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La Question des Vaccins
27 avril 2009

Analyser la communication : une méthode de travail fructueuse

Application de la méthode au décès par rougeole en France

L'objectif de cet article est de montrer comment il est possible d'arriver à des conclusions intéressantes en analysant la communication faite sur une affaire de santé. L'exemple choisi est la communication sur le décès par rougeole survenu fin janvier 2009 en France.

La communication sur ce décès par rougeole peut laisser très perplexe  : bien qu'on ne nous ait rien dit sur les conditions et causes de ce décès (ce qui peut être tout à fait normal car elles appartiennent à la famille que l'on peut respecter), il a été aussitôt exploité pour booster la campagne de vaccination contre la rougeole et culpabiliser les parents qui ne font pas faire ce vaccin, c'est à dire le ROR.

Cette instrumentalisation d'un événement familial malheureux donne alors à tous et à chacun le droit et le désir d'en savoir un peu plus. L'enfant avait-elle été vaccinée ou pas ? Et si non, pour quelles raisons ? Opposition de la famille, négligence, contre-indication, autant de questions restées sans réponses et dont nous pourrions accepter qu'elle soient sans réponse pour nous.

Mais si les autorités veulent utiliser de tels événements pour justifier des objectifs de campagne de vaccination, elles devraient d'abord nous informer sur ces conditions qui pourraient changer considérablement l'interprétation.

Or, la communication sur ce décès a donné lieu à des non-dits et des incohérences qui interpellent fortement. L'ensemble de cette communication conduit à penser que soit cette enfant était vaccinée soit elle avait une sérieuse contre-indication au vaccin.

J'ai rassemblé ci-dessous les éléments qui conduisent à conclure ainsi.

Il s'agira du même coup  de peaufiner une méthode de travail* pouvant permettre d'aller plus loin que les informations et affirmations directement transmises pour ceux (fort nombreux) qui n'ont pas accès à toutes les données d'une affaire (c'est mon cas).

*Avoir une méthode de travail bien rodée pourrait s'avérer utile  s'il devenait nécessaire d'y voir plus clair dans cette nouvelle affaire sanitaire déclenchée par la grippe porcine.

 

Premier constat :

Le communiqué du 30 janvier 2009 de la préfecture de Haute-Savoie annonçant le décès faisait état d'un contexte d'enfants et d'adultes non ou mal vaccinés sans indication sur le statut vaccinal du décès.

Les 3 bilans provisoires de l'InVS des 29 janvier, 13 février et 20 avril mentionnent ce décès par encéphalite mais ne disent rien sur son statut vaccinal.

Additif (1er novembre 2009) : le BEH du 20 octobre 2009 (n° 39-40) qui dresse le bilan de la rougeole en France en 2008 et au premier trimestre 2009 mentionne ce décès sans préciser son statut vaccinal.

Dans son éditorial présentant le calendrier vaccinal 2009, Daniel Floret, président du CTV, mentionne ce décès sans aucune allusion à son statut vaccinal.

Quatre ans auparavant, Daniel Floret présidait l'élaboration du plan d'élimination de la rougeole en France. Ce plan officiel formule la recommandation tactique suivante, page 9 :

« il ne faut pas manquer l’occasion de communiquer sur les épidémies récentes en France et dans les pays voisins, en citant les cas d’enfants ayant subi les méfaits de la rougeole du fait de leur statut non vacciné."

Second constat :

InfoVac France n'a rien dit sur le statut vaccinal de l'enfant alors que son jumeau en Suisse a affirmé qu'elle n'était pas vaccinée*.

Ce constat se prolonge à l'identique quand on compare sur leurs sites les grands journaux français qui n'ont pas communiqué sur le statut vaccinal de l'enfant contrairement aux journaux suisses qui ont affirmé sa non vaccination.

*Ces 2 sites avaient parlé de ce cas dans leur  rubrique Actualité dont ils ne semblent pas conserver d'archives accessibles.

 

Face à ces constats, les questions suivantes se posent :

1- Pourquoi le statut vaccinal de cette enfant est-il systématiquement occulté en France ?

2- Comment les médias suisses et InfoVac Suisse ont-ils eu connaissance de ce statut ?

3- Si cette enfant n'avait effectivement pas été vaccinée, pourquoi ce fait n'a-t-il pas été mentionné  dans les déclarations citées alors qu'il est officiellement recommandé de le faire en pareil cas dans un document élaboré sous la direction de notre actuel président du CTV qui a lui-même communiqué sur le cas ?

Étudions 2 hypothèses :

Hypothèse 1 : l'enfant était vaccinée

En pareil cas on comprend le silence côté français. La preuve étant détenue par les parents, ceux-ci pourraient lâcher le morceau en montrant les certificats, ce qui serait fâcheux pour nos institutions. Ce serait moins gênant côté suisse car la famille est française et les autorités n'étaient donc pas impliquées dans cette affaire.

