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La Question des Vaccins
14 juillet 2010

H1N1 : Le rapport d'enquête de l'Assemblée Nationale est sorti

Le rapport de la Commission d'enquête de l'Assemblée Nationale « sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1) » a été mis en ligne le 13 juillet 2010 sur le site de l'Assemblée.

Comme le rapport fait 120 pages mes commentaires sur celui-ci seront progressifs... Voici les premiers en prenant le texte (en noir ici) dans l'ordre.  A suivre donc, dans ce même article ...Dernière mise à jour : 20 juillet 2010 à 23h42

On y trouve aussi en version écrite toutes les auditions des personnes auditionnées par la commission y compris les questions ou interventions des députés de cette commission. D'où un document de près de 800 pages.

A lire aussi, sur PharmaCritique, l'article et le forum qui suit sur les conflits d'intérêts et ces auditions parlementaires.

 

« UNE CAMPAGNE DE VACCINATION AUX RÉSULTATS DÉCEVANTS COMME DANS LA PLUPART DES AUTRES PAYS »

Mais pourquoi faudrait-il se montrer déçu puisque cette campagne n'a servi à rien et que si les Français et autres s'étaient précipités sur la vaccination le nombre d'événements dits indésirables aurait été beaucoup plus élevé sans aucun bénéfice sur la propagation de l'épidémie et très peu sur la réduction des cas graves en raison de la brièveté de l'épidémie et d'une campagne tardive par rapport à celle-ci.

« UN BILAN INSUFFISANT AU REGARD DES MOYENS ENGAGÉS »

Faut-il boire le vin  parce qu'il a été tiré ? Si les 94 millions de doses de  vaccin avaient été commandées comme une assurance ''au cas où'', on devrait au contraire se réjouir qu'il n'ait pas été nécessaire de faire jouer l'assurance. Il faut aussi réaliser qu'il aurait été beaucoup plus coûteux encore d'injecter effectivement toutes ces doses.

Le problème est plutôt de savoir jusqu'où on accepte de payer une assurance même si elle ne doit pas servir.

 

« Un échec de santé publique »

Le rapport souligne le clivage profond et durable qui s'est manifesté entre la médecine dite de santé publique et la médecine libérale. Ce clivage existait depuis longtemps et l'affaire du BCG SSI l'avait en particulier révélé avec la grève du BCG suivie par une large majorité de pédiatres et de médecins libéraux.

« le processus d’indemnisation des professionnels de santé se révèle donc particulièrement long : près de six mois après la fin de la campagne, de nombreux professionnels continuent d’attendre leur rémunération à ce titre, »

Voilà qui n'arrangera pas les relations...comme le souligne le rapporteur :

« Évidemment, si votre rapporteur comprend les difficultés du processus, il ne peut que regretter les retards de paiement : ils ne sont pas faits pour renforcer la confiance des professionnels de santé dans la politique de santé publique. »

Puis le rapport aborde de façon détaillée le coût de la campagne :

« Le coût total de la campagne de vaccination s’élèverait donc à 668,35 millions d’euros, soit un montant sensiblement plus élevé que les dernières estimations données par la ministre de la santé et des sports et plus proche des données intermédiaires fournies par le direction générale de la santé. »

Pour porter ensuite une appréciation sur ce coût :

« Ce montant est évidemment considérable. Est-il excessif ou déraisonnable ? Votre rapporteur ne le pense pas au regard des enjeux : protéger la population contre un risque pandémique grave – même s’il le fut moins que prévu – et tester pour la première fois dans l’histoire du pays, en grandeur réelle, les moyens de l’État pour faire face à une crise sanitaire d’ampleur. »

Pour conclure cette partie par un jugement plus que catégorique :

«Affirmer, comme certaines personnes auditionnées par la commission, que les sommes dépensées auraient pu être mieux employées ailleurs, c’est faire preuve d’une irresponsabilité dont il est heureux finalement que la France ait eu les moyens, contrairement à de nombreux États, d’éviter le poids historique. »

Bien avant que la campagne de vaccination commence (septembre-octobre) on avait suffisamment d'informations pour comprendre qu'une campagne d'une telle ampleur n'était pas nécessaire. Il aurait alors été possible de renégocier les commandes de vaccins dans des conditions plus favorables puisque leur production  n'était pas aussi avancée que quelques mois plus tard.

Il aurait aussi été possible d'organiser une campagne ''à minima'' : sachant que les médecins de ville ne seraient pas submergés par les malades ils auraient pu assurer l'essentiel de la vaccination en évitant de porter à bout de bras un dispositif vaccinal d'exception.

Rappelons pour mémoire que le pic en Île-de-France s'est produit fin octobre et que dans cette région, l'incidence était déjà la moitié de celle observée au pic quand la campagne a commencé le 12 novembre, qu'il faut pratiquement 3 semaines pour que le vaccin soit efficace et qu'on ne peut vacciner tout le monde le même jour..

De toute façon, il ne sera pas possible de maintenir en permanence la population dans un état de stress très préjudiciable au rendement de l'activité économique et très favorable à de multiples maladies, troubles et accidents de toutes sortes.

 

« UN MÊME CONSTAT D’INSUFFISANCE DE LA VACCINATION DANS LA PLUPART DES AUTRES PAYS »

Où sont les preuves que la vaccination fut insuffisante ? Celle qui a été pratiquée n'a servi à rien. Faut-il croire que si la campagne avait été plus intensive et s'était poursuivie ainsi jusqu'en mars la santé publique, c'est à dire, en principe, la santé du public, aurait été meilleure ?

Il ne faudrait pas confondre le prestige et la santé de l'autorité qui gère la santé publique avec la santé du public.  Nuance !

SECONDE PARTIE DU RAPPORT

« Une campagne de vaccination placée sous l’égide du principe de précaution »

« Dans quel contexte d’appréhension du risque se trouvait-on lors du déclenchement de la pandémie de grippe A(H1N1) à la fin du mois d’avril 2009 ? La réponse à cette question est essentielle pour juger du bien-fondé des décisions qui ont été prises par les pouvoirs publics, s’agissant tant de l’acquisition des vaccins que des modalités d’organisation de la campagne de vaccination.

Par-delà la querelle des mots, la question qui s’est posée à la commission d’enquête est la suivante : ''la réponse donnée par les pouvoirs publics a-t-elle été proportionnée au risque qui est apparu, au moment où elle a été apportée ?''. Or, de ce point de vue, on ne peut nier que les incertitudes concernant la contagiosité, la virulence et les caractéristiques du virus étaient telles au printemps que la décision des autorités publiques de procéder à l’acquisition massive de vaccins, dans l’objectif de pouvoir proposer la vaccination à l’ensemble de la population, n’apparaît pas excessive. Si elle apparaît telle aujourd’hui, c’est précisément a posteriori, parce que les données virologiques et épidémiologiques ont été affinées. »

« ''comment proportionner une réponse à un risque inconnu'' ? Néanmoins, ici encore, c’est toujours seulement ex post que peut être jugée la décision prise, une fois le risque totalement connu.

Or, un jugement ex post, pour être objectif, suppose d’analyser la décision politique dans le contexte où elle a été prise. »

Soit ! Il ne s'agit pas, pour moi, de chercher à contester qu'au mois de mai 2009 on pouvait légitimement s'inquiéter, même s'il était possible de le faire. Ce pour bien distinguer, je le répète une fois de plus, entre la décision de commander des vaccins et la décision de les injecter. Ce n'est pas parce qu'au mois de mai on pouvait peut-être craindre le pire et que les autorités estimaient de leur devoir de chercher à protéger la population (à moins que ce ne soit de se protéger elles-mêmes comme on le verra plus loin) par des vaccins supposés efficaces et utiles, c'est à dire pouvant être injectés en temps utiles, que ces commandes justifiaient la campagne de vaccination.

