégradation brutale laisse craindre le pire si on testait 2 jours après, à plus forte raison le jour même ou 2 si on vaccinait 2 jours APRÈS la dose épreuve.

Quatrième constat :

Le vaccin MVA plus atténué que le Dryvax se montre nettement moins efficace que lui à -10 jours et à -6 jours pour l'importance des lésions. Par contre, les résultats sont nettement moins défavorables à 4 jours qu'avec Dryvax. Cette inversion des résultats entre les 2 vaccins paraît très en faveur de l'hypothèse que ce serait la capacité de réplication du virus de la vaccine qui précipiterait les conséquences délétères de la vaccination dans ces conditions.

Pour ce vaccin MVA on peut aussi constater une augmentation du nombre des lésions quand le délai se réduit : les moyennes du nombre de lésions étant successivement 43, 202 et 248. Pour Dryvax elles sont 0, 55 et plus de 1185.

 

La virémie

Les auteurs donnent aussi un autre critère, celui de la virémie mesurée par un nombre. A -10 jours avec Dryvax ce nombre est inférieur à 5000 pour les 4 singes testés. Par contre, il atteint 196,4 millions pour l'un des 4 singes testés à -4 jours. C'est le record : même avec une dose mortelle, ce nombre ne dépasse pas 140 millions chez l'un des 4 témoins tout en ne dépassant pas 30 millions pour les 3 autres. La moyenne de la virémie est 52,73 millions chez les vaccinés à -4 jours contre 37,92 millions chez les témoins.

 

Ce critère confirme la moindre efficacité du vaccin MVA par rapport à Dryvax : à -10 jours les 4 valeurs sont inférieures à 5000 avec Dryvax contre seulement 2 avec MVA, les autres étant 77000 et 700 000 ; à -6 jours, si 2 singes sont à moins de 5000 pour les 2 vaccins, Dryvax donne 29000 et 60000 pour les 2 autres contre 130 000 et 620 000 pour MVA ; à -4 jours l'inversion entre les 2 vaccins se confirme, les 4 valeurs pour Dryvax étant 196,4 millions, 8,92 millions, 4,42 millions et 1,19 millions contre 3,54 millions, 1,132 millions, 700 000 et 666 000 pour MVA.

La virémie après des doses mortelles à 30 jours et 10 jours confirme la moindre efficacité de MVA dans ces conditions.

En conclusion, ces résultats sont très en faveur de la réalité de l'effet Buchwald avec le vaccin Dryvax ou plus généralement tous les vaccins utilisés pendant la campagne d'éradication et auparavant. Constatons aussi que les auteurs affirment que les lésions et la virémie étaient identiques à -4 jours chez les témoins et les vaccinés ?

Les auteurs se montrent donc particulièrement complaisants avec la vaccination en affirmant que les singes vaccinés 4 jours avant l'épreuve résistent aussi bien que les témoins ! On ne peut se contenter de parler d'absence d'efficacité. NON ! Il y a aggravation, cela parait très clair, d'autant plus clair d'ailleurs que les auteurs se sont bien gardés de publier des résultats quand la vaccination a lieu 2 jours avant ou le jour même de l'épreuve. Ils ont noyé les faits observés et qu'ils n'ont pu manquer d'observer car il leur a fallu compter à la main les lésions sur ces petits singes. En écrivant "il est compréhensible que .." ce serait le test en intraveineuse qui serait responsable de cette absence d'efficacité, c'est un peu se moquer du monde ! 

Primo-vaccination et rappels

Il faut noter que dans ces expériences sur des animaux il s'agit de primo-vaccinations. Que se passerait-il si la vaccination en post-exposition était un rappel  d'une autre plus ancienne ?

 

Citant une publication de 2003 (Mortimer-Henderson  [11]), les auteurs veulent penser que cette vaccination aurait été efficace quand il s'agissait d'une revaccination chez des personnes précédemment immunisées. On pourrait alors se demander si cette revaccination était vraiment utile. Voir les citations en annexe III.

 

Je voudrais leur suggérer de faire l'expérience suivante : en revaccinant peu après le test d'épreuve des animaux dont on sait qu'ils sont protégés par une vaccination un peu plus ancienne. Les auteurs verront alors si la protection se maintient ou si les animaux font malgré tout la maladie comme l'hypothèse Buchwald le propose et que de nombreux faits le suggèrent comme je l'ai exposé dans un autre article [9].

