Vaccination : les recommandations mondiales du SAGE
En matière de vaccinations à l’échelon planétaire
c’est le SAGE (espérons qu’il l’est !), c’est à dire le Groupe stratégique
consultatif d’experts, qui vient de rendre compte au Directeur général de l’OMS
sur des questions allant de la recherche et du développement de vaccins à leur
administration. Son domaine de compétences s’étend au-delà de la vaccination de
l’enfant à toutes les maladies évitables par la vaccination. Le SAGE s’est
réuni du 6 au 9 novembre 2007 à Genève et son rapport est en ligne dans le REH du 4 janvier 2008.
Depuis la réunion du SAGE d’avril 2007 l’OMS a publié
des lignes directrices révisées concernant la vaccination par le bacille de
Calmette-Guérin BCG des nourrissons
exposés à l’infection à VIH ainsi qu’une prise de position de l’OMS sur l’utilisation du vaccin
antirotavirus (REH n° 32, 10 août
2007) . Un catalogue des recommandations concernant les politiques
de vaccination est désormais disponible. La liste modèle OMS des
médicaments essentiels a été alignée sur les recommandations du SAGE ainsi que
les notes d'information de l’OMS sur les vaccins. Le SAGE note des progrès dans
la mise en œuvre des recommandations.
Vaccin contre le méningocoque de
type A
« Le
SAGE a été mis au courant de l’épidémie actuelle de méningite méningococcique
dans la ceinture
africaine de la méningite. L’approvisionnement mondial en vaccin
antiméningococcique A s’améliore, avec une offre potentielle accrue de vaccins
de 2 fabricants. Toutefois, la situation de l’approvisionnement est encore
fragile et l’utilisation d’un cinquième de dose demeure une option en cas de
pénurie.
Comme
l’avait recommandé le SAGE, l’OMS et Epicentre travaillent à un protocole
d’étude visant à évaluer l’efficacité d’un cinquième de dose. Un déficit de
financement de US$ 14 millions subsiste en vue de la constitution d’un stock
pour la saison épidémique 2007-2008. »
Donc le SAGE qui
veille sur la politique vaccinale mondiale souhaite renforcer l’utilisation de ce vaccin. Pourtant, aux journées de
veille sanitaire organisées par l’InVS j’avais
entendu ceci le 30/11/2007 par le président de la commission sécurité
sanitaire du HCSP (Haut conseil de santé publique) :
« Afrique
Sahélienne : on a observé l’émergence du redoutable type W135 dans une
population vaccinée contre le méningocoque de type A »
Rotavirus
L’OMS a consacré tout un n° du REH, 12 pages, aux vaccins
contre les rotavirus (10 août
2007). Dans ce n°
« l’OMS
recommande vivement l’introduction de la vaccination antirotavirus aux
programmes nationaux de vaccination des régions et pays où les données sur
l’efficacité des vaccins font penser qu’elle pourrait avoir un impact notable
sur la santé publique et où l’on dispose d’une infrastructure appropriée et de
mécanismes de financement permettant d’utiliser durablement les vaccins.
L’expérience recueillie avec plusieurs autres vaccins oraux a montré que, du
point de vue de l’innocuité et de l’efficacité, des différences considérables
peuvent exister d’une région à l’autre. Tant que le véritable potentiel des vaccins
antirotavirus actuels n’a pas été confirmé dans toutes les régions de la
planète, l’OMS n’est pas disposée à recommander l’introduction des vaccins
antirotavirus aux programmes de vaccination nationaux au niveau mondial. »
On y lit aussi ceci qui me laisse
perplexe :
« L’expérience récemment acquise aux Etats-Unis laisse à
penser que, dans les pays industrialisés, l’adjonction des vaccins
antirotavirus
aux programmes de vaccination nationaux systématiques ne devrait guère
permettre de réaliser des économies au stade actuel, mais pourrait
néanmoins être considérée comme une intervention rentable. »
Région européenne
Bien
entendu ce sont les observations et recommandations vaccinales concernant la
région Europe de l’OMS qui nous intéressent au premier chef. Rappelons que la
région Europe de l’OMS inclut les pays de l’Est et la Turquie.
Pour
le SAGE les priorités régionales pour l’Europe sont
1- le
renforcement des systèmes nationaux de vaccination,
2- le
maintien de l’éradication de la poliomyélite,
3- l’élimination de la rougeole et de la
rubéole d’ici 2010,
4- le
soutien à l’introduction de vaccins nouveaux ou sous-utilisés
5- le renforcement de la surveillance.
Il
est cependant fort douteux que la rougeole puisse être éliminée d’Europe et
même de France d’ici 2010. Pour atteindre ces objectifs, le Bureau régional a
élaboré un plan d’action qui comporte 3 domaines stratégiques:
1- renforcement
des systèmes de vaccination;
2- initiatives
ciblées contre des maladies;
3- surveillance,
laboratoire et suivi.
A
l’heure actuelle le SAGE note que tous les pays de la Région ont atteint une
couverture par le DTC >80% (diphtérie, tétanos, coqueluche), la plupart
pouvant même se prévaloir d’une couverture >90%. Toutefois, la précocité de
la vaccination demeure un problème dans certains pays et près de 500 000
nourrissons ne sont pas vaccinés dans les temps. Les retards sont dus en partie
à l’application de contre-indications erronées par les médecins. Outre
ces questions, que la Région traite directement, des modules de vaccinologie
doivent être inclus dans les programmes des études de médecine.
Parmi les autres groupes mal vaccinés,
mentionne le SAGE, figurent des urbains pauvres, des populations isolées, des
groupes mobiles et des minorités. La couverture de ces groupes de population
est et restera une priorité dans la Région.
Il
note aussi que d’importantes épidémies de rougeole continuent de se produire
dans la Région malgré une couverture vaccinale systématique élevée et que les
raisons de ces phénomènes et les groupes touchés varient selon les pays.
Sur
le vaccin Hib (méningite haemophilus B) « l’introduction de vaccins
contenant le vaccin anti-Hib fait apparaître une nette différence entre les
pays d’Europe occidentale et certains pays d’Europe orientale et les nouveaux
Etats indépendants, où ces vaccins sont peu utilisés. Le manque de prise de
conscience de la charge que représente l’infection à Hib et le prix
relativement élevé du vaccin en sont largement responsables. Les approches
suivies pour remédier à ce problème sont les suivantes: finaliser un plan
d’action régional pour l’introduction de nouveaux vaccins, définir une
orientation stratégique régionale et apporter un appui à la prise de décision
fondée sur des données factuelles en faveur de l’introduction de ces
vaccins. »