D'ailleurs le rapport mentionne lui-même que «l’Organisation mondiale de la santé avait qualifié la pandémie de ''modérément grave'' le 11 juin 2009 lors de sa déclaration de passage en phase 6 ».

Le rapport poursuit ainsi :

« La moindre virulence du virus A(H1N1) s’est précisée à partir du mois de septembre avec le premier bilan qui a pu être dressé de la phase pandémique dans l’hémisphère Sud. Toutefois, une intensification de l’épidémie lors de son passage à l’hémisphère Nord ne pouvait être exclue, pas plus d’ailleurs qu’une éventuelle mutation du virus. »

Mais est-il raisonnable et crédible de penser qu'un virus né dans l'hémisphère Nord et s'étant montré modéré dans l'hémisphère Sud se ferait redoutable dans l'hémisphère Nord ? Au cours des multiples conférences de presse au ministère, le président de la commission sécurité sanitaire du HCSP, Christian Perronne, avait déclaré que nous n'avions pas toutes les réponses car il ne gèle pas en Australie. Peut-être mais l'hémisphère Sud ce n'est pas uniquement l'Australie. C'est aussi la Nouvelle Zélande, l'Afrique du sud, l'Amérique du sud. Il ne gèle dans aucune de ces régions ?

Le rapport précise encore :

« Ce n’est que dans une troisième phase, à la fin du mois de novembre, qu’il a été possible de déterminer avec plus de précision le taux d’attaque réel du virus. »

Pour la France peut-être, mais chez nos voisins ? Ainsi la Belgique avait connu son pic fin octobre comme l'Île-de-France. Et n'était-il pas possible d'évaluer ce taux d'attaque sur Paris et sa région au plus tard dès le début novembre ? On pourrait vérifier ce qu'en disait le bulletin du réseau Sentinelles de l'époque.

Sur les vaccins

« Sur les délais d’obtention des vaccins »

« Le deuxième obstacle a été constitué par les capacités de production du vaccin contre le virus A(H1N1) par les laboratoires pharmaceutiques : ces capacités sont limitées et sont conditionnées par le calendrier de fabrication du vaccin contre la grippe saisonnière. Elles expliquent également que l’essentiel des vaccins ait été fabriqué en multidoses. »

Le rapport expose pour quelles raisons les capacités de production étaient limitées. On y apprend même « que le principal goulet d’étranglement de la fabrication d’un vaccin pandémique n’est pas la production de l’antigène, mais le remplissage des flacons. »

Cela peut surprendre mais puisqu'on savait très bien dès le début que l'intendance ne suivrait pas, pourquoi avoir fait comme si il n'y aurait pas de difficultés de ce côté ? En un mot, pourquoi avoir commandé des vaccins qui ne pourraient être livrés à temps et dans la quantité voulue ?

En novembre, on a organisé une campagne de vaccination sans disposer de tous les vaccins nécessaires, en particulier le vaccin sans adjuvant pour les femmes enceintes et les enfants, d'où un retard important pour lancer leur vaccination alors que ces 2 catégories étaient présentées comme particulièrement à risque.

Ainsi, la campagne pour les enfants n'a débuté que le 25 novembre alors que l'épidémie avait pratiquement atteint ou dépassé le pic dans toutes les régions de France fin novembre et que les premiers enfants vaccinés ne pouvaient être protégés qu'à partir du 15 décembre.  De plus, il était établi que le vaccin Panenza destiné aux enfants avait une efficacité dérisoire sur les enfants de moins de 3 ans (1/3 des vaccinés avaient un taux d'anticorps jugé suffisant après la première dose selon l'AMM française).

Le rapport apporte d'ailleurs confirmation de ce que je viens d'exposer :

« Au-delà des contraintes identifiées, d’autres options auraient-elles pu être envisagées ?

Ne fallait-il pas ab initio se fixer un objectif de couverture vaccinale moins important ? Et de façon concomitante, ne fallait-il pas procéder à des commandes plus modestes, quitte à en revoir le niveau au regard de l’évolution de la pandémie et du souhait de vaccination des Français ? L’enjeu de ce questionnement est à l’évidence celui de l’adaptabilité des mesures prises par les pouvoirs publics. »

Le rapport précise alors ce point de vue :

« Un objectif plus souple en termes de couverture vaccinale

La question est double : il s’agit de savoir si une stratégie vaccinale ciblée pouvait être arrêtée dès le départ et, le cas échéant, si un revirement vers une couverture vaccinale plus modeste pouvait être opéré au cours du processus de décision.

Fallait-il se fixer un objectif plus modeste de couverture vaccinale ?

Selon les avis des experts entendus par la commission d’enquête, une stratégie de vaccination barrière suppose l’immunisation de 30 % de la population, ce qui permet d’enrayer la propagation exponentielle d’une épidémie ou d’une pandémie. Ce modèle n’a toutefois jamais été éprouvé dans les faits : aucun pays n’a en réalité jamais appliqué une telle stratégie de vaccination. Pour autant, aucun modèle mathématique n’évoque non plus la nécessité de vacciner la totalité de la  population. La stratégie systématiquement retenue est celle du ciblage des populations à risques. »

On reconnaît ici ce qu'avait exprimé Antoine Flahault, Directeur de l'école des hautes études en santé publique et qui a ouvert un blog sur la pandémie, blog auquel je participe activement.

De plus, le rapport reconnaît qu'effectivement, en raison des délais de production des vaccins il avait été nécessaire de renoncer à une vaccination massive précoce et ce dès le début septembre, c'est à dire plus de 2 mois avant le lancement de la campagne :  

«C’est la fixation de telles priorités qui a été demandé au Haut conseil de la santé publique : dans son avis du 7 septembre 2009, celui-ci a ainsi défini un ordre de priorité pour la vaccination en raison des délais de mise à disposition des vaccins. »

Le rapport confirme donc mon propos précédent et je précise que je découvre le rapport en le commentant au fur et à mesure de sa lecture car j'ai aussi autre chose à faire ! Comme par exemple de m'entrainer pour préparer ma campagne cycliste pyrénéenne avec de gros dénivelés, 6000 voire 7000m dans la journée. Voir mon blog vélo http://velotourmalet.canalblog.com

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Le rapport cite d'ailleurs explicitement Antoine Flahault :

« Toutefois, comme l’a indiqué le professeur Antoine Flahault, directeur de l’école des hautes études en santé publique, concernant le ciblage des populations à risque, « bien que systématiquement utilisée, cette dernière stratégie n’a jamais été évaluée correctement ». Des études très controversées sur son efficacité ont d’ailleurs été menées aux États-Unis : la réduction de 50 % de la mortalité des personnes âgées grâce à la vaccination contre la grippe saisonnière n’a jamais été observée statistiquement pendant les vagues épidémiques. »

Le rapporteur pense alors pouvoir en tirer la conclusion suivante :

« Au total, aucune stratégie de vaccination ne peut a priori être privilégiée plutôt qu’une autre : les données scientifiques sont à cet égard insuffisantes. Il convient impérativement de pallier cette carence pour l’avenir, afin de disposer d’une meilleure capacité d’opérer des choix de santé publique en cas d’apparition d’un nouveau virus pandémique. »

Là j'ai l'impression que le rapport interprète un peu cavalièrement les propos d'Antoine Flahault qui, à mon avis, n'a jamais voulu dire que sous prétexte que la stratégie ciblée sur les personnes dites à risque n'avait jamais été évaluée et  aussi, même si ce n'est pas rapporté ici, qu'on n'avait jamais cherché à limiter le pic épidémique par une vaccination, qu'il n'y avait aucune raison de privilégier une stratégie plutôt qu'une autre...