Il n'est d'ailleurs pas impossible ni impensable qu'elle ait été faite. Vu les interrogations que les experts se posent publiquement sur l'efficacité de la vaccination des contacts, il faudrait qu'ils soient manchots pour ne pas avoir cherché à la faire. Si les résultats avaient été favorables à la vaccination, ils auraient été publiés et les Comités consultatifs OMS en auraient fait mention.

 

 

Il faut modifier notre plan variole

Notre plan variole [10] rend obligatoire (décret du 3 avril 2003 [15]) la vaccination des personnes déclarées contacts d'un cas de variole selon une définition précise. Pour les contacts classés de haut niveau aucune contre-indication ne doit être retenue. Le moins que l'on puisse dire est qu'il faudrait être vraiment sûr de l'efficacité de la vaccination antivariolique dans ces conditions alors que les effets secondaires de cette vaccination peuvent être redoutables (encéphalite par exemple). Or rien de tel. Ces dispositions ont été prises en s'appuyant sur la stratégie utilisée au cours de la campagne d'éradication, son succès paraissant valider la vaccination des contacts, oubliant un peu vite que la stratégie de surveillance-endiguement qui incluait la vaccination des contacts avait  souvent été suivie de flambées de variole reconnues comme étant explosives, inattendues et sans précédent  (voir mon autre article [9]).

Voir aussi la circulaire du 29 avril 2003 [14].

Constatant que les résultats expérimentaux sont très en défaveur de la vaccination des contacts, les auteurs des études expérimentales sur des animaux recommandent plutôt les antiviraux et les injections d'anticorps (Par Staib [5] p.2919 ; col.2 ) :

  «Modalities other than vaccination could be more suitable for post-exposure treatment, as suggested by the use of antiviral drugs in the macaque–monkeypox model ( Stittelaar et al. , 2006 ) or the therapeutic application of VACV-specific antibodies »

→  «  D'autres modalités que la vaccination pourrait être plus appropriées pour le traitement après exposition, comme le suggère l'utilisation de médicaments antiviraux dans le modèle macaque-simien (Stittelaar et al. , 2006  ) ou l'utilisation thérapeutique des anticorps spécifiques VACV »

ADDITIF du 11 avril 2013

 

Le 2 avril 2013, le HCSP (Haut Conseil de santé publique) a publié un avis [19] relatif à la révision du plan variole datant d'août 2006. Il reconnaît les risques liés aux vaccins de première et seconde générations et recommande de s'orienter vers le vaccin MVA dit de troisième génération ainsi que vers les antiviraux :

« compte tenu des risques d’évènements secondaires et de la fréquence des contre-indications liés aux vaccins de 1ère et de 2e génération, le Haut Conseil de la santé publique préconise une stratégie basée essentiellement sur les vaccins de 3e génération et les antiviraux dès lors que ceux-ci seront réglementairement utilisables. »

En attendant, il reste nécessaire de maintenir et de réévaluer le stock de vaccins de première génération estime encore le HCSP.

FIN de l'additif.

 

Avis récents des experts mondiaux sur la vaccination des contacts

Voici les appréciations qui ont été formulés fin 2010 par des comités d'experts sur les études expérimentales qui ont été conduites entre 1999 et 2010.

Par le Comité consultatif d'experts de l'OMS  réuni fin 2010 pour porter une appréciation sur les recherches menées depuis 1999 sur le virus de la variole [3] :

Page 30

« Pour se préparer à une flambée potentielle de variole, il faut élaborer des stratégies de vaccination thérapeutique efficaces, par exemple la vaccination après exposition »

Notons le ''il faut élaborer...'' qui tranche singulièrement avec les certitudes affichées par Henderson et l'OMS au cours et après la campagne d'éradication. Si l'efficacité de cette vaccination dans ces conditions était avérée il n'y aurait rien à élaborer.

Par le comité d'experts indépendants réuni fin 2010 sur le même thème [2] :

Page 11

« Actuellement, les vaccins dont on a le plus de chances de disposer pour réagir dans l’urgence à une flambée de variole sont des vaccins vivants produits en culture cellulaire avec ou sans purification par la méthode des plages, mais ils sont à base de virus de la vaccine parfaitement capables de se répliquer.

« Si une flambée de variole éclate, il faudra procéder à des vaccinations après exposition, mais des travaux sont encore nécessaires pour valider cette stratégie. Ce point n’est que brièvement évoqué dans ce chapitre*, peut-être en raison de la rareté des données. »

On pouvait penser que cette stratégie avait été parfaitement validée par le succès qui lui est attribué dans la campagne d'éradication. Ce n'est visiblement pas leur avis.

