Refus du ROR : quand le ministère en analysait les causes
Quelles sont les caractéristiques des mères refusant le vaccin
ROR ? Une enquête avait été diligentée en 1994 à ce sujet pour le compte
du ministère de la santé et de la CNAM. Malgré son ancienneté les
caractéristiques de cette étude, ses objectifs, ses analyses, en particulier la
caractérisation des mères dites « non-vaccinantes », les procédés
envisagés pour obtenir leur adhésion ainsi que l’existence même de telles
études sont toujours d’actualité. En voici les principales orientations.
Elle ont été mises en
lignes par une association, France, Qualité, Publique dont le but est de
promouvoir la Qualité Publique et son évaluation grâce à un réseau partenarial
unique d’acteurs : associations d’usagers, d’élus, de professionnels, des
collectivités, ministères, organismes publics, syndicats, consultants. Voici
des extraits sans commentaires :
Atteindre les objectifs de l’OMS de 95 % dans un délai
de 2 ans.
Affirmer la volonté de l’Etat dans le domaine de la prévention
Impliquer et mobiliser les acteurs de la vaccination.
Le grand public, avec comme cœur de cible les mères de
famille.
Les médecins, généraliste ou pédiatre, qu’ils exercent en P.M.I., à
l’hôpital, en libéral qui sont prescripteurs.
Les professions paramédicales : puéricultrice, pharmaciens... qui
jouent un rôle de conseil.
Une analyse géographique montre que le taux de couverture est inférieur à 62 % dans certains départements du sud. Il fut donc procédé à une enquête qualitative auprès de quatre départements : Bouches-du-Rhône, Dordogne, Gard et Haute-Garonne.
Cette étude a permis de définir 4 types de mères "non-vaccinantes" :
Les "consuméristes" pour qui la maladie
est considérée comme un état naturel, facteur d’immunisation. Ces mères
rejettent les solutions de masse et les discours de santé publique mais sont à
la recherche systématique d’information. Le vaccin est vécu comme une
perturbation injustifiée qui rond l’équilibre naturel, l’acte de vaccination
étant potentiellement plus agressif que la maladie elle-même.
Les "empiristes" qui
ont une attitude avant tout pragmatique et dédramatisée face aux questions de
santé, associant le "bon sens traditionnel aux références scientifiques
actuelles. Ces mères rejettent les médecines nouvelles marginales et tout
discours systématique en matière médicale. la vaccination est une mesure de
prévention dont le principe n’est pas en cause. Elles sont particulièrement
sensibles au rapport bénéfice/risques de la vaccination.
Les "écologistes
rebelles" présentent un fort investissement idéologique en matière de
santé et de relation avec le corps médical. pour elles, la maladie est réputée
contribuer au développement de l’enfant, tant sur le plan physique (immunité)
que psychique (épreuve initiatique). Elles contestent les principes de la
médecine traditionnelle, vécues comme une institution répressive. la
vaccination est considérée comme une prise de risque mal motivée. Pourtant ces
mères ont une faible connaissance des risques de complications des trois
maladies concernées. la campagne d’incitation est considérée comme un
conditionnement de masse.
Les "dépendantes" pour qui la maladie est perçue comme un accident, un événement hors norme. Elles entretiennent avec le médecin une relation de dépendance. Il apparaît comme le seul décideur. Leur exigence est avant tout une minimisation de la souffrance. Le caractère obligatoire de la vaccination les rassure.
Certains arguments auxquels les mères non-vaccinantes pourraient être sensibles ont pu être dégagés :
l’aspect pratique de "3 vaccins en 1" qui permet
d’éviter les dépenses et actes superflus
l’information sur les risque des trois maladies, les bénéfices du vaccin,
son rapport bénéfices/risques, la durée de l’immunité. Ces arguments peuvent
être communs aux différentes cibles sauf pour celle des "écologistes
rebelles" dont il s’agit d’éviter la diffusion des thèses
Les canaux d’information privilégiés sont
pour les consuméristes, le dialogue avec le médecin, la presse
santé ou féminine sous forme de débat ou témoignage ;
pour les empiristes, la presse santé, le dialogue avec le médecin,
des campagnes publicitaires ;
pour les dépendantes, l’autorité du médecin qui va les libérer de
la prise de risque ;
L’étude auprès
des médecins non prescripteurs montre une absence globale de
motivation à l’égard de la vaccination avec des freins :
1- Médicaux : mise en cause de l’intérêt et de l’efficacité du vaccin, doutes de l’évaluation bénéfice/risques.
2- L’argument
de l’éradication suscite scepticisme sinon rejet.
3- Sociaux :
prise de risque inutile en l’absence de demande des parents, coût trop élevé,
respect du choix des parents.
4- Idéologiques pour les médecins "militants" pour les médecines nouvelles.
Les leviers majeurs reposent sur la pression sociale et la demande parentale, des informations notamment sur les données épidémiologiques comparatives.
Les circuits d’informations pertinents sont les enseignements post-universitaires, le discours de praticiens hospitaliers dans le cadre de colloques ou d’articles dans la presse médicale
Un slogan : Rougeole-Oreillons-Rubéole, Pas d’hésitation, Vaccination !
Auprès du grand public
1- une brochure grand-public avec des questions-réponses ;
2- des spots TV d’une durée de 8 à 20 secondes sur 3 semaines ;
3- un publi-rédactionnel dans la presse grand public en quadrichromie
reprenant des questions de mères de famille non-vaccinantes sur deux
mois ;
4- l’affichage de posters dans les pharmacies volontaires ;
Auprès des professions de santé
1- une table ronde aux Entretiens de Bichat ;
2- un guide des vaccinations
publié à l’occasion des Entretiens de Bichat pour les médecins généralistes et
les pédiatres ;
3- un publipostage médecins comprenant : un bon de commande du guide
des vaccinations un 4 pages d’information spécifique sur la campagne une lettre
de présentation et de mobilisation ;
4- des articles dans la presse
professionnelle pour solliciter le volontariat des pharmaciens notamment dans
les zones à faible couverture et pour les volontaires remise d’un dépliant et
d’un questionnaire destiné aux mères de famille (100 exemplaires par officine)
dont les résultats feront l’objet d’une campagne rédactionnelle.