Le rapport poursuit :

Fallait-il commander d’emblée l’ensemble des vaccins ?

« Les raisons qui ont conduit les pouvoirs publics à retenir l’objectif d’une couverture de 75 % de la population ont déjà été évoqués : il s’agissait de se mettre en mesure de proposer la vaccination à l’ensemble de la population, et ce choix ne peut fondamentalement être contesté dans le contexte où il a été fait. S’il est irrémédiable au regard du coût d’acquisition des vaccins [1], ce choix n’est pourtant pas en soi intangible et définitif : il était en effet tout à fait envisageable de prévoir une vaccination massive de la population, et au regard des données épidémiologiques progressivement disponibles, de revoir la cible de vaccination. »

[1] Pas forcément car une renégociation était possible et d'autant plus favorable qu'elle aurait été précoce.

« Ainsi, l’ordre de priorité recommandé par le Haut conseil de la santé publique aurait-il pu être mis à profit à l’automne par les pouvoirs publics, lorsque des éléments rassurants sur la virulence du virus sont devenus plus tangibles, pour proposer la vaccination à ces publics, tout en rappelant que l’élargissement de la vaccination à l’ensemble de la population restait possible, puisque l’on disposait de vaccins en quantité suffisamment importante.

Le problème qui est ici posé est celui de la réversibilité des décisions politiques et de ses conséquences. Le choix d’un revirement aurait théoriquement tout à fait pu être opéré : il supposait néanmoins de revenir sur le déploiement logistique et l’organisation territoriale qui avaient été privilégiés, avec la mise en place des centres de vaccination dédiés. Le double pilotage du ministère de l’intérieur et du ministère de la santé n’aurait certainement pas facilité une telle remise en cause d’un dispositif déjà largement opérationnel. Mais plus encore, comme l’a indiqué M. Claude Le Pen, professeur de sciences économiques à l’université Paris-Dauphine : ''Quant à changer de politique en cours de route, c’est très difficile. La tentation d’un gouvernement est de rester droit dans ses bottes, de peur de troubler davantage l’opinion publique en changeant de politique''. »

Peut-être mais c'est justement ce qui est apparu comme un entêtement qui semble avoir troublé l'opinion publique. En tout cas pour ma part, sans me prendre pour l'opinion publique, c'est bien cela que j'ai difficilement compris et accepté. Il semble que je n'ai pas été le seul. D'ailleurs c'est quoi ce concept d'opinion publique ? Avec la circulation rapide et multiples des idées et des informations il aura de moins en moins de signification et les politiques qui pensent que tout leur art consiste à surfer sur les vagues de l'opinion publique devraient y réfléchir. En tout cas ils ont là une belle opportunité de s'interroger sur leurs croyances.

Le rapporteur conclut ainsi l'aspect financier :

«La principale leçon de l’expérience de la campagne de vaccination, sur le plan financier, reste celle de la nécessité de se ménager des marges de manœuvres, afin de pouvoir se réadapter plus facilement aux nouvelles connaissances et aux changements dans l’évolution de la pandémie. Pour reprendre les mots du directeur général de la santé, M. Didier Houssin devant la commission d’enquête, il convient de se donner les moyens de « débrayer », de « freiner » lorsque la situation l’exige. Telle est bien d’ailleurs la seconde dimension du principe de précaution tel qu’inscrit dans la Charte de l’environnement de 2004, celle d’une réponse graduée : comme l’a indiqué M. Didier Tabuteau devant la commission d’enquête, ''la réévaluation permanente des décisions est une nécessité et cette capacité de se remettre en cause à mesure qu’évoluent les connaissances est la meilleure manière d’appliquer l’obligation de précaution''.

«Une telle riposte graduée est d’ailleurs tout aussi impérative sur le plan de l’organisation de la réponse à la crise sanitaire, en l’occurrence l’organisation de la campagne de vaccination. »

Ben oui ! Il nous semblait aussi à nous le public assistant au spectacle que tout cela allait de soi, surtout que depuis 2005 ils avaient mis nos meilleurs limiers pour plancher sur le sujet. Mais à quoi pensent-ils ?

Partie III :

« UNE CAMPAGNE DE VACCINATION VOLONTARISTE MAIS D’UNE APPLICATION TROP RIGIDE "

« le choix de procéder à une vaccination collective a conduit à mettre en place un système de vaccination reposant sur des centres ad hoc faisant l’impasse sur la médecine ambulatoire. Ce choix a pu être contesté et s’est révélé parfois d’une application délicate sur le terrain. Surtout, il n’a pas permis de remporter le défi d’une couverture vaccinale importante de la population. »

Mais pourquoi prendre le taux de couverture vaccinale comme un défi qui serait lancé à qui, au peuple ? Puisque ce thème revient comme une obsession, retournons-y ! Il ne faut pas vacciner de façon inutile Monsieur le rapporteur, mettez-vous bien cela dans la tête. C'est parce que les Français avaient compris que cette campagne qui se voulait gigantesque était disproportionnée et sans fondement qu'ils ont boudé les centres de vaccination. Ils ont voulu donner une leçon aux autorités et ils n'ont pas eu besoin pour cela de se laisser séduire par les arguments des antivaccinalistes dont les porte-voix ne sont pas assez puissants pour atteindre toutes les chaumières. Ils leur suffisait d'écouter les discours des autorités à la télé pour se forger leur opinion.

«  UN DISPOSITIF MÛREMENT RÉFLÉCHI POUR DES MENACES SANITAIRES GRAVES »

Mûrement réfléchi ? C'est bien ce que je disais un peu plus haut en faisant allusion à nos plus fins limiers qui s'étaient penché sur le sujet. Mais quelles preuves a-t-on que ce plan n'aurait pas lui aussi imploser si la situation avait été dramatique ? Ou alors, faut-il penser que comme l'albatros de Baudelaire, ses ailes de géant l'empêchent de marcher ?

D'ailleurs c'est quoi un plan vaccinal massif quand le vaccin n'est pas disponible à temps et en quantité suffisante ? Et cela, aucun plan ne pourra le maitriser.

« face à une pandémie dont on estime qu’elle est probablement peu sévère, est-il pertinent de recourir à « l’artillerie lourde », à savoir le passage et le maintien, au niveau international, au niveau d’alerte 6 ? De l’avis de tous les intervenants auprès de la commission d’enquête, la réponse est négative. Il convient donc de revoir la définition de la pandémie et cette approche est d’ailleurs partagée au niveau européen, comme l’a souligné M. John Ryan, chef de l’unité « Menaces sur la santé » au sein de la direction générale de la santé de la Commission européenne, qui a en outre insisté sur la nécessité d’une approche concordante de cette question par l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la santé.

Proposition n° 6 : Œuvrer pour que les États membres adoptent une position commune, appuyée par la Commission européenne, afin de demander à l’Organisation mondiale de la santé une révision de la définition de la pandémie intégrant un critère de gravité. »

Là mon Bon Monsieur le rapporteur vous me décevez. Vous n'avez pas compris quel était l'objectif réel de toute cette agitation ? Il ne s'agit nullement de lutter contre des pandémies mais de profiter des pandémies pour booster la vaccination grippale saisonnière en augmentant considérablement la capacité de production et le niveau d'acceptation des autorités et du public. Autrement dit d'être pratiquement en pandémie permanente. C'est pourquoi il est et sera hors de question que l'OMS accepte un critère de gravité dans la définition. 