Quant à la rareté des données, on est en droit de s'étonner : dans les dernières années de la campagne il y a eu beaucoup de contacts vaccinés. En Inde par exemple les équipes restaient sur place pendant 3 semaines voire plus et faisaient des rapports sur leurs activités. Les archives de l'éradication représentent près de 700 000 pages disponibles aux historiens et chercheurs et qui auparavant avaient été suivies de près et au jour le jour par Henderson et son équipe à Genève.

* Il s'agit du chapitre 1 de l'analyse scientifique sur les recherches sur le virus de la variole [1] et que ce comité est chargé d'examiner.

« L’analyse scientifique évoque la possibilité d’utiliser la vaccination après exposition pour des interventions à visée thérapeutique, mais les données relatives à cette méthode prometteuse restent limitées . » 

Des restrictions aussi considérables sur cette mesure phare et alors que la vaccination de masse avait échoué en disent long sur les incertitudes qui demeurent quant à la véritable action de cette vaccination des contacts au cours de la campagne d'éradication … 

Mais ces restrictions n'empêchent pas les chercheurs qui ont rédigé le document ''Analyse scientifique des recherches sur le virus de la variole - 1999-2010'' [1] d'affirmer : 

Page 3 

« 1.2 Histoire de la vaccination antivariolique

La variole est la seule maladie humaine qui ait été éradiquée à la suite d’une campagne mondiale de vaccination et cette réalisation reste l’un des plus grands triomphes de la science médicale moderne. »

Page 4

« L’éradication de la variole constitue à ce jour le succès le plus important remporté par l’OMS et ce résultat montre qu’une prophylaxie fondée sur la vaccination de masse peut permettre d’éradiquer des maladies infectieuses. »

Il est facile de démontrer que la vaccination de masse a été un échec parfaitement reconnu. Pour faire court et simple, il suffit de citer le Rapport final de la Commission mondiale pour la certification de l'éradication, page 32, document maintenant en ligne  [17]:



« 8.2.4 Succès et échecs

Les campagnes d'éradication reposant entièrement ou essentiellement sur la vaccination de masse furent couronnées de succès dans quelques pays mais échouèrent dans la plupart des cas. »



Ils le savent évidemment parfaitement. Ils en apportent d'ailleurs la preuve en poursuivant  ainsi :

« La politique de vaccination mise en œuvre à l’échelon mondial dans le cadre de ce programme mettait l’accent sur la surveillance de la maladie et a consisté notamment à adopter la méthode de vaccination en anneaux pour éviter la transmission interhumaine et endiguer les épidémies de variole. On pouvait ainsi identifier les nouveaux cas de variole, les mettre en quarantaine, puis vacciner les personnes en contact étroit avec les sujets infectés et les mettre également en quarantaine.

Cette politique a permis d’éradiquer la variole »

Il est plutôt amusant de constater qu'ils classent dans la politique de vaccination la surveillance de la maladie, l'identification des nouveaux cas, la recherche des contacts, la mise en quarantaine des cas et des contacts !!!

Page 9

« Vaccination après exposition :

La vaccination après exposition à une infection par le virus variolique pourrait réduire efficacement le nombre de victimes de la variole (Mortimer, 2003)*. Plusieurs études ont été consacrées à l’évaluation de cette possibilité en utilisant des modèles animaux. La plupart de ces études sont arrivées à la conclusion que le vaccin devrait être administré au plus tard un à deux jours après exposition à un poxvirus virulent pour protéger le sujet contre une issue fatale (Staib et al., 2006 ; Samuelsson et al., 2008 ; Paran et al., 2009)**. Fait intéressant, le vaccin MVA a suscité une réponse protectrice plus rapide que la souche NYCBH chez un modèle soumis à une infection d’épreuve par un orthopoxvirus simien, probablement en raison de la dose plus élevée utilisée dans cet essai (Earl et al., 2008). »

** J'ai décrit auparavant les résultats publiés par Staib en 2006 ainsi que Earl et al en 2008. Ils sont encore moins favorables que ce qui est affirmé ici. En fait, c'est uniquement avec le vaccin MVA, jamais utilisé au cours de la campagne d'éradication, que des résultats plus favorables ont été obtenus. Il n'est nullement évident que ce soit en raison de doses plus élevées mais plutôt parce que le virus vaccinal étant plus atténué il ''exciterait'' moins le virus variolique quand ils se rencontrent.

