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La Question des Vaccins
24 novembre 2007

L'enterrement d'une étude défavorable au vaccin DTC

Dans une page mise à jour le 30 janvier 2007, l’OMS revient sur l’éventualité d’une augmentation de la mortalité chez les enfants vaccinés simultanément contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC).

« Une augmentation de la mortalité dans les six mois qui ont suivi la vaccination a été rapportée chez les enfants vaccinés par le DTC.

La question des effets délétères potentiels de la vaccination DTC sur la survie de l’enfant a déjà fait l'objet de plusieurs délibérations et revues par le Comité consultatif mondial sur la Sécurité des Vaccins de l’OMS (GACVS), qui a commissionné la mise en place d'études au Bangladesh, au Burkina Faso, en Indonésie et en Papouasie Nouvelle Guinée pour rechercher des éléments tendant à confirmer cette hypothèse.

Lors de sa réunion de juin 2004, informé par le rapport du groupe de travail spécial, le GACVS a décidé que les données ne permettaient pas de conclure à un effet nuisible de la vaccination par le DTC sur la survie de l'enfant (en fait l'ensemble des données fournit des arguments sérieux à l'encontre d'une telle hypothèse) et que la question serait mise de côté à moins que des arguments nouveaux et convaincants n'émergent dans le futur. »

Dans le rapport du groupe de travail spécial, les experts font preuve d’un esprit critique qu’on aimerait retrouver plus souvent. Cela change en tout cas des analyses statistiques navrantes qui nous ont été proposées par l’expertise collective Inserm de novembre 2004 et au cours de l’audition sur le BCG (voir par exemple certains de mes articles sur ce sujet).
On y lit en particulier : 

« L’une des caractéristiques communes à tous ces documents est que les résultats signalés provenaient d’études d’observation. De ce fait, les résultats pouvaient avoir été fortement influencés par la sélection et par des facteurs de confusion. Bien que dans certaines études on se soit efforcé de neutraliser les facteurs de confusion, on ne peut affirmer avec certitude que les résultats n’ont pas été influencés par des facteurs de confusion non mesurées. »

Voilà une restriction qui mériterait d’être plus souvent rappelée et pas uniquement quand il s’agit d’études défavorables à des vaccins.

« Dans la plupart des cas, des effets attribués à la vaccination DTC auraient aussi bien pu être attribués au vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) puisque ces deux vaccins avaient, bien souvent, été administrés en même temps. Dans certains programmes de vaccination, le BCG et le DTC1 avaient été administrés simultanément et il n’était pas possible d’examiner les effets respectifs de ces vaccins dans les études portant sur ces programmes. »

Eh bien, si les vaccins polio et BCG avaient aussi pu participer au phénomène il faudrait  le dire plutôt que de considérer cela comme un argument pour que "la question soit mise de côté" comme cela fut fait …

« Tous les documents ont décrit des études dans lesquelles les individus vaccinés étaient comparés avec des individus non vaccinés. En général, les enfants vaccinés se sont présentés dans des centres de vaccination pour recevoir les vaccins. Ces enfants-là ne sont probablement pas les mêmes que ceux qui ne se font pas vacciner ou proviennent de milieux différents. Ces différences ont peut-être une incidence sur le risque de mortalité de ces enfants, indépendamment de leur état vaccinal. Des facteurs de confusion comme ceux-ci sont inhérents à des études d’observation et ils peuvent être impossibles à neutraliser complètement. »

Excellente remarque ! On ne peut comparer que des groupes comparables. C’est bien cela qui a été oublié par exemple pour le calcul des cas évités par le BCG par l’expertise Inserm : les enfants faiblement exposés sont beaucoup plus vaccinés que les enfants fortement exposés très tôt dans la vie car, en dehors d’une vaccination très précoce, ils ne sont plus vaccinables ensuite. Voir un calcul très simpliste.

« La forte corrélation entre l’administration de deux vaccins différents soulève deux principaux problèmes ; le premier est d’ordre statistique et le second d’ordre épidémiologique.