Pourtant, toujours en ligne sur le site de l'OMS, voici la définition d'une pandémie de grippe (Document pdf ; préface page VI ):

« Une pandémie de grippe

Une pandémie (ou une épidémie mondiale) de grippe se produit lorsqu’apparaît un nouveau sous-type de virus grippal dont personne n’est à l’abri. Plusieurs épidémies peuvent se déclarer simultanément dans le monde, faisant un grand nombre de cas et de décès. »

Suite du rapport JP Door :

« Par ailleurs, il ressort des auditions menées par la commission d’enquête que la déclinaison des instruments de la « boîte à outils » s’est révélée insuffisante pour faire face à la situation puisqu’il a fallu « inventer » les modalités d’une campagne de vaccination collective, ainsi que l’a rapporté M. Yann Jounot, directeur de la planification de sécurité nationale. Ce point a également été souligné par M. Didier Houssin, directeur général de la santé, qui a ainsi précisé que l’expertise était « peu développée »  concernant l’organisation concrète de la vaccination pandémique. »

Certes ! La circulaire interministérielle du 21 août 2009 qui fixait les modalités de la campagne de vaccination était un brouillon digne d'un élève de sixième faible. Ce qui était prévu était proprement effarant et laissait supposer une campagne de vaccination ''à la hussarde''. D'ailleurs sa publication a très largement contribué à alimenter les craintes et les rumeurs sur internet, rumeurs que notre rapporteur voudrait pouvoir mieux contrôler.

Le remède est simple : que les autorités évitent d'abord d'annoncer n'importe quoi sans réfléchir aux conséquences. Il y a peu encore, de telles circulaires n'auraient été lues que par les préfets et leurs services. Aujourd'hui elles sont en lignes. Auditionnée par JP Door le 14 juin, la représentante du syndicat des médecins de santé publique a qualifié ce plan vaccinal ''d'inimaginable''.

C'est bien ainsi que je l'avais perçu en le découvrant fin août, ainsi que beaucoup d'autres. Je n'arrive pas à comprendre comment nos plus fins limiers en arrivent à pondre de telles inepties sur un sujet aussi grave sans s'en rendre compte alors que de nombreux internautes nullement spécialisés sur ces questions en avaient découvert les vices en quelques minutes.


« DES CENTRES DE VACCINATION CONTESTÉS DANS LEUR PRINCIPE »

« Pour la toute première fois, la France a dû mettre en place une campagne de vaccination visant 47 millions de personnes dans un contexte de pandémie et devant donc se dérouler rapidement – en quatre mois –, dans un contexte particulièrement contraint. »

Pourquoi ''a dû'' ? Il n'y avait aucune obligation à cela comme les faits l'ont montré au moins a posteriori et comme beaucoup d'indices convergents le montraient avant.

« Le plan de prévention et de lutte étant resté silencieux sur la question de l’organisation matérielle d’une telle campagne, « l’invention » des centres a cherché à répondre à ces contraintes. » 

Là on reste frappé de stupeur ! La lutte contre une pandémie dramatique type 1918 faisait l'objet de plans qui étaient considérés comme les meilleurs du monde et qui reposaient sur une gigantesque campagne de vaccination MAIS personne n'avait cherché à étudier comment on s'y prendrait pour injecter les vaccins !!!

Au début de cette affaire, Antoine Flahault avait présenté des simulations où il supposait qu'on vaccinait 1% de la population par jour, soit plus de 600 000 vaccinations alors qu'au plus fort de la campagne, quand les centres étaient surchargés, on vaccinait 200 000 personnes. Il disait simplement ''si l'intendance suit''... 

Elle n'a pas suivi, elle ne pouvait pas suivre...Comme cela a été confirmé un peu plus loin dans le rapport :

« Ainsi que l’a souligné M. Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales, la configuration de ce dispositif était adaptée pour vacciner de 200 000 à 250 000 personnes par jour, soit, au grand maximum, 1,5 million de personnes par semaine et 6 millions de personnes par mois. »

L'une des raisons des centres dédiés au détriment des cabinets médicaux était :

«  Assurer la séparation des flux de personnes malades et de personnes à vacciner »

Certes ! Chacun comprend bien que la première chose est d'éviter que la grande concentration de personnes en attente de la vaccination ne soit une occasion  de transmission du virus pandémique et aussi des nombreux autres pathogènes qui ne demandent qu'à s'échanger, surtout en période hivernale.

Le problème est qu'on peut être contagieux pour la grippe et autres AVANT d'avoir des symptômes. Autrement dit, ces campagnes de vaccination massives peuvent être l'occasion d'amplifier les épidémies.

D'ailleurs le plan prévoyait d'interdire les manifestations sportives pour limiter les concentrations de spectateurs pouvant transmettre le virus. Il est particulièrement cocasse de prévoir la fermeture des gymnases pour cette raison pour les rouvrir aussitôt pour y entasser chaque jour des milliers de personnes afin de les vacciner en faisant défiler ainsi sur quelques mois la quasi totalité de la population !!!  Les Schadocks n'auraient pas trouvé mieux !

Le rapport reconnaît qu'il ne sera pas possible d'atteindre les niveaux souhaités de vaccination par les seuls centres dédiés et qu'il faudra recourir aussi aux cabinets médicaux. Mais comme la seule circonstance où une telle campagne pourrait a priori trouver sa justification serait une pandémie dramatique où les médecins seraient surchargés par les malades à soigner on voit mal comment cela pourrait fonctionner car la raison majeure pour laquelle le plan ne voulait pas confier la vaccination aux médecins de ville était justement qu'ils seraient totalement absorbés par leur activité de soins. La quadrature du cercle !

D'où cette proposition :

« Proposition n° 23 : Lorsque cela est possible, déconcentrer les vaccinations pandémiques dans les communautés de grande taille telles que les établissements scolaires, grandes entreprises et administrations qui bénéficient d’équipes médicales appropriées. » 

« UNE MISE EN OEUVRE QUI A MANQUÉ DE SOUPLESSE »

Certes, là aussi !

« La définition du parcours de vaccination a suscité des critiques dans sa version initiale. Le Gouvernement a su entendre la plupart d’entre elles et le dispositif a été adapté par la voie d’une circulaire conjointe des ministres chargés de l’intérieur et de la santé du 28 octobre 2009. »

La version initiale fut donc la fameuse circulaire du 21 août qui mis le feu sur internet. Il fallu attendre plus de 2 mois pour que certaines dispositions soient annulées comme l'obligation pour les équipes de vaccination de s'auto-vacciner avant de vacciner les autres alors que la ministre répétait 10 fois par jour sur tous les médias depuis le mois de juin que nul ne serait contraint de se faire vacciner...

« Il était ainsi initialement prévu que le médecin du centre ne reçoive que les personnes identifiées comme présentant un facteur de risque au vu de leurs réponses à un questionnaire médical ; ce point a été fortement contesté par les personnels infirmiers. Il a finalement été instauré un entretien systématique de toutes les personnes souhaitant se faire vacciner avec le médecin. »

Il n'y a pas que les personnels infirmiers qui ont contesté : la circulaire du 28 octobre précise que 2 cabinets de juristes avaient été sollicités pour avis et que ceux-ci avaient pointé la responsabilité de l'acte vaccinal qui ne pouvait juridiquement être prise QUE par un médecin.