Page 10

« Notre connaissance des paramètres immunologiques qui sont en corrélation avec la protection contre les poxvirus virulents est encore limitée, mais elle a progressé au cours des dernières années et elle pourrait nous permettre d’établir des critères sur la base desquels comparer les vaccins classiques aux vaccins antivarioliques de nouvelle génération (Putz et al., 2006 ; Kennedy et al., 2009). »

Cela établit de la manière la plus claire que les raisonnements immunologiques d'ailleurs fort simplistes ''démontrant'' l'efficacité de la vaccination des contacts dans les 4 jours qui suivaient le contage étaient sans valeur.



"Succès" de la vaccination des contacts selon Henderson-Mortimer (2003)

Henderson qui a dirigé le programme d'éradication de la variole à l'OMS fut un remarquable chef de guerre. Il a su animer le programme, stimuler la motivation des Etats et des équipes sur le terrain. Sans lui, sans son dynamisme et son énergie la variole n'aurait peut-être pas été vaincue. Il fut l'homme de la situation, à moins que ce soit la situation très difficile qui ait forgé l'homme. Mais il fallait qu'il en ait le potentiel.

Un chef de guerre, un formidable animateur, oui. Un scientifique, non, comme cela se vérifie dans sa co-publication de 2003. La façon dont il prétend y démontrer l'efficacité de la vaccination des contacts quand celle-ci est pratiquée dans les 3-4 jours qui suivent le contage pourrait faire sourire ou inquiéter vu les immenses responsabilités qui furent les siennes. Voyons plutôt :

 

Cette publication [11] est intitulée

« Can Postexposure Vaccination against Smallpox Succeed ? »

{ la vaccination anti-variolique en post-exposition peut-elle réussir?}


Notons d'abord que cette publication a été réalisée AVANT les premières publications sur les expériences animales.

Pour en apporter une preuve qu'ils voudraient sans doute décisive les auteurs vont chercher 101 échecs de cette vaccination des contacts qui avaient été enregistrés à Glasgow en 1901-1902 !!! A première vue c'est pour le moins surprenant de vouloir s'appuyer sur des échecs pour démontrer que ça marche ! De plus, s'appuyer sur des données datant de 1901 plutôt que sur celles collectées au cours de la campagne d'éradication dirigée par Henderson est encore plus surprenant.

Rappelons à ce sujet que les archives de l'éradication représentent près de 700 000 pages, que les équipes restaient sur place pendant 3 semaines dans les villages infectés, qu'elles étaient surveillées, qu'elles établissaient des rapports transmis à l'OMS, que la vaccination des contacts ainsi que leur surveillance étaient systématiques et que tout cela devrait représenter une masse d'informations d'où la vérité devrait pouvoir sortir.

Mais quelle vérité, c'est là tout le problème ...

 

Voici d'abord le tableau donnant le nombre de cas apparus selon le nombre de jours après le contage. Ainsi 13 cas sont apparus 4 jours après la contamination.



Durée

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

1

11

12

Cas

1

1

1

4

13

11

6

17

20

7

3

11

6



Henderson observe qu'il y a eu peu de cas apparus dans les 3 premiers jours qui suivent le contage (7 sur 101) et qu'il y en a eu beaucoup plus ensuite. Il veut y voir une preuve de l'efficacité de la vaccination pratiquée. Il n'hésite pas à écrire :

« Cela suggère qu'une vaccination post-exposition précoce ( dans les 0-3 jours de la période d'incubation) était hautement protectrice »

 

Mais comment font-ils pour connaître le jour de l'exposition ?

C'est simple : ils connaissent la durée écoulée entre la vaccination et l'apparition de la variole, par exemple 8 jours. Alors ils font 12-8=4 qui sera le nombre de jours depuis cette exposition. Ils se fondent pour cela sur la durée moyenne de l'incubation qui a été estimée à 12 jours. Mais elle est variable et les extrêmes sont estimés à 7-17 jours, la durée se situant le plus souvent entre 10 et 14 jours.

En conséquence, il est tout à fait possible qu'une partie des cas classés à 4 jours puissent être à 6 jours comme le voudrait Henderson. Mais ils peuvent aussi bien être à 2 jours.