 

Hypothèse 2 : l'enfant n'était pas vaccinée

Il faut alors se demander pour quelles raisons. Si c'était des opposants fermes à la vaccination, le statut vaccinal aurait certainement été communiqué en insistant même sur ce caractère d'opposants.

Si c'était par négligence les communiqués ne se seraient sans doute pas privés non plus de signaler l'absence de vaccination puisque cela est officiellement prévu.

Reste la contre-indication : l'enfant pouvait avoir une contre-indication notoire*. Inciter la population à accepter la vaccination en s'appuyant sur un décès non vacciné pour raison de contre-indication serait sans doute jugé peu propagandiste. Donc il n'était pas envisageable pour les autorités de mentionner cette contre-indication.

* Contre-indications absolues :

  • Allergie aux protéines de l'oeuf.

  • Allergie à la néomycine.

  • Déficits immunitaires congénitaux ou acquis, car il s'agit de virus vivants atténués.

Il y avait alors 2 options : soit parler seulement de la non-vaccination de l'enfant soit ne pas faire état de son statut vaccinal. Nous avons eu droit aux 2 variantes de part et d'autre de la frontière.

 

Première conclusion

Il semble qu'il n'y ait que 2 solutions permettant d'expliquer les déclarations observées en France : soit l'enfant était vaccinée soit elle avait une contre-indication sérieuse.

 

Dans ce dernier cas, on pourrait même envisager que la raison de santé interdisant la vaccination et celle qui a précipité le décès seraient une seule et même cause. Autrement dit, cette enfant pouvait être condamnée soit à connaître de graves dommages en raison du vaccin soit en raison de la maladie si elle était contaminée.

 

Si on admet qu'InfoVac Suisse n'aurait pu affirmer une contre-vérité mais seulement des demi-vérités, on peut alors opter résolument pour la contre-indication.

 

La Tribune de Genève rapporte le 5 février 2009 sur son site [3] :

 

« Et pourtant, déplore la vaccinologue Claire-Anne Siegrist, un vaccin aurait sauvé la jeune fille. »

 

Un vaccin l'aurait sauvé ? Pas si elle avait une contre-indication sérieuse...Les vaccinologues ignoreraient-ils qu'il puisse exister des contre-indications ? Imaginons par exemple qu'un autre enfant de la famille ait eu une réaction violente après son vaccin contre la rougeole et que le médecin, jugeant que la cause pourrait être génétique, pose une contre-indication ferme aux autres enfants de la fratrie. Est-ce totalement invraisemblable ? (Voir un témoignage en annexe)

 

Il devient alors possible d'avoir une autre lecture du communiqué de la préfecture : ce décès survient dans un contexte d'enfants et d'adultes non ou mal vaccinés nous dit-il. Ce serait donc le contexte qui devait protéger l'enfant et non le vaccin qu'elle ne pouvait recevoir.

 

Sous cette hypothèse de contre-indication on peut alors mesurer la différence entre l'attitude française et celle affirmée en Suisse. Il y avait alors sur ce cas matière à argumenter en faveur de la vaccination en avançant la protection collective qu'on veut lui attribuer. Mais faute d'avoir voulu, sous l'hypothèse de la contre-indication, en faire état pour ne pas jeter le trouble dans les esprits, on en arrive à une communication des plus troublantes par ses non-dits et des plus incohérentes sans même avoir à jeter un coup d'œil au dessus d'une frontière dont le net et le virus se moquent totalement.

 

Résultats : d'odieuses injures aux parents qui même s'ils ne les ont pas toutes lues ou entendues pourraient les laisser meurtris pour longtemps.

 

Le déchaînement contre les parents sur internet

Malgré l'ignorance du statut vaccinal de l'enfant, des motifs de ce statut et des raisons médicales de ce décès, certains s'en sont pris à cette famille avec une violence verbale inouïe dans des forums associés à des articles de journaux ou sur d'autres sites :

 

Par exemple sur le site des étudiants en médecine de France [1] : après avoir lancé le sujet en reprenant  une info ne précisant pas le statut vaccinal de l'enfant, c'est le déchaînement contre ces parents qui ont perdu leur enfant pour ne pas l'avoir délibérément fait vacciner :

"Et quand ils ne meurent pas, ils risquent le handicap psychomoteur gravissime à vie...Je ne comprends pas comment des parents responsables peuvent refuser de vacciner leurs enfants contre la rougeole en prétendant que les vaccins, c'est le poison. Est-ce un manque d'information ? Ou plus malheureusement une bêtise brute ?"