Dans la version initiale, un seul infirmier orienteur devait prendre sa décision pour 360 personnes en 4 heures, soit 40 secondes tout compris par candidat à la vaccination, en jetant un coup d'œil sur le formulaire rempli par le candidat...

Le rapport nous apprend aussi que 2,693 millions de bons avaient été édités sur place dans les centres de vaccination. Autrement dit, plus de la moitié des personnes venues se faire vacciner n'avaient pas attendues de recevoir leurs bons. Que se serait-il passé si ceux qui avaient reçu leurs bons s'étaient effectivement présentés ?

Partie IV

« UNE CAMPAGNE DE VACCINATION BOUDÉE »

« La communication devra donc, à l’avenir, être considérée comme un enjeu majeur de la gestion des pandémies. »

Mais c'est quoi la communication ? Elle n'est pas l'information, elle est l'art et la manière  d'amener les personnes ciblées par cette communication à penser et faire ce que l'on veut qu'elles pensent et fassent.

Après avoir rappelé un certain nombre de divergences fortes et largement médiatisées, le rapporteur conclut :

« Face à de telles prises de position, dont certaines étaient sans doute motivées par des considérations qui n’étaient pas que d’ordre médical, il était très difficile aux pouvoirs publics de délivrer un message sanitaire réellement audible sur la nécessité de se faire vacciner. Les opinions apparemment divergentes de scientifiques tous a priori compétents, donc crédibles, et les réticences des personnels soignants auraient sans doute dû appeler une communication appropriée pour justifier la stratégie choisie. »

Pour faire la suggestion suivante :

« Peut-être aurait-il été utile, dans un tel contexte, de structurer le débat d’experts dans une instance exclusivement composée de scientifiques – par exemple autour de l’Académie nationale de médecine, référence « parlante » pour beaucoup de Français –, au cours d’une grande conférence médiatisée qui aurait permis de délivrer un message traduisant le consensus scientifique sur les incertitudes, le risque lié à la pandémie et la vaccination. »

Mais comment garantir qu'il existera forcément un consensus scientifique ? Là Monsieur Door, je ne peux vraiment pas vous suivre. Voulez-vous dire que l'État, qui serait forcément l'organisateur de cette ''conférence nationale'', selon les termes de votre proposition n°30, imposerait à ces scientifiques de s'entendre obligatoirement sur un consensus ?

Car où est la science quand la conclusion est imposée à l'avance ? Ils devraient donc être tous d'accord pour reconnaître et affirmer ''d'une seule voix'' que la vaccination sera infiniment moins dangereuse que la pandémie alors que le vaccin ne sera pas encore produit à ce moment là et que le rapporteur fustige plus loin les internautes antivaccinalistes qui s'en prenaient au vaccin pandémique avant que celui-ci n'existe...

« parallèlement, dans ce contexte déjà confus, se sont élevées des voix d’« experts médiatiques » autoproclamés ou en quête d’une gloire éphémère – sur les compétences desquels on ne s’est d’ailleurs pas forcément interrogé – et qui, procédant par raccourcis, sans souci de la nuance, ont pu s’ériger en chevaliers blancs pour finalement affirmer sans ambages et avec le ton de celui-qui-sait que la vaccination était plus dangereuse que la pandémie elle-même. »

Il est facile de reconnaître ici le Dr Marc Girard qui dispose d'un site, avait publié un ouvrage sur le thème dès septembre 2009 et avait participé à de nombreuses émissions radios et télévisées, en particulier à ''C dans l'air'' sur la Cinq. Il a aussi été auditionné par la commission et on peut lire le déroulement de son audition dans l'annexe du rapport.

Il vient de mettre en ligne  sur son site (20/07/2010) une critique de ce rapport de la commission d'audition.

Note en passant : au cours d'une émission radio j'ai entendu François Bricaire et Marc Girard s'appeler par leurs prénoms, preuve qu'ils n'étaient pas si ennemis que cela ...

Je n'ai aucune raison de le soutenir particulièrement et je m'en étais expliqué dans l'annexe d'un de mes articles sur ce blog, à propos de l'émission du 30 juin 2009 sur France Culture et à laquelle il participait. Mais le seul vrai problème qui se pose, indépendamment de son style particulièrement polémiste, est : a-t-il soulevé des problèmes qui méritaient de l'être ?

La démarche scientifique n'est pas une démarche autoritaire et pyramidale où seuls ceux qui occupent le sommet de la hiérarchie pourraient dire des choses censées. Que l'autorité politique suive les experts et comités d'experts institutionnels, c'est logique, normal et dans la nature des structures étatiques et sociales. Mais cette démarche décisionnelle n'a rien à voir avec la recherche du vrai.

Donc, indépendamment des compétences reconnues ou pas, un-tel ou une-telle, même la mère Michu ou la petite Josette, chacun peut, avec son style et son parlé, franc ou pas, exprimer une idée intéressante et que les décideurs feraient bien d'écouter parfois. Comme dit Anne Roumanoff,  ''le seul média libre et indépendant : radio bistro''.

Le rapporteur note encore :

« on a pu constater, lors de la pandémie, une certaine fébrilité des médias qui rendait difficile, pour les autorités, de « baisser le rhéostat » de la communication »

Mais c'est fort logique quand l'OMS passe aussi rapidement au niveau 6 et qu'on connait le contenu des plans pandémiques.

« le syndrome de Guillain-Barré, jusque là méconnu du public, a lui aussi pu connaître son « heure de gloire » médiatique, d’autant plus que le premier cas, constaté chez un personnel soignant vacciné, a été rendu public le 12 novembre 2009, date de lancement de la campagne visant la population générale. Les médias s’en sont évidemment emparés, d’autant plus qu’il était pour ainsi dire « attendu », ne serait-ce que parce que statistiquement un tel syndrome apparaît indépendamment de la vaccination. »

Mais qu'est ce qui permet de dire que ce cas (et d'autres) était une coïncidence ?

« C’est probablement sur internet que les rumeurs les plus folles ont pu courir sur la nature de la grippe A(H1N1) et sur les vaccins. Si certaines affirmations farfelues étaient à l’évidence faciles à contester, d’autres, plus subtiles et traduisant les doutes principaux de la population française, auraient sans doute mérité d’être traitées avec plus d’attention par les pouvoirs publics pour y répondre par une argumentation appropriée : ainsi en a-t-il été de l’inutilité et de l’inefficacité de la vaccination, de l’affirmation d’un lien de causalité entre adjuvants et syndrome de Guillain-Barré, ou encore de l’idée que les vaccins, élaborés dans l’urgence, auraient été insuffisamment testés. » 

Certes ! La nature a horreur du vide, internet aussi. Mais cette attitude distante de l'autorité n'est ni nouvelle ni spécifique à la vaccination. C'est la conséquence de la défaite d'Alésia : la France est un pays de Gaulois (entendez d'individualistes parfois géniaux) dirigé par des Romains (entendez par une administration rigide qui ne cherche qu'à casser du Gaulois). C'est un formidable gâchis en tous domaines, y compris en foot où les Gaulois se nommaient, entre autres, Cantona, Pires...Jusqu'à Jeannie Longo qui à 40 ans était non sélectionnée pour les championnats du monde par la fédé de cyclisme parce que jugée ''trop âgée'' et surtout, probablement, parce qu'elle s'entrainait indépendamment des structures de la fédération...