 

Un autre argument vient lézarder l'argumentation d'Henderson :

Son raisonnement suppose implicitement qu'un contact pourra être découvert et vacciné le jour même de l'exposition, le lendemain ou 6 jours après avec la même probabilité. C'est évidemment faux car avant de trouver le contact il faut découvrir le cas et cela se faisait presque toujours avec un certain délai. Ainsi, il était plus probable de vacciner un contact 5 jours après le contage que le lendemain.

 

Et si la vaccination des contacts accélérait l'incubation ?

Voici le tableau des durées entre la vaccination et l'apparition de la maladie. Ce sont donc des données observées et non pas fabriquées comme précédemment :



Durée

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

1

11

12

Cas

6

11

3

7

20

17

6

11

13

4

1

1

1



On voit que ces données ne sont nullement incompatibles avec une accélération de la phase d'incubation : 47 sur 101 apparaissent dans les 5 premiers jours après la vaccination dont 6 le jour même.

Quand le virus de la variole voit arriver son cousin le virus de la vaccine et que celui-ci est encore suffisamment dynamique pour disposer de la capacité de se répliquer il n'est pas déraisonnable d'envisager qu'ils fassent joyeusement la fête ensemble au détriment de l'hôte qui les accueille tous les deux.

Une telle idée n'est nullement incompatible avec ''l'effet Buchwald'' (voir [9] et [16]) bien au contraire et apporterait une orientation pour expliquer les résultats très négatifs des expérimentations animales alors que les résultats sont moins défavorables avec un virus-vaccin plus atténué comme le MVA.

D'ailleurs en appendice de sa publication, Henderson apporte des données historiques sur la durée d'incubation qui auraient été obtenue par des observations directes et non par un calcul douteux.

Durée d'incubation pour 18 cas :

 

Durée

5

6

8

9

10

11

12

13

Cas

1

1

3

1

2

5

4

1

 

La moyenne pour ces 18 cas est exactement 10 jours.

 

Un auteur, Curschman, signale 1 cas à 5 jours

Un autre, Zuelzer signale 9 cas de variole hémorragique avec 6-8 jours.

Pour tous ces cas il n'est pas indiqué s'ils avaient été ou non vaccinés quand on les avait découverts comme contacts. Cela reste vraisemblable car c'était l'habitude depuis que la vaccination existait. On aurait là une indication sur la possible réduction de la durée de l'incubation sous l'effet de la vaccination en post-exposition.

 

Pour conclure, laissons le mot de la fin à Henderson :

 

Page 628 colonne 1 :

"When postexposure vaccination failed to prevent disease, it would have  seemed less effective in attenuating disease than it probably was, because the assumed date of exposure was later than the true date of  exposure."

 

"Si la vaccination "post-exposition" a échoué pour prévenir la maladie, et parait  moins efficace pour atténuer  la maladie que cela n'était probable,  c'est parce que la date présumée de l'exposition était postérieure à la date réelle de l'exposition."  CQFD !

Page 627 colonne 1:

«  The efficacy of this postexposure vaccination remains inadequately documented, even though it was practiced for at least 150 years, from Jenner’s time up to the 1970s. »

« L'efficacité de cette vaccination en post-exposition reste insuffisamment documentée, même si elle a été pratiquée pendant au moins 150 ans, depuis l'époque de Jenner jusqu'aux années 70 »

 

Liens des références

Documents OMS :

[1] http://whqlibdoc.who.int/hq/2010/WHO_HSE_GAR_BDP_2010.3_fre.pdf

[2] http://whqlibdoc.who.int/hq/2010/WHO_HSE_GAR_BDP_2010.4_fre.pdf

[3] http://whqlibdoc.who.int/hq/2010/WHO_HSE_GAR_BDP_2010.5_fre.pdf

On peut observer qu'il suffit de remplacer le 3 par 4 ou 5 dans l'adresse pour passer de l'un à l'autre.

Résumé de l'étude de Stittelaar :

[4] http://www.nature.com/nature/journal/v439/n7077/abs/nature04295.html

Étude de Staib (en pdf) :

[5] http://vir.sgmjournals.org/content/87/10/2917.full.pdf

Pour accéder à une traduction Google (avec ses limites …) taper Staib al., 2006 smallpox puis demander la traduction .