En cas de forte corrélation entre deux facteurs de risque éventuels, l’instabilité des modèles statistiques s’accroît. Dans certaines études examinées par le groupe spécial, les valeurs étaient très différentes si un ou deux cas étaient exclus. En cas d’erreur de classification, fût-elle minime, de faibles modifications

d’une série de données se rapportant à plusieurs milliers d’individus peuvent altérer considérablement la signification statistique. Cela vaut pour toute méthode d’analyse multivariée.

Le problème épidémiologique est que ces petits effectifs appartiennent des sous-groupes dont les caractéristiques présentent parfois des différences considérables qui ne sont pas mesurées. Les sujets recevant un seul vaccin ne sont en général guère représentatifs de l’ensemble de la population. En d’autres termes,

même si une association était statistiquement stable (ce qui n’est pas le cas), la possibilité d’explications non-causales du schéma observé dans les données serait plus forte que dans le cas où la corrélation entre les facteurs examinés est plus faible. »

 

Tout ceci est bel et bien mais, faut-il le rappeler, l’analyse de données statistiques obéit à des règles indépendantes de la conclusion. Or, on est bien obligé de constater qu’une étude concluant dans  "le bon sens" est toujours beaucoup mieux traitée. Inutile d’aller bien loin puisque ce rapport en donne lui-même l’illustration. Il ajoute en effet :

La qualité des études provenant d’autres sources que le groupe responsable des recherches en Guinée Bissau a été jugée inégale mais certaines se signalaient par une bonne évaluation des décès et de l’état vaccinal et d’autres par une bonne neutralisation de quelques facteurs de confusion importantes, et l’emploi de méthodes analytiques valables. Ces considérations augmentent la confiance dans la validité des résultats signalés.

Aucune de ces études n’a conclu à des effets délétères de la vaccination DTC/VPO et toutes ont montré que cette vaccination induisait une réduction de la mortalité. »

Pourtant, comme ils le reconnaissent en partie, ces études ont les mêmes défauts majeures que les autres : 

« Cela dit, il s’agissait dans tous les cas d’études d’observation et pouvaient présenter des biais dus à des facteurs de confusion non maîtrisés. Ceci peut expliquer, au moins en partie, les effets protecteurs apparents de la vaccination DTC/VPO contre la mortalité. »

Ce qui ne changera rien à la conclusion, impitoyable pour les études défavorables aux vaccins et plutôt complaisante pour les autres :

« Le Groupe spécial a estimé à l’unanimité que la totalité des résultats mis en évidence dans les documents examinés ne permettaient pas de conclure à un effet délétère de la vaccination DTC mais qu’ils tendaient au contraire à réfuter cette hypothèse »

« Le Groupe spécial a estimé que si certains documents ont présenté des résultats compatibles avec l’hypothèse d'un effet délétère du DTC sur la survie, la force de la preuve était faible et insuffisante, de l’avis du Groupe spécial, pour justifier des essais randomisés afin de vérifier cette hypothèse. Il a même estimé que certains types d’essais, comme des essais contre placebo ou des études visant à retarder la vaccination DTC seraient contraires à l’éthique. »

Pourquoi contraire à l’éthique ? Une telle étude, qui conduirait à seulement retarder volontairement la vaccination de certains enfants afin de pouvoir établir une comparaison, serait non éthique car elle les priverait d’une protection alors que le but de l’étude est justement de vérifier s’il s’agit bien d’une protection ou de l’effet inverse, du moins sur le critère de la mortalité. Les études n’ont pas été menées correctement mais Il est jugé contraire à la morale de les reprendre dans de meilleures conditions…

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Commentaires
C
Bonjour,<br /> <br /> je n'ai pas trouvé d'autres moyens de vous contacter et je m'excuse pour ce commentaire. En effet, j'ai remarqué les qualités de votre blog et de vos articles sur questionsvaccins.canalblog.com. J'aimerais donc vous faire découvrir Paperblog, un nouveau service dont la mission est d'identifier les meilleurs articles issus des blogs. Pour vous faire une idée de Paperblog, je vous invite à vous rendre sur http://www.paperblog.fr. N'hésitez pas à m'envoyer un mail pour plus de précisions. Bien cordialement, Céline
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