La circulaire du 21 août avait été inspirée par nos Romains des ministères qui rêvent de ''vacciner du Gaulois'' à la chaîne et à tour de bras afin de briser sa résistance. Le Gaulois leur a fait un joli pied-de-nez à tous ces Romains et depuis ils veulent reprendre la main, d'où toutes ces auditions qui n'ont d'autres objectifs que de chercher comment faire la prochaine fois pour qu'il y ait beaucoup de vaccinés même si ça ne sert à rien, juste pour  se dire ''on les a eu !''

C'est qu'aujourd'hui les Gaulois ont la potion magique qui s'appelle internet que les Romains voudraient contrôler comme en Chine afin de le ''romaniser''. Des parlementaires ont déjà fait des propositions en ce sens. La potion magique qu'ils sont incapables d'utiliser leur fait peur !

Alors, le rapport romain tente de marginaliser et de caricaturer les actions des Gaulois aux forces soudain libérées par la potion magique :

« Des rumeurs au service d’intérêts divers »

« La question se pose de la motivation des divers intervenants sur internet » 

Mais justement non ! Peu importe la motivation : au foot quand un but est marqué on ne se demande pas quelle est la motivation des joueurs mais seulement si le but est valable ou pas, s'il y a hors jeu, main, agression sur un défenseur etc. Il en va de même ici et je répète ce que je disais à propos de Marc Girard : l'argument est-il intéressant, utile, valable, à prendre en compte ou pas indépendamment de l'uniforme et des décorations portés ou pas par celui qui l'avance. »


« On doit ainsi citer les lobbys anti-vaccinaux qui contestent le principe même du recours à la vaccination et qui ont pris une certaine ampleur depuis la campagne de vaccination contre l’hépatite B. Leur stratégie consiste généralement à nier l’efficacité et la sûreté des vaccins dont les risques d’effets secondaires seraient sous-évalués. Ils se fondent en général non sur de la documentation scientifique mais sur des témoignages, ce qui frappe bien évidemment les esprits ; ou bien ils procèdent par extrapolations hasardeuses, raccourcis et citations tronquées de travaux et d’études pour parer leurs arguments d’une aura scientifique. Ils ont, avant même la disponibilité des vaccins, puis lors de la campagne de vaccination, fait amplement valoir leurs positions qui constituent une régression scientifique et médicale non seulement scandaleuse mais dangereuse. »

Oui, ces vaccins furent critiqués avant même leur disponibilité, tout comme les mérites de ces vaccins étaient avancés par les experts et les politiques dès le mois de mai au motif que le mode de fabrication était connu et déjà testé ainsi que les propriétés des adjuvants qui n'étaient pas nouveaux. Il était donc possible, selon les experts, d'anticiper leurs caractéristiques. D'ailleurs leur obligation éventuelle était très sérieusement envisagée au mois de mai.

Dans ces conditions, au nom de quoi interdire aux uns de critiquer ces vaccins avant qu'ils soient produits tout en trouvant normal que leurs mérites soient loués par anticipation au point d'envisager de légiférer sur leur usage avant qu'ils aient obtenus leur AMM ?

Le rapporteur tient cependant à distinguer entre ''le lobby antivaccinal'' et les ''tenants de la théorie du complot'' :

« Au-delà, l’expression d’oppositions à la campagne de vaccination sur internet a constitué une réelle opportunité pour divers tenants de la théorie du complot. On a pu lire de tout : le virus aurait été créé par les laboratoires en assortissant un virus humain et un virus porcin, afin de commercialiser un vaccin dont la production aurait anticipé la pandémie – on a ainsi parlé de « grippe Sanofi » ; les vaccins seraient mortels ; la vaccination serait obligatoire et forcée ; ou encore, la pandémie aurait été créée de toutes pièces pour préparer un génocide mondial. Ainsi, au détour d’un appel contre la campagne de vaccination découvre-t-on que les « illuminati-reptiliens » auraient déclaré la guerre biologique à l’humanité pour voler son ADN… »

Désolé Monsieur le rapporteur, mais quel amalgame vous faites : les illuminati-reptiliens d'une part avec la crainte que la vaccination puisse être obligatoire et forcée d'autre part alors que le Journal du dimanche du 30 mai 2009 avait annoncé que la vaccination pourrait être obligatoire, qu'une juriste interrogée par le journal avait déclaré ''que nul ne pourrait s'y soustraire'', que l'historien de la santé publique Patrick Zylberman qui est titulaire de la chaire d'histoire de la santé publique à l'école des hautes études de santé publique à Rennes avait affirmé à plusieurs reprises au cours de ses nombreuses auditions que l'obligation avait effectivement été envisagée au cours d'une réunion interministérielle le 29 avril 2009 pour être abandonnée début juillet; que la circulaire du 21 août présentait la vaccination des équipes de vaccination comme obligatoire; qu'une circulaire du ministère de l'Intérieur du 8 septembre 2009 affirmait que les personnels militaires des gendarmeries seraient tenus de se faire vacciner; qu'à son audition du 14 juin 2010, le DGS Didier Houssin laissait clairement entendre que l'obligation était une alternative qui avait été envisagée et qui n'était nullement exclue dans l'avenir.

Il est d'ailleurs très étrange de classer la crainte d'une obligation contraignante dans la catégorie des ''complotistes'' plutôt que celle des antivaccinalistes qui pourtant ont largement exprimé cette crainte qui n'était pas sans fondements, très loin de là et alors que l'épée de Damoclès de l'obligation en  cas de nouvelle pandémie reste suspendue sur nos têtes comme Didier Houssin l'a très clairement laissé entendre.

La question se pose alors : pourquoi le rapporteur a-t-il fait cet amalgame alors qu'il est très certainement un partisan zélé des obligations vaccinales ?  C'est très étrange alors qu'il avait certainement voté fin 2005 l'amendement rendant obligatoire la vaccination grippale pour les personnels de santé, obligation qui fut suspendue par décret le 14 octobre 2006 sur avis du CSHPF du 19 mai qui recommandait cette suspension. Très étrange alors qu'il était l'un des parlementaires organisateurs du colloque du 4 mars 2009 à la Maison de la Chimie à Paris, colloque intitulé ''Les vaccins : une excellence française à préserver''. Colloque où le sénateur Paul Blanc avait déclaré, à la suite du décès d'une fillette par rougeole en janvier, que le parlement se devait de donner un signal fort,  laissant clairement entendre que le parlement se devait de rendre le ROR obligatoire, propos avec lesquels Jean-Pierre Door étaient certainement en accord.

Une erreur de rédaction ? J'en doute. Plutôt une façon de dénigrer par avance ceux qui affirmeraient leurs craintes d'une obligation vaccinale pour la prochaine pandémie en leur plaquant le masque de ceux qui parlaient des objectifs des ''illuminati-reptiliens'' afin de les décourager de s'occuper de ce problème. Ainsi, en l'absence d'une mobilisation préalable sur la question, l'obligation pourrait être mise en place plus facilement.

On peut d'ailleurs s'interroger aussi sur des bruits aussi étranges que ceux lancés sur ces ''illuinati-reptiliens'' et autres sornettes. Et si c'étaient des rumeurs lancées par la propagande vaccinaliste afin de dénigrer plus facilement le discours opposé à la vaccination ? Il ne faut rien écarter et si ce n'avait pas été le cas cette fois cela pourrait leur donner des idées pour la suivante.