[5 bis] http://vir.sgmjournals.org/content/87/10/2917.full

Sur les nouveaux vaccins antivarioliques (Rosenthal) :

[6] http://wwwnc.cdc.gov/eid/article/7/6/pdfs/01-0602.pdf

Étude de Earl et al. :

[7] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2495015/pdf/zpq10889.pdf

Le vaccin Dryvax :

[8] http://en.wikipedia.org/wiki/Dryvax

La vaccination des contacts au cours de la campagne d'éradication (mon article) :

[9] http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2011/09/26/22157871.html

Plan variole :

[10] http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_variole_2006-2.pdf

Mortimer-Henderson 2003 :

[11] http://cid.oxfordjournals.org/content/36/5/622.full.pdf   

Étude de Samuelsson : 

[12] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2289795/pdf/JCI0833940.pdf

 [13]  Fenner and all Smallpox and its Eradication – 1988

Il est en ligne par chapitre. L'adresse de la présentation  :

http://whqlibdoc.who.int/smallpox/9241561106.pdf 

qui donne les liens vers les 31 chapitres et leurs pages (1421 pages !!!)

Ce lien est cassé. A remplacer par http://apps.who.int/iris/handle/10665/39485

 Pages 64-65 du chapitre 1 il y a un passage sur la vaccination des contacts :

« vaccination must also be discussed as a form of prophylactic treatment, for it also modified the progress of the disease in persons vaccinated during the first few days of the incubation period." 

 [14] http://nosobase.chu-lyon.fr/Reglementation/2003/Circulaire/290403.pdf

[16] Epidémies "explosives" au Bihar en 1973-74 :

 http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2012/02/03/23430717.html

[17] http://whqlibdoc.who.int/publications/a41464_fre.pdf

[18] Mes vidéos sur la variole : http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2013/04/04/26834641.html

http://www.hcsp.fr/explore.cgi/telecharger/hcspa20121221_planluttevariole.pdf

[19]  http://www.hcsp.fr/explore.cgi/telecharger/hcspa20121221_planluttevariole.pdf

[20] http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspa20121221_planluttevariole.pdf

 [21]  http://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/WHA64/A64_17-fr.pdf rapport du Secrétariat OMS (2011)

Annexe I

 

Par Staib [5] p.2919 col.1

→ «  The question arose whether standard vaccines based on replication-competent VACV would protect better than immunizations with the non-replicating MVA vaccine. »

«  Pourtant, la question se pose de savoir si les vaccins classiques VACV avec réplication protégerait mieux que les vaccinations avec le vaccin MVA non répliquant. »

→ « Only inoculations of MVA vaccine within 3 h of challenge resulted in significant protection of all animals but did not prevent the onset of substantial disease symptoms  »  

→  « Seulement avec le  vaccin MVA, les inoculations dans les 3 heures après l'épreuve ont entraîné une protection significative de tous les animaux  mais sans  prévenir la manifestation des principaux symptômes de la maladie » 

Page 2919 col. 2 :

→  « Yet, we again failed to observe short-term protective capacity of the VACV Elstree immunizations »

→  « Pourtant, nous échouerons de nouveau pour observer en pré-exposition proche une capacité protectrice de la vaccination par le virus de la vaccine VACV Elstree » 

Page 2919 col. 1 :

 →  « There exists anecdotal information from which it is suggested that prompt vaccination of individuals exposed to Variola virus might have prevented severe smallpox disease (Fenner et al., 1988Mortimer, 2003).

→  « Il existe des données anecdotiques à partir des quelles il est suggéré que la prompte vaccination  des personnes exposées au virus de la variole pourrait les avoir  protégées des formes sévères de la variole ( Fenner et al, 1988.  [13] ; Mortimer, 2003  [11] )

 

*Vaccin MVA

Steven R. Rosenthal - ''Developing New Smallpox Vaccines'' [6] - page 922 :

« Similarly, the Modified Vaccinia Ankara was derived from the Ankara Vaccinia strain and is one of the most highly attenuated strains. With >570 passages in chicken embryo fibroblasts, it is host restricted and unable to replicate in human and other mammalian cells. Pock lesions did not form at the site of inoculation, and no adverse reactions were observed in clinical trials in persons at high risk with skin lesions »

Cet auteur mentionne aussi que le vaccin MVA avait été utilisé pour vacciner plus de 120 000 personnes en Turquie et en Allemagne, mais que son efficacité réelle contre la variole était inconnue.



Annexe II  

Voici l'extrait de l'étude de Earl et al. [7] sur l'expérimentation avec le vaccin Dryvax (p.1 0892; col. 2) :

Using Dryvax as the standard, we found that complete protection against the high dose occurred when the animals were challenged at thirty days after vaccination, as judged by absence of viremia or skin lesions.

