Le vaccin mettra-t-il l'éradication de la polio en échec ?
Le
28 septembre 2007 l’OMS publie le REH de la semaine
(Relevé épidémiologique hebdomadaire, publication en anglais et en français)
sur les effets pervers des poliovirus vaccinaux véhiculés par le vaccin polio
oral, le VPO. Le vaccin oral est le seul considéré comme adapté pour
l’éradication de la maladie.
Ce
REH fait le bilan des poliovirus dérivés des souches vaccinales (les PVDV)
entre janvier 2006 et août 2007. Ces virus, qui sont devenu la hantise de
l’OMS, se forment par recombinaison d’un virus polio vaccinal avec un autre
entérovirus, les virus polio étant eux-mêmes des entérovirus. Ces nouveaux
virus peuvent alors circuler pendant 10 ans à bas bruit puis se révéler soudain
en provoquant des paralysies analogues à celles des poliovirus sauvage (PVS).
Ils peuvent aussi avoir la même capacité de circulation que les PVS, on les
nomme alors PVDVc, c comme circulants. Autrement dit ils peuvent devenir aussi
redoutables que les virus sauvages. En fait, le seul moyen de distinguer les PVDV des PVS est l’examen
micro-biologique fin réalisé par un laboratoire de haut niveau. L’examen
clinique des manifestations observées ne permet pas de différencier ces virus.
L’épidémie de
polio vaccinale au Nigeria
Ce
REH révèle en particulier, page 338, que 69 cas confirmés de paralysie associés
à un PVDVc de type 2 ont été détectés dans 9 Etats du nord du Nigeria. C’est
d’autant plus navrant que le poliovirus sauvage de type 2 ne circule plus
depuis de nombreuses années et est pratiquement considéré comme éradiqué de la
planète. Mais comme le vaccin utilisé contient encore le type 2 devenu inutile
ce type est ainsi réintroduit sous sa forme vaccinale et à donc provoqué une
épidémie d’origine vaccinale qui aurait pu être évitée. L’OMS a réussi à faire
produire par l’industrie des vaccins polio monovalents mais leur usage n’a pas
été suffisamment généralisé et leur introduction trop tardive. Cela se paie
comptant.
D’ailleurs,
les conséquences de cette épidémie pourraient aller bien au delà car le nord du
Nigeria est très sensible aux inconvénients du VPO : en août 2003 les
Etats du nord et en particulier l’Etat de Kano avaient refusé une campagne de
vaccination polio organisée par l’Unicef, affaire qui avait fait très grand
bruit et avait été considérée à l’époque comme pouvant remettre en cause le
programme d’éradication de la polio. Elle avait provoqué une mobilisation
générale au plus haut niveau afin de contraindre les Etats récalcitrants à
rentrer dans le rang. Il est vrai qu’ils avaient avancé des arguments douteux
sans faire usage des arguments sérieux à l’encontre de cette vaccination et qui
sont ceux qui apparaissent ici et étaient déjà connus à l’époque. Il est
également vrai que si la vaccination pourrait ne pas permettre de venir à bout
de la polio dans le monde, l’absence de vaccination ne sera pas suffisante non
plus ! Petit détail que les Etats du nord du Nigeria avaient un peu
oublié…Cependant, il est évident que cette épidémie vaccinale pourrait relancer
la méfiance des autorités et des populations à l’encontre de ce vaccin avec
toutes les conséquences pour le programme de vaccination de l’OMS et pas
seulement contre la polio.
D’autant
plus que cette épidémie ne se limite pas aux 69 cas confirmés de paralysie
puisque le REH nous apprend que 24 isolements supplémentaires de type 2 ont été
recueillis et que tout indique qu’il y aura d’autres cas qui seront confirmés
bientôt car tous étaient très proche de la souche vaccinale Sabin de type 2.
