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La Question des Vaccins
26 juin 2010

La campagne vaccinale H1N1 sur la sellette à l'Office parlementaire

Le 14 juin 2010  l'Opecst (Office parlementaire  d'évaluation des choix scientifiques et techniques) avait organisé un colloque intitulé ''H1N1, et si c'était à refaire ? '' J'ai écouté l'audition de Mme Béatrice Broche, porte-parole du syndicat des médecins inspecteurs de la santé publique. Elle intervient en dernier au cours de la table ronde n°4 : ''Comment organiser l'action publique ?'' (vidéo)

Elle annonce qu'elle va parler d'un problème non encore abordé : la mise en œuvre sur le terrain avec ses 297 circulaires... Elle va souligner avec vigueur l'énorme distorsion entre ce qui était prévu et ce qui était réellement possible. Heureusement, dit-elle, que les Français ne sont pas venu se faire vacciner, sinon  ...

Elle fait allusion à la circulaire du 21 août qui décrivait pour la première fois l'organisation des centres de vaccination.

« Ce plan vaccinal, dit-elle, c'est quelque chose d'inimaginable. A aucun moment nous n'avons eu de débat sur sa faisabilité... Planning et réquisitions, 2 mots mais derrière ces 2 mots, une organisation très, très lourde. »

Elle n'entre pas dans les détails du plan vaccinal initial qui sera amendé par la circulaire du 28 octobre mais on sait qu'une équipe de vaccination (il pouvait y en avoir plusieurs par centre) était constituée, pour la seule composante médicale, hors secrétariat, d'un unique médecin, de 5 infirmiers en extrémité de chaîne médicale pour l'injection (2 pour remplir les seringues, 3 pour piquer) et, en début de chaîne médicale, d'un seul infirmier orienteur.

Cette équipe devait vacciner 360 personnes en 4 heures, soit 90 à l'heure, soit  2 minutes par injection, 80 secondes pour charger chaque seringue et tenir la cadence pendant 4 heures.

Mais il y avait aussi, et surtout, le début de la chaîne médicale : après avoir rempli un formulaire médical, chacun le présentait à l'infirmier orienteur (un seul par équipe). Il disposait donc en moyenne de 40 secondes par personne, tout compris. Tout, y compris les inévitables pauses en 4 heures d'activité, y compris les ralentissements liés aux personnes handicapées ou naturellement lentes pour se déplacer, y compris dire bonjour, observer un instant le visage du candidat à la vaccination, découvrir sa fiche médicale, son âge, poser une ou 2 questions et attendre les réponses...avant de prendre sa décision en son âme et conscience : envoyer directement à la vaccination ou faire passer par le médecin qui prendra la décision après un interrogatoire plus approfondi, sans pour autant envoyer au médecin plus de personnes qu'il ne pouvait en examiner pour qu'il ne soit pas débordé.

Le rapport entre le nombre d'infirmiers pour l'injection (5) et le nombre pour la décision  de l'acte vaccinal (1 seul, le médecin n'intervenant que pour les cas jugés litigieux par l'infirmier) donne une idée très claire de ce qui était la priorité !

A l'époque, il était prévu de vacciner ainsi 47 millions de personnes avec 2 doses, ce qui ne simplifie pas et ce entre le 15 octobre et le 31 janvier !!!

Au cours de la même table ronde, Didier Houssin avait reconnu que si le plan initialement prévu pour le H5N1 avait été bien utile « il y avait aussi des leçons à tirer : ce que nous n'avions pas préparé, ça nous à fait défaut et nous n'avions pas suffisamment préparé l'organisation d'une campagne de vaccination. »

Certes !!! Merci pour l’aveu ! Surtout quand on sait que la vaccination était la pierre angulaire du plan pandémie …

Il est évident que ceux qui avaient conçu ce plan vaccinal avaient organisé, sciemment ou non, une campagne de vaccination ''à la hussarde'', seule façon d'atteindre les objectifs affichés. Dès la publication de cette circulaire, un certain nombre d'internautes s'en étaient rendu compte. Peut-on leur reprocher d'avoir été lucides et d'avoir vu aussitôt ce dont nos responsables et organisateurs ne prendront conscience que plus tard et dont la représentante des médecins inspecteurs a rendu compte au cours de son audition ?

La publication de ce plan vaccinal ''inimaginable'' a largement contribué à ''affoler'' internet. Le député Jean-Pierre Door, qui pilote avec la sénatrice Marie-Christine Blandin les auditions de l'Office parlementaire et rédigera un rapport, se demande, en préambule de cette table ronde, comment améliorer les relations entre les pouvoirs publics et les réseaux sociaux d'internet afin d'avoir dans l'avenir une action publique plus efficace et d'éviter les rumeurs et la désinformation.

Mais prendront-ils conscience que, pour une large part, ce sont les pouvoirs publiques eux-mêmes qui ont alimenté les craintes exprimées sur internet et ce ne sont pas les mesures confidentielles prévues par le ministère de la Justice en cas de pandémie et révélées le 8 septembre 2009 par le Syndicat de la magistrature dans une lettre ouverte au garde des Sceaux qui pouvait calmer le jeu.

 

Je n'ai pas écouté toutes les auditions ni lu tous les comptes rendus mais je n'ai encore trouvé aucun auditionné ni aucun membre des commissions d'audition faire allusion à cet épisode. Pourquoi ne pas avoir auditionné la présidente du Syndicat de la magistrature Emmanuelle Perreux et le garde des Sceaux pour éclairer cette affaire qui avait forcément beaucoup agité internet?

Je peux témoigner, pour avoir suivi ce qui se publiait sur le net à cette époque, que c'est bien la circulaire du 21 août qui a mis le feu aux poudres, amplifiée par les révélations du Syndicat de la magistrature le 9 septembre. En effet, de telles ”énormités” parfaitement avérées ont pu conforter un certain nombre d’internautes dans l’idée qu’un plan secret extrêmement coercitif était bien en train de se mettre en place avec la contribution du ministère de la Justice, ce qui pouvait sembler accréditer certaines rumeurs qui n’avaient pas de sources officielles. Chacun comprenait que sans l’initiative du Syndicat de la magistrature on n’en aurait rien su et qu’il pouvait y avoir d’autres choses encore plus secrètes …

Je peux reconnaître que moi-même, confronté à de telles énormités officielles, je commençais à avoir des doutes. La circulaire du 28 octobre ainsi que le plan de Luc Chatel pour les scolaires m’avaient un peu rassuré mais ce fut bien tardif, le 8 novembre...

Grand Merci cependant à Mme Béatrice Broche pour avoir rappelé en termes vigoureux la non faisabilité de la campagne de vaccination telle qu'elle avait été prévue initialement même si elle n'est pas entré dans le descriptif de cette organisation qui pourrait en dire plus long encore ...

 

 

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