« DES ERREURS DANS LA COMMUNICATION DES POUVOIRS PUBLICS »

« Elle a certes remporté de réels succès, s’agissant par exemple de la promotion des gestes barrières  qui, de l’avis de l’ensemble des personnes auditionnées par la commission d’enquête, a donné lieu à  de réels changements dans les comportements des Français. »

C'est à l'application de ces gestes barrières que Madame la ministre attribue la réduction spectaculaire des gastros et des bronchiolites en 2009. Très bien, il faut continuer. Ils sont sans doute aussi très efficaces et d'application instantanée contre la grippe sans attendre les AMM. Quand la campagne vaccinale a commencé les messages en faveur de ces mesures barrières ont été remplacés par ''une seule solution, la vaccination''.

« Mais elle n’a pas su se montrer  suffisamment persuasive concernant la vaccination, puisque moins de 10 % de la population ont souhaité se faire vacciner. »

Là aussi, c'est plutôt une bonne nouvelle : il faudrait logiquement plutôt se réjouir que les Français aient fait le bon choix même s'il n'était pas argumenté. La chance, ça compte aussi dans la vie. Je pense que la plupart de ceux qui sont allé se faire vacciner ont pu se sentir un peu ballots quelques semaines plus tard.

« La nécessité d’un débat public sur les risques de pandémie ou de crise sanitaire grave »

« Au-delà du débat d’experts et de la communication gouvernementale, la gestion d’une crise pandémique doit donner lieu à un grand débat public, comme l’a souligné M. Didier Tabuteau, conseiller d’État et directeur de la chaire Santé de l’Institut d’études politiques de Paris. On a vu que les Français ont mis en doute la stratégie adoptée par le Gouvernement, doute qui les a finalement détournés de la campagne de vaccination mise en place. C’est donc qu’il convenait de mieux en expliquer le contenu, par une argumentation détaillée, afin de parvenir sinon à un consensus sur cette stratégie, du moins à une discussion apaisée sur les moyens envisagés qui permettrait de répondre aux interrogations et parfois aux inquiétudes. La gestion de la crise pandémique a souffert d’être essentiellement tournée vers l’action. »

 

Vous êtes sûr, Monsieur le rapporteur, qu'il aurait suffi d'expliquer le contenu de la campagne pour que soudain elle se trouve justifiée aux yeux des Français qui se seraient alors précipités en masse dans les centres alors que les indicateurs étaient au vert ? Je répète que quand la campagne a débuté le 12 novembre avec la vaccination de la ministre de la santé, l'épidémie en Île-de-France avait franchi son pic depuis 2 semaines avec une incidence divisée par 2 et qu'il en allait de même en Belgique.

Non, il fallait faire marche arrière toute. Tout forcing supplémentaire, même apaisé, aurait produit l'effet contraire à celui recherché. On ne peut forcer les faits et les virus à se conformer aux plans voire aux espérances secrètes de leurs concepteurs. N'y avait-il pas dans l'air un intense désir de pandémie ?

« Enfin, il nous faut mener une campagne volontariste d’information du grand public pour rappeler les bienfaits de la vaccination et lutter contre le refus vaccinal et, plus largement, diffuser une culture de santé publique, notamment à l’égard des publics les plus défavorisés, pour pouvoir mobiliser nos concitoyens lors de la prochaine crise sanitaire. Le futur plan « santé » élaboré en concertation entre les ministères de la santé et de l’éducation nationale devrait, de ce point de vue, constituer une avancée intéressante. »

J'approuve cette proposition (mais pas forcément les objectifs qu'elle se donne) car, pour ma part, je pense que plus on parlera de vaccins et de vaccinations plus il y aura d'opportunités pour contester le message officiel. C'est facile à comprendre : cette proposition du rapporteur obligera ses artisans à se découvrir en étalant leurs objectifs et leurs arguments. C'est exactement ce qui se produit avec ce rapport qui m'offre (à moi et à beaucoup d'autres) l'opportunité de l'analyser pour passer à l'offensive et finalement empêcher que les objectifs poursuivis soient atteints.

Certes, je n'ai aucune illusion sur la puissance de mon char même si mes arguments étaient justes et pertinents. D'ailleurs je n'ai aucune ambition de puissance car elle prive un jour de la liberté d'être et de penser. Cette liberté est incompatible avec l'exercice d'un pouvoir.

Le pouvoir fournit la vague et sa puissance. Il suffit de surfer dessus. Inutile de rechercher la puissance. Vous connaissez l'histoire de David et Goliath. Certains veulent jouer à petit Goliath, ils ne peuvent que perdre. Si on boxe un boxeur on ira au tapis. Il faut le chatouiller sous les bras.

J'ai appris par ''la bande'' qu'un membre d'un parti politique que je ne connais absolument pas avait écrit à Jean-Pierre Door et à quelques autres députés de la commission d'audition pour leur suggérer de m'auditionner (son courrier m'a été transmis). Il le faisait après avoir lu mes articles sur le blog d'Antoine Flahault et peut-être aussi sur celui-ci. Je n'ai évidemment et fort heureusement pas eu cet honneur qui m'aurait beaucoup encombré.

Non, je préfère lancer des graines à la volée en espérant que le vent les portera vers quelques esprits  fertiles qu'elles féconderont pour prendre un nouvel essor. Mais je ne souhaite nullement aller plus loin. Je préfère aller faire du vélo, c'est meilleur pour ma santé.

« CONCLUSION »

« La France, pour la première fois de son histoire, a eu à faire face à une pandémie de grippe A(H1N1). On a légitimement cru qu’elle donnerait lieu à une crise sanitaire grave et que, cette fois, nous serions capables de la prévenir et la contrôler. Imprévisible comme la plupart des virus, celui que nous avons eu à affronter s’est révélé finalement peu virulent, au point que la catastrophe un temps pressentie s’est transformée en une épidémie comparable à une grippe saisonnière ; en quelque sorte, une crise sans crise. »

« La pandémie que nous venons de connaître a été le formidable révélateur d’une crise de confiance : celle de nos concitoyens qui ne croient plus aux messages de prévention et de santé publique, se défient de la parole de l’État en période de crise sanitaire et préfèrent s’en remettre à d’autres sources d’information, aux intérêts divers mais très médiatisées. »

Monsieur Door, nos concitoyens se défient de la parole de l'État parce qu'ils ont été trompés dans le passé, tout simplement. Cela ils ont pu le constater eux-mêmes, parfois très cruellement dans leur propre corps ou celui d'un proche, d'un voisin, d'un collègue... Avez-vous oublié l'affaire de la vaccination hépatite B, celle de l'hormone de croissance, celle du sang contaminé ?

Avez-vous oublié que fin 2005 les autorités, OMS en tête, faisaient pratiquement croire que la pandémie H5N1 allait déferler sur le monde pour y faire des dégâts comparables à ceux de la grippe de 1918 ? Souvenez-vous du livre sorti en août 2005, écrit par 2 de nos experts les plus en vue et qui annonçait  en sous-titre 500000 morts en France en rouge sur fond noir.

Avez-vous oublié la gestion lamentable du remplacement du Monovax par le BCG SSI : 18 mois de polémiques, des pédiatres et médecins qui faisaient la grève du BCG, des familles qui ont attendu  avec anxiété pendant des mois, voire plus d'un an, la levée de l'obligation du BCG pour respirer un peu.

Avez-vous oublié … j'en passe pour ne pas allonger.

ET vous voudriez que les responsables soient … LES AUTRES comme dans la cour de récré de l'école primaire ! Ce seraient donc les vilains antivaccinalistes qui soudain et comme par enchantement auraient conquis une audience nationale auprès des Français !!!