With a dose of 5x10^6 pfu, complete protection was achieved when the animals were challenged at 10 days after Dryvax.

After a day 6 challenge, viremia was detected and all monkeys developed skin lesions although all survived.

However, when the monkeys were challenged at 4 days after Dryvax, only one of four animals survived compared with four of six controls, and viremia and skin lesions were similar to the controls.

 

The picture was somewhat different with MVA.

 

On the one hand, the animals all survived when challenged only 4 days after vaccination and only a single animal in the entire study became seriously ill and had to be killed

 

Annexe III

 

Par Staib [5] p.2919 ; col.2 

  « Moreover, past sources of information on post-exposure vaccination seem to indicate that it could be mainly revaccination of previously immunized individuals that successfully prevented smallpox ( Mortimer, 2003 ) ».

→  « Par ailleurs, des sources d'information anciennes sur la vaccination en post-exposition semblent indiquer qu'il pourrait s'agir essentiellement de la revaccination de personnes déjà immunisées qui réussissait à prévenir la variole ( Mortimer, 2003  [11] ). »

 →  « However, our overall data also suggest that the practicability of post-exposure vaccination against smallpox might be limited, at least in the context of naïve individuals or a harsh respiratory infection. »

→  «  Cependant, nos données suggèrent également que la praticabilité de la vaccination post-exposition contre la variole pourrait être limitée, au moins dans le contexte de personnes naïves ou d'une infection respiratoire sévère. » 

 

  «This assumption is corroborated by the recent finding of limited efficacy of smallpox vaccination given 24 h after a lethal intratracheal infection of cynomolgus macaques with Monkeypox virus ( Stittelaar et al. , 2006  ). »

  « Cette hypothèse est corroborée par la découverte récente d'une efficacité limitée de la vaccination antivariolique administré 24 h après une infection mortelle intratrachéale de macaques cynomolgus avec le monkeypox virus (Stittelaar et al., 2006   [4]) ».

 

Par Samuelsson [12] (page 1782 col.1)

→  « The WHO recommendation in cases of smallpox infection includes vaccination as quickly as possible after exposure. However, there exists only anecdotal historical information about the success of postexposure vaccination against smallpox, and in most cases, the prevaccination status of the individuals was not clear (Fenner-Henderson 1988 ; Mortimer-Henderson 2003). Moreover, in animal models, no significant survival benefit to postexposure vaccination was observed using as infection models either MPXV in monkeys or VACV in mice (Stittlelaar ; Staib). »

→  « Les recommandations de l'OMS en cas de contamination par la variole incluent la vaccination aussi prompte que possible après l'exposition. Cependant, il existe des données anecdotiques sur la réussite de la vaccination antivariolique en post-exposition, et dans la plupart des cas, le statut des individus avant vaccination n'était pas clair (Fenner-Henderson 1988 [13] ; Mortimer-Henderson 2003 [11]). En outre, dans les modèles animaux, aucun bénéfice significatif avec des survivants n'a été observé en utilisant des modèles infectants, soit chez des singes avec le monkeypox ou chez la souris (Stittelaar  [4]; Staib [5])

 

 

Annexe IV

Voici le résumé de l'étude de Stittelaar [4]

Antiviral treatment is more effective than smallpox vaccination upon lethal monkeypox virus infection

 

There is concern that variola virus, the aetiological agent of smallpox, may be used as a biological weapon. For this reason several countries are now stockpiling (vaccinia virus-based) smallpox vaccine. Although the preventive use of smallpox vaccination has been well documented, little is known about its efficacy when used after exposure to the virus.

Here we compare the effectiveness of  post-exposure smallpox vaccination and  antiviral treatment with either cidofovir (also called HPMPC or Vistide) or with a related acyclic nucleoside phosphonate analogue (HPMPO–DAPy) after lethal intratracheal infection of cynomolgus monkeys (Macaca fascicularis) with monkeypox virus (MPXV). MPXV causes a disease similar to human smallpox and this animal model can be used to measure differences in the protective efficacies of classical and new-generation candidate smallpox vaccines2.

We show that initiation of antiviral treatment 24 h after lethal intratracheal MPXV infection, using either of the antiviral agents and applying various systemic treatment regimens, resulted in significantly reduced mortality and reduced numbers of cutaneous monkeypox lesions.

In contrast, when monkeys were vaccinated 24 h after MPXV infection, using a standard human dose of a currently recommended smallpox vaccine (Elstree-RIVM), no significant reduction in mortality was observed.