 

Ou encore un site qui fustige toutes les médecines parallèles et qui, après avoir rapporté une info neutre sur le statut vaccinal de l'enfant, s'excite en ces termes (en rouge dans le texte) :

 

« Un exemple des effets néfastes de la propagande des anti-vaccinations et de la crédulité de leurs victimes. On remarque que le cas s'est déclaré à 40km du siège social* d'une de ces associations de nuisibles. Est-ce simplement une coïncidence ? »

 

* Il est possible qu'il s'agisse d'une école Steiner.

 

Ce ne sont que des échantillons, tous écrits par des personnes qui non seulement ignorent tout de l'affaire mais ne se posent aucune question sur elle. On peut alors se demander quel niveau aurait été atteint dans ce domaine s'il avait été affirmé par le communiqué de la préfecture que l'enfant n'était pas vaccinée, à plus forte raison s'il avait été mentionné que les parents étaient des opposants aux vaccinations, voire des militants actifs.

 

Les ultravaccinalistes qui agissent ainsi ont-ils conscience de ce qu'ils font ? Mais leur comportement est aussi l'une des conséquences délétères de  toute une propagande qui commence au moins à l'école primaire. On espérerait plus de réflexion et de tempérance de la part de nos futurs médecins que les propos tenus sur leur site. Mais ils sont aussi "fabriqués" pour réagir ainsi.

 

Au nom de la protection de l'enfance

Tout cela sous couvert du devoir de protection des enfants. Que ne fait-on au nom de cette protection* ! L'affaire d'Outreau en fut une démonstration. Ce ne fut pas une affaire de trop cette affaire d'Outreau car elle révéla surtout, si on voulait bien regarder, les couacs provoqués par notre cerveau lymbique quand des événements sollicitent les programmes ancestraux qui s'y trouvent. L'un d'entre-eux, qu'on pourrait nommer le programme "justice de Far West", se mobilise dès qu'on désigne des coupables à la vindicte populaire. La jouissance éprouvée par nos ancêtres devant des exécutions sommaires remonte à la surface et nous pousse à la satisfaire dans "l'exécution" des personnes désignées.

 

Il faut savoir que ce programme est très puissant et que beaucoup ne se maîtrisent pas suffisamment pour en contenir les manifestations. C'est pourquoi il faudrait que les responsables y regardent à deux fois avant de désigner publiquement des coupables. Mais ont-ils conscience des forces obscures qu'ils risquent ainsi de déclencher ?

 

* Par exemple encore, dans le cadre de la loi sur la protection de l'Enfance, le vote définitif, le 22 février 2007, d'un texte classant dérive sectaire le refus de BCG obligatoire pour les enfants !!! De même pour le DTP...

 

Faute d'une communication suffisamment précise et claire, ces malheureux parents ont ainsi été exposés à de multiples manifestations  d'internautes saoulés de propagande et de slogans simplistes qui pensaient détenir en cet événement les preuves de leurs certitudes


Pourquoi la prudence française ?

Côté français on s'est montré plus prudent que côté suisse en ne donnant pas le statut vaccinal de l'enfant. Pourquoi ? Il faut noter que côté français il s'agissait d'abord d'autorités ou d'une agence sanitaire alors que les autorités suisses n'étaient pas concernées par ce décès. Il faut aussi noter que  c'est la famille qui détient les preuves de la vaccination ou de la contre-indication, selon l'hypothèse retenue, et qu'elle pourrait les révéler si elle était par trop harcelée. Ceci  pourrait peut-être expliquer cela.

 

Toutes ces réactions montrent aussi que la disposition du plan d'élimination de la rougeole qui prévoit de communiquer sur les méfaits de celle-ci quand elle frappe des non vaccinés (mais pas quand elle touche des vaccinés...) pourrait être une disposition délicate à utiliser, voire dotée d'un effet boomerang. La preuve : même l'auteur de cette recommandation n'a pas osé en faire usage dans ce cas en ne mentionnant pas dans son éditorial que l'enfant n'était pas vaccinée.

 

 

 

[1] http://www.e-carabin.net/showthread.php?p=1093614

[2] http://sens-commun.blogspot.com/2009/01/une-adolescente-de-12-ans-decede-de-la.html

[3] http://www.tdg.ch/geneve/actu/decede-hug-suites-rougeole-2009-02-04

 

                                                            Annexe

 

Sur la même page de La Tribune de Genève, dans les commentaires, on trouve des "témoignages". Bien sûr, n'importe qui peut inventer des accidents de vaccination ou de non vaccination à volonté. Mais allez les lire quand même :

 

« Je suis une maman qui a vacciné ses deux premiers enfants de tout, la seconde est entrain de sortir de l'autisme. Elle est quasiment guérie, mais quelle galère. »

 

Voir sur le site la suite du message posté le 05.02.2009 - 15:47 

 

Voir aussi celui du 05.02.2009 - 09:56 où une maman raconte que sa fille a fait une rougeole grave 1 an après avoir été vaccinée.

 

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