Souvenez-vous : au colloque sur les vaccins du 4 mars 2009 et dont vous étiez l'un des organisateurs, la toute récente enquête Nicolle sur l'attitude des Français vis à vis de la vaccination était présentée par l'Inpes. Il a été dit en votre présence que l'audience du mouvement antivaccinal était très faible, à peine perceptible et que le crédit accordé par la population aux arguments des antivaccinalistes était quasi nul. De plus, selon cette enquête qui a connu une importante médiatisation, les Français seraient en faveur des obligations vaccinales.

Cette confiance dans l'appareil d'État et l'argumentaire officiel aurait-elle pu soudainement s'effondrer pour se retourner à 90% en faveur des arguments antivaccinalistes  ? Non, ce n'est ni sérieux ni crédible !

Non Monsieur Door, les Français n'ont pas eu besoin des antivaccinalistes pour forger leur opinion et définir leur choix. Le spectacle offert depuis de nombreuses années par la santé publique leur a largement suffi.

« Les folles rumeurs sur internet, les attaques violentes du lobby anti-vaccin ou encore les annonces spectaculaires de pseudo-experts en quête de gloire médiatique auront sans doute laissé des traces. Le sensationnalisme a prévalu sur les faits documentés ; la parole officielle a été décrédibilisée par des acteurs sur les motivations desquels on s’interroge encore. »

La parole officielle s'est décrédibilisée toute seule par ces incohérences et ses lacunes, tout simplement, comme il est aisé de pointer des lacunes et des incohérences dans ce rapport.

« Un tel constat n’est pas nouveau en période de crise sanitaire. La violence des propos sur internet a sans doute été une cause des problèmes connus par la campagne de vaccination, mais elle est aussi probablement la conséquence d’un mal plus profond de la société française qui semble avoir préféré l’irrationnel au rationnel. »

Pour ma part, ce qui me frappe c'est surtout l'irrationalité définie par les incohérences et les lacunes de l'argumentation officielle.

« Plus largement, on a pu constater le défi que constitue, aujourd’hui, la délivrance d’un message de santé publique qui s’attache à l’intérêt collectif, dans une société à l’individualisme croissant où chacun élabore sa propre balance bénéfice/risque et obéit à une logique personnelle.

Les leçons sont multiples. »

Que les leçons soient multiples, ça c'est sûr. Mais quelles sont les véritables leçons de cette affaire ? Les autorités qui dirigent la santé publique n'auraient en vu que le bien de tous alors qu'en face ce ne serait que des intérêts égoïstes s'opposant au Bien général.

Mais enfin, pouvez-vous nous dire Monsieur Door en quoi la santé de la communauté française aurait été mieux servi si la population s'était précipitée en masse de novembre à mars pour se faire vacciner ? En quoi ? Non, les événements ont démontré, au moins a posteriori, que les Français avaient été bien inspirés en restant chez eux. Un pari ? En partie sans doute. Qui aurait pu être perdu ? Peut-être mais il a été gagné. Au foot la victoire aurait pu souvent  changer de camp, mais la victoire est la victoire. Les supporters déçus doivent savoir se montrer bons perdants.

Débat entre les membres de la Commission. Un extrait :

"M. le rapporteur Jean-Pierre Door

Le dispositif utilisé pour lutter contre la pandémie avait été élaboré initialement pour faire face à des menaces sanitaires graves, comme la grippe aviaire. C’est le cas du règlement sanitaire international – RSI – auquel nous sommes soumis.

Celui-ci constitue un cadre de référence essentiel pour le partage de l’alerte, mais il a conduit l’OMS à déclarer la situation de pandémie sans tenir compte de la virulence du virus.

Je pense que nous nous accorderons tous sur une proposition qui consiste à œuvrer au niveau européen pour que l’OMS révise la définition de la pandémie en y intégrant un critère de gravité.

M. Gérard Bapt.

"Tout à fait.”

Mais Monsieur JP Door, que voulez-vous dire ainsi ? Voulez-vous suggérer que vous pensez que l’OMS n’aurait pas dû déclarer l’état de pandémie en 2009 ?

Mais alors, dans ces conditions, aucun État dont la France n’aurait envisagé de lancer une campagne généralisée de vaccination.

Comment pouvez-vous tout à la fois tenir ces propos et faire plus que regretter que les Français ne soient pas allé en masse se faire vacciner ?

Ils ont tout simplement corrigé d’eux-mêmes le tir inadapté et dont vous reconnaissez vous-même qu’il l’était.

Que voulez-vous dire alors, Monsieur le rapporteur, par le paradoxe de vos propos ? Sans doute que la décision doit rester à l’autorité et que la population devra se contenter de suivre, en toute confiance.

Il est vrai que c’est beau la Confiance, comme disait Panurge….

Audition de Madame Roselyne Bachelot

« M. Gérard Bapt.

Je remarque aussi que vous avez repris le propos selon lequel le virus était extrêmement capricieux. Mais comme le professeur Antoine Flahault l’a dit, et l’a répété hier devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, une pandémie n’est terminée que quand le virus mute. Cela signifie qu’en mutant, le virus en cause, agent de la pandémie, ne laisse pas à un nouveau virus la place de se développer. Arrêtons de dire que l’on ne sait jamais ce que le virus peut devenir. Ce sont là des éléments sur lesquels il faudrait s’entendre car il en va de la conduite de la stratégie vaccinale.

Mme la ministre.

Je suis très heureuse que vous citiez le professeur Antoine Flahault, qui nous avait promis 30 000 morts !

M. Gérard Bapt.

Il a reconnu s’être trompé.

Mme la ministre.

Je préfère m’appuyer sur des décisions collégiales et argumentées et je n’ai pas pour habitude de choisir, parmi les analyses des experts, celles qui m’arrangent.

Je me suis appuyée en premier lieu sur l’expertise des agences sanitaires issues de la loi du 1er juillet 1998. »

Rappelons quand même que l’Invs avait estimé le nombre de décès entre 3000 et 96000 …Sur quelles valeurs fallait-il s’appuyer pour décider ? Apparemment, pour Madame la Ministre le Professeur Antoine Flahault, directeur (entre autres) de l'école des hautes études de santé publique serait un franc-tireur ?

Quant aux estimations "collégiales" de l'InVS, j’avais pu étudier en détail [2] comment l’agence s’y était prise pour estimer le nombre de cas évités par le BCG chez les enfants d’au plus 15 ans. C’était affligeant de simplisme. Par exemple, l’efficacité supposée du BCG était une moyenne (50% par exemple) s’appliquant aussi bien aux enfants dits fortement exposés qu’à ceux dits faiblement exposés.

[2] "Un calcul très simpliste" et aussi "l'expertise était dans la lune"

Or, il est certain que le BCG n’a pas du tout la même efficacité sur un enfant contaminé à l’occasion une fois dans l’autobus parce qu’il s’est trouvé assis à côté de la mauvaise personne  que sur un enfant (souvent beaucoup plus jeune) contaminé en permanence à la maison par l’un de ses parents qui tousse et qui projette les bacilles dans les pièces de la maison.

Ne pas distinguer entre les 2 est une erreur majeure qui majore de façon considérable le nombre calculé de cas évités comme j’ai pu le montrer.

De plus, pour ce qui est de la collégialité, sur cet exemple du BCG les calculs ont été faits par un seul expert et présentés comme étant le fruit d’une expertise collective Inserm d’au moins une dizaine d’experts.

Je n’ai pas autant d’informations pour la grippe mais l’exemple du BCG montre bien comment fonctionne le système et si on peut toujours dire qu’il ne faut pas extrapoler trop vite, on peut aussi être convaincu que les moeurs de fonctionnement interne ne changent que très peu.

 

à suivre...

 

 

 

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