Près de la moitié des PVDVc isolés au cours de ce malheureux épisode ont été
observés dans l’Etat de Kano où circulent les PVS de type 1 et 3 mais pas le
type 2 qui ne semble plus exister que sous forme vaccinale ou dérivé de cette
forme. Deux cas ont également été observé au Niger dans la zone frontalière
avec le Nigeria.
Très
préoccupant : de nouvelles lignées de virus
Mais
plus inquiétant encore, des études poussées ont mis en évidence l’existence
d’au moins 7 lignées génétiquement distinctes parmi ces PVDVc. Autrement dit la
formation de ces virus se serait
produite au moins 7 fois de façon indépendante en 2005 et 2006, ce qui
prouve que le phénomène n’aurait rien d’exceptionnel et que l’on doit donc
s’attendre non seulement à d’autres cas provenant des lignées en cours mais à
la formation de nouvelles lignées. Et c’est bien cela le plus préoccupant. Le
cas le plus récent est apparu le 17 août 2007. Des campagnes de vaccination par
le VPO trivalent ont été menée en février et novembre 2006 ainsi qu’en janvier,
mars et septembre 2007. On peut s’étonner de l’entêtement des vaccinateurs à
poursuivre l’utilisation de ce vaccin trivalent aujourd’hui inutile et ce
malgré ses conséquences désastreuses parfaitement identifiées. Certes, les
vaccins monovalents de type 1 et de type 3 ont aussi été utilisés mais ils
n’ont pas le pouvoir de supprimer les PVDV de type 2 que le trivalent aura pu lâcher encore tout récemment dans la
nature pour, peut-être, provoquer de nouvelles lignées qui deviendront
dangereuses dans quelques temps… Il y a là une irresponsabilité notoire de la
part de l’OMS alors que le phénomène est connu depuis longtemps et a été à l’origine
de la création des vaccins monovalents. L’OMS avait pourtant beaucoup insisté
pour cela malgré les réticences de l’industrie.
Deux cas ont également été
observé au Cambodge avec un PVDVc de type 3 et quatre cas au Myanmar avec un
PVDVc de type 1.
Mais
un autre problème est apparu avec les PVDV qui se développent sur des individus
ayant des déficits immunitaires. L’intestin de ces personnes devient ainsi une véritable
usine à virus qui sont chaque jour lâchés dans la nature par les eaux usées et
peuvent contaminer d’autres personnes n’appartenant pas forcément à
l’entourage. On
nomme ces virus PVDVi et comme certains procèdent des 2 catégories on les
désigne alors comme ambigus avec le sigle PVDVa.
Des
PVDVi de type 2 et 3 ayant entraîné un décès ont été observés en Chine en 2005
et 2006 alors qu’il n’y a plus de polio à virus sauvage dans ce pays. Deux
enfants originaires d’Egypte ont été infectés par des PVDVi de type 3, l’un en
est mort. Deux décès liés à des PVDVi ont été notifiés en Iran. Enfin, des
PVDVa ont été observés en Chine et en Israël dans la région de Tel Aviv.
Pour
l’OMS la cause de tous ces cas provoqués par des virus issus des campagnes de
vaccination par le VPO est une couverture vaccinale insuffisante et la réplique
consiste à lancer de nouvelles campagnes par le VPO ! Eh oui, pourquoi y
a-t-il des PVDV ? Parce qu’on utilise le VPO. Et comment remédier aux
méfaits des PVDV ? En utilisant le VPO ! Les Shadocks n’auraient pas
dit mieux !!!
Ainsi, l’OMS est conduite à
recommander une stratégie quelque peu contradictoire :
1- limitation du risque d’émergence et de propagation de PVDV par
un renforcement de la vaccination systématique dans les pays peu
performants.
2- mise au point de stratégies d’élimination des infections à
PVDVi à travers la mise en place de nouveaux médicaments antiviraux.
3- perfectionnement de stratégies visant l’arrêt définitif de
tous les usages du VPO de manière synchronisée, dès que possible après
l’éradication dans le monde entier du poliovirus sauvage.
