L'enterrement d'une étude défavorable au vaccin DTC
« Une augmentation de la mortalité dans
les six mois qui ont suivi la vaccination a été rapportée chez les enfants
vaccinés par le DTC.
La question des effets délétères potentiels de
la vaccination DTC sur la survie de l’enfant a déjà fait l'objet de plusieurs
délibérations et revues par le Comité consultatif mondial sur la Sécurité des
Vaccins de l’OMS (GACVS), qui a commissionné la mise en place d'études au Bangladesh,
au Burkina Faso, en Indonésie et en Papouasie Nouvelle Guinée pour rechercher
des éléments tendant à confirmer cette hypothèse.
Lors de sa réunion de juin 2004, informé par le rapport du groupe de travail spécial, le GACVS a décidé que les données ne permettaient pas de conclure à un effet nuisible de la vaccination par le DTC sur la survie de l'enfant (en fait l'ensemble des données fournit des arguments sérieux à l'encontre d'une telle hypothèse) et que la question serait mise de côté à moins que des arguments nouveaux et convaincants n'émergent dans le futur. »
« L’une
des caractéristiques communes à tous ces documents est que les résultats
signalés provenaient d’études d’observation. De ce fait, les résultats
pouvaient avoir été fortement influencés par la sélection et par des facteurs
de confusion. Bien que dans certaines études on se soit efforcé de neutraliser
les facteurs de confusion, on ne peut affirmer avec certitude que les résultats
n’ont pas été influencés par des facteurs de confusion non mesurées. »
Voilà une restriction qui mériterait d’être plus souvent rappelée
et pas uniquement quand il s’agit d’études défavorables à des vaccins.
« Dans
la plupart des cas, des effets attribués à la vaccination DTC auraient aussi
bien pu être attribués au vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) puisque ces
deux vaccins avaient, bien souvent, été administrés en même temps. Dans
certains programmes de vaccination, le BCG et le DTC1 avaient été administrés
simultanément et il n’était pas possible d’examiner les effets respectifs de
ces vaccins dans les études portant sur ces programmes. »
Eh bien, si les vaccins polio et BCG avaient aussi pu participer au
phénomène il faudrait le dire plutôt que de considérer cela comme un argument pour
que "la question soit mise de côté" comme cela fut fait …
« Tous les documents ont décrit
des études dans lesquelles les individus vaccinés étaient comparés avec des
individus non vaccinés. En général, les enfants vaccinés se sont présentés dans
des centres de vaccination pour recevoir les vaccins. Ces enfants-là ne sont
probablement pas les mêmes que ceux qui ne se font pas vacciner ou proviennent
de milieux différents. Ces différences ont peut-être une incidence sur le risque
de mortalité de ces enfants, indépendamment de leur état vaccinal. Des facteurs
de confusion comme ceux-ci sont inhérents à des études d’observation et ils
peuvent être impossibles à neutraliser complètement. »
Excellente remarque ! On ne peut comparer que des groupes
comparables. C’est bien cela qui a été oublié par exemple pour le calcul des
cas évités par le BCG par l’expertise Inserm : les enfants faiblement
exposés sont beaucoup plus vaccinés que les enfants fortement exposés très tôt
dans la vie car, en dehors d’une vaccination très précoce, ils ne sont plus
vaccinables ensuite. Voir un calcul
très simpliste.
« La forte corrélation entre
l’administration de deux vaccins différents soulève deux principaux problèmes ;
le premier est d’ordre statistique et le second d’ordre épidémiologique.
En cas de forte corrélation entre
deux facteurs de risque éventuels, l’instabilité des modèles statistiques
s’accroît. Dans certaines études examinées par le groupe spécial, les valeurs
étaient très différentes si un ou deux cas étaient exclus. En cas d’erreur de
classification, fût-elle minime, de faibles modifications
d’une
série de données se rapportant à plusieurs milliers d’individus peuvent altérer
considérablement la signification statistique. Cela vaut pour toute méthode
d’analyse multivariée.
Le
problème épidémiologique est que ces petits effectifs appartiennent des
sous-groupes dont les caractéristiques présentent parfois des différences
considérables qui ne sont pas mesurées. Les sujets recevant un seul vaccin ne
sont en général guère représentatifs de l’ensemble de la population. En
d’autres termes,
même
si une association était statistiquement stable (ce qui n’est pas le cas), la
possibilité d’explications non-causales du schéma observé dans les données
serait plus forte que dans le cas où la corrélation entre les facteurs examinés
est plus faible. »
Tout ceci est bel et bien mais, faut-il le rappeler, l’analyse
de données statistiques obéit à des règles indépendantes de la conclusion. Or,
on est bien obligé de constater qu’une étude concluant dans "le bon
sens" est toujours beaucoup mieux traitée. Inutile d’aller bien loin
puisque ce rapport en donne lui-même l’illustration. Il ajoute en effet :
La
qualité des études provenant d’autres sources que le groupe responsable des
recherches en Guinée Bissau a été jugée inégale mais certaines se signalaient
par une bonne évaluation des décès et de l’état vaccinal et d’autres par
une bonne neutralisation de quelques facteurs de confusion importantes,
et l’emploi de méthodes analytiques valables. Ces considérations augmentent
la confiance dans la validité des résultats signalés.
Aucune de ces études n’a conclu à des effets délétères de la vaccination DTC/VPO et
toutes ont montré que cette vaccination induisait une réduction de la
mortalité. »
Pourtant, comme ils le reconnaissent en partie, ces études
ont les mêmes défauts majeures que les autres :
« Cela
dit, il s’agissait dans tous les cas d’études d’observation et pouvaient
présenter des biais dus à des facteurs de confusion non maîtrisés. Ceci peut
expliquer, au moins en partie, les effets protecteurs apparents de la
vaccination DTC/VPO contre la mortalité. »
Ce qui ne changera rien à la conclusion, impitoyable pour les
études défavorables aux vaccins et plutôt complaisante pour les autres :
« Le
Groupe spécial a estimé à l’unanimité que la totalité des résultats mis en
évidence dans les documents examinés ne permettaient pas de conclure à un effet
délétère de la vaccination DTC mais qu’ils tendaient au contraire à réfuter
cette hypothèse »
« Le
Groupe spécial a estimé que si certains documents ont présenté des résultats
compatibles avec l’hypothèse d'un effet délétère du DTC sur la survie, la force
de la preuve était faible et insuffisante, de l’avis du Groupe spécial, pour
justifier des essais randomisés afin de vérifier cette hypothèse. Il a même
estimé que certains types d’essais, comme des essais contre placebo ou des études
visant à retarder la vaccination DTC seraient contraires à l’éthique. »
Pourquoi contraire à l’éthique ? Une telle étude, qui
conduirait à seulement retarder volontairement la vaccination de certains enfants afin de pouvoir
établir une comparaison, serait non éthique car elle les priverait d’une protection alors que le but de l’étude est justement de vérifier s’il
s’agit bien d’une protection ou de l’effet inverse, du moins sur le critère de
la mortalité. Les études n’ont pas été menées correctement mais Il est jugé
contraire à la morale de les reprendre dans de meilleures conditions…