When antiviral therapy was terminated 13 days after infection, all surviving animals had virus-specific serum antibodies and antiviral T lymphocytes. These data show that adequate preparedness for a biological threat involving smallpox should include the possibility of treating exposed individuals with antiviral compounds such as cidofovir or other selective anti-poxvirus drugs.

 

compte tenu des risques d’évènements secondaires et de la fréquence des contreindications liés aux vaccins de 1ère et de 2e génération, le Haut Conseil de la santé publique
préconise une stratégie basée essentiellement sur les vaccins de 3e génération et les antiviraux
dès lors que ceux-ci seront réglementairement utilisables.

Le 2 avril 2013, le HCSP (Haut Conseil de santé publique) a publié un avis [19] relatif à la révision du plan variole datant d'août 2006. Il reconnaît les risques liés aux vaccins de première et seconde générations et recommande de s'orienter vers le vaccin MVA dit de troisième génération ainsi que vers les antiviraux :

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Commentaires
B
Adjuvant, je vous réponds seulement aujourd'hui, désolé !<br /> <br /> L'affaire de Lübeck n'a rien à voir avec l'effet Buchwald appliqué au BCG : à Lübeck, la contamination fut accidentelle, une erreur entre 2 fioles dans le frigo.<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre, il fut très tôt affirmé qu'il fallait éviter de vacciner une personne déjà contaminée par le BK. C'est ce qui fut à l'origine du test tuberculinique préalable. Cette propriété défraya la chronique à l'époque. En particulier elle fut à l'origine de l'article 9 du décret d'application du BCG qui stipulait qu'avant de vacciner un enfant vivant en milieu contaminé il fallait d'abord l'en soustraire pendant 2 mois puis lui faire un test pour ne le vacciner que s'il était négatif.<br /> <br /> <br /> <br /> Cette propriété (le BCG favorise la tuberculose s'il est pratiqué sur une personne infectée) fut établie expérimentalement sur des animaux dont des bovins. D'ailleurs ce furent Calmette et Guérin qui exigèrent le test préalable. Elle fut par la suite déclarée fausse sur la foi de statistiques sur l'enfant mais où on mélangeait des enfants contaminés avant ou après la vaccination (à au moins 1 mois près) avec des enfants qui ne seront exposés que plus tardivement.<br /> <br /> <br /> <br /> Aujourd'hui on recommande en France la vaccination à la naissance d'enfants qui seront exposés peu de temps après, ce qu'aucun médecin n'aurait osé faire dans les années 50.
Répondre
A
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Buchwald étant allemand devait particulièrement bien se souvenir du désastre de Lübeck. Le tribunal avait finalement conclu à une contamination accidentelle, écartant la suspicion d'un réveil d'une infection latente ou intercurrente via le vaccin. Cette suspicion semble toutefois - à tort ou à raison ? - avoir perduré jusque dans les années 1960 cf p.399 de ce document comparant les campagnes de vax / BCG et variole en inde http://www.scielosp.org/pdf/csc/v16n2/v16n2a04.pdf
Répondre
A
"Arestvyr has never been tested against smallpox in people, he says, and tests in monkeys were not done in the later stages of the disease when symptoms develop and when people would be treated." <br /> <br /> <br /> <br /> Qu'il n'ait pas été testé sur des humains on le comprend bien ; qu'il n'ait pas été testé chez les singes après l'apparition des symptômes peut être compris de deux façons : soit- et c'est l'option de tous (?) les commentateurs on y voit une coupable négligence, soit, bien au contraire, on y perçoit, une très juste économie en accord avec les récentes données de la recherche. Puisque les vaccins en post exposition sont soit inutiles soit dangereux, il était utile de disposer d'un antiviral à utiliser immédiatement en situation de crise.
Répondre
A
La récente commande par les autorités américaines d'un médicament coûteux, l'Arestvyr , est peut-être une reconnaissance implicite de l'effet Buchwald ?<br /> <br /> <br /> <br /> http://anthraxvaccine.blogspot.fr/2013/03/wary-of-attack-with-smallpox-us.html<br /> <br /> <br /> <br /> Peut-être devriez-vous faire connaître vos réflexions à Merryl Nass. Bien informée de tout ce qui touche au vaccin contre l'anthrax - http://anthraxvaccine.blogspot.fr/2012/02/my-submission-to-presidential_8771.html - elle ne semble pas soupçonner les effets d'une vaccination variolique en post exposition.
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