L’OMS
note que les premières descriptions de PVDVi sont venues de pays à haut revenu
(Europe occidentale, Amérique du Nord et Japon) et que plus récemment des pays
à revenu moyen comme la Syrie, l’Argentine, le Kazakhstan, l’Iran et la
Thaïlande ont détecté des cas. Pour l’OMS,
« la
détection répétée de PVDV souligne les risques permanents d’émergence de PVDV
aussi longtemps qu’on utilisera le VPO. A la différence des PVDVc, dont
l’émergence peut être prévenue par de forts taux de couverture par le VPO, un
PVDVi peut théoriquement apparaître à chaque fois qu’une personne atteinte d’un
déficit immunitaire primaire est exposée au VPO en recevant ce vaccin ou en
étant en contact avec une personne vaccinée. La seule façon de prévenir
de nouvelles infections à PVDVi est de mettre fin à l’usage du VPO. »
L’OMS
tente aussi, dans sa communication médiatique, de minimiser le problème. Ainsi,
la porte-parole de l’OMS pour la polio, Sona Bari a déclaré :
« Le risque du
poliovirus sauvage est tellement plus élevé pour nos enfants que le risque
associé à la vaccination. Le vaccin peut provoquer une paralysie, mais le
risque en est minime. La flambée (en cours au Nigeria) est certes plus
importante que ce que l’on aurait imaginé. Il y a 69 cas, il ne faut pas
oublier qu’au même moment, le Nigeria est confronté à 2 000 cas de
poliomyélite due au virus sauvage ».
Notons simplement que selon le site officiel consacré
à l’éradication de la polio, le nombre de cas notifiés au Nigeria de janvier
2007 au 25 septembre est de 191.
La condition posée par l’OMS est l’élimination du
poliovirus sauvage, ce qui permettrait d’envisager l’arrêt coordonné du VPO.
Espérons que cela se réalise bientôt, mais que va-t-il alors se produire ?
L’OMS le sait bien, les virus vaccinaux abondamment répandus dans les intestins
des êtres humains par les énormes et incessantes campagnes de vaccination -et
ce n’est pas fini- vont continuer de circuler entre les individus ou de se
multiplier chez les personnes immunodéprimées. Elle sait que ces opérations
peuvent se dérouler silencieusement pendant 10 années et peut-être plus, pour
voir soudain émerger des virus aussi dangereux que les virus sauvages qu’elle
aura eu tant de difficultés à éradiquer. Ces virus pourront provoquer des
épidémies qui toucheront des populations d’enfants qui n’auront pas été
vaccinés par le VPO et seront donc vulnérables selon les critères de l’OMS.
Il existe le vaccin injectable, le VPI, qui n’est pas à virus
vivant, mais il coûte beaucoup plus cher, pose le problème de la piqûre et des
seringues et interdit l’usage de bénévoles pour mener les campagnes de
vaccination. Aussi, en cas d’épidémies de PVDV, il est prévu de recourir à des
campagnes localisées de vaccination par le VPO qui pourront donc relancer de
nouvelles lignées de PVDV etc. Ce cercle infernal pourra-t-il s’arrêter un
jour ? Rien n’est moins sûr. En 1988 l’OMS avait fait miroiter aux Etats
du monde l’espérance que l’éradication de la polio, prévue pour l’an 2000,
permettrait de faire de substantielles économies en n’ayant plus la charge
d’enfants paralysés et en interrompant la vaccination polio comme cela fut fait
pour la vaccination antivariolique. Rien ne permet de dire que cela sera possible à terme.
En fait, la seule façon de traiter en profondeur le problème de la
polio et des entérovirus est le traitement des eaux usées pour éviter aux
populations d’avoir à consommer de l’eau polluée par des excrément humains
véhiculant ces virus. C’est de plus en plus clair et le programme d’éradication
de la polio est visiblement en train de s’enliser.
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