Le vaccin Hépatite B peut-il retrouver la confiance des Français ?
Article daté du 26/09/2008 : " Vaccin hépatite B et sclérose en plaques : il n'y a pas que les enfants ! " en relation avec l'affaire du vaccin Engerix B et de l'enquête du professeur Marc Tardieu à l'hôpital de Kremlin -Bicêtre.
Après avoir connu un énorme succès
pendant quelques années, à partir de 1995, puisque 25 millions de personnes
furent vaccinées en quelques années dans notre pays, ce vaccin est maintenant
boudé en raison, comme chacun le sait, des manifestations très graves comme des
SEP (scléroses en plaque) apparues chez de nombreux vaccinés, les premiers
symptômes se manifestant souvent dans les semaines ou les mois qui suivaient la
vaccination. Mais aussi en raison des énormités qui accompagnèrent la campagne
de lancement comme « l’hépatite B se propage par la salive et tue en un
jour plus que le sida en un an » et l’exagération des chiffres (100 000
victimes par an en France). Tout cela est remarquablement exposé sur le site du
revahb (www.revahb.org) association crée
par un médecin se considérant lui-même victime de cette vaccination et qui a
aujourd’hui recensé plus de 2000 cas présentant des caractéristiques qui
pourraient les faire attribuer à cette vaccination.
L’objectif de cet article n’est pas de savoir si ces cas sont des coïncidences ou pas mais s’il existe une possibilité pour que l’opinion publique modifie son attitude en faveur du vaccin hépatite B. L’histoire de cette incroyable campagne de vaccination est racontée sur ce site et j’invite chacun à aller la lire tant elle est édifiante. Il y a aussi un bref article de l’Inserm sur ce thème « l’hépatite B, un objet de recherche en santé publique ».
Dans un premier temps il fut dit
que l’hépatite B étant une maladie sexuellement transmissible il fallait
vacciner en particulier les adolescents et les jeunes adultes puis entretenir
l’immunité par des rappels tous les 10 ans. Depuis 1998 la vaccination des
adultes n’est plus recommandée en population générale. La vaccination
systématique est aujourd’hui recommandée pour tous les enfants dès l’âge de 2
mois et avant l’âge de 13 ans, en privilégiant la vaccination du nourrisson en
3 injections à 3, 5 et 18 mois. Après
ces 3 injections initiales, les rappels ne restent recommandés que dans des situations particulières ou s’il existe
des risques professionnels. Pour les professionnels les rappels éventuels sont
laissés à l’initiative du médecin du travail.
Après avoir stoppé la vaccination dans les écoles,
l’Etat a mis un frein à la massive campagne de publicité et a indemnisé une
vingtaine de personnes en reconnaissant un lien possible de causalité entre
leur maladie et le vaccin. La justice s'en mêle : cent cinquante procédures ont
été déposées au civil, dont trois ont été gagnées en première instance, et cinq
au pénal. Le doute a gagné d'autres pays occidentaux, en particulier les
Etats-Unis.
Les réactions sur un blog
Il existe de très nombreux blogs
type maman-bébé. En 2005, l’un d’entre-eux, parmi les plus importants, le blog bébé,
ouvre une page sur la vaccination des nourrissons contre l’hépatite B. La
présentation est très favorable :
« Je pense qu'il est préférable de vacciner nos enfants contre l'hépatite B afin de prévenir de maladies graves comme les hépatites aiguës fulminantes, les cirrhoses et les cancers du foie. Concernant, le développement de sclérose en plaques chez des patients vaccinés contre l'hépatite B, des études successives ont disculpé le vaccin de l'hépatite B. Finalement, la vaccination est souvent source de polémiques quant aux risques qu'elle peut engendrer mais le rapport bénéfices-risques est souvent en sa faveur. De plus, se faire vacciner est un acte santé public qui permet d'améliorer le niveau de santé de toute la population ».
Donc, rien de particulièrement
subversif. Mais les réactions ne vont
pas se faire attendre :
« Parent d'un enfant de
9 ans, il a reçu à 5 mois une injections contre l'hépatite B et il est tombé
malade avec une atteinte neurologique et maintenant ils est handicapé a 90%
…Faute a pas de chance ! Pour obtenir réparation nous avons assigné le
labo. Dure, dure la vie!!!!!!!!!!!!! »
Puis c’est une maman qui
hésite et s’interroge :
« Je dois faire vacciner mon bébé de 5 mois contre l'hépatite B et pleins de gens me disent de réfléchir ..Que faire ? Et a l'adolescence si elle veut voyager dans des pays a risque, n'y a t-il pas plus de risque de se faire vacciner plus tard? »
Puis une maman vient témoigner
pour sa fille vaccinée contre l’hépatite B :
« Je suis la mère d’une jeune femme de 34 ans vaccinée contre l’hépatite B il y a une dizaine d’années car le docteur nous avait fait peur avec cette maladie. Elle est passée d’une adolescente brillante à une épave, foie et système nerveux ruinés, TOCS, extrême fatigue et dépression. Elle ne peut travailler et en France on ne peut prouver le lien vaccin-maladie. Elle est au RMI et ne peut se débrouiller seule. Que deviendra-t-elle quand nous ne serons plus là. Alors non ! Ne vaccinez pas !!! tout le monde sait que ce vaccin est toxique mais le monde des labos-médecins est pourri. »
Puis
une autre
« Je me suis fait vacciné contre l’hépatite B et aujourd’hui je suis épileptique. Je n’ai jamais su comment je le suis devenu et en regardent sur mon carné de santé, la date correspond. Puis je me suis renseigné car j’ai des amis qui son épileptique et pour une de mes copines c’est exactement pareil. »
Et encore une autre :
« Il y a beaucoup plus de victimes du vaccin que les études annoncent. Le problème, c’est qu’elle ne sont pas recensées à ce jour(sept 2005). Parlez-en dans votre entourage et vous découvrirez beaucoup de personnes ayant été affectés avec des séquelles + ou – graves et ce n’est pas normal. Il faut changer la composition de ce vaccin anti-HB. Une maman et une victime du vaccin. »
Toutes ces personnes se considèrent comme victimes du
vaccin. Elles pensent peut-être ainsi à tort et ce ne sont peut-être que de
troublantes coïncidences. Mais le problème est de savoir si elles pourraient
changer d’avis et surtout ce que penseront ceux qui lisent ces témoignages.
Pencheront-ils, dans leur intime conviction, du côté de la version officielle
qui voudrait accréditer la coïncidence ou non ?
Voici un élément de réponse sur le même blog :
« Je devais vacciner mon bébé de 5 mois contre l'hépatite B demain, mais grâce à vos commentaires, je vais annuler le rendez-vous. Je pense maintenant qu'il faut pas toujours écouter son médecin. Merci. »
Cette maman avait sans doute fait faire les autres
vaccins et n’est visiblement pas antivaccinaliste. Ce type d’attitude est-il
une exception ou est-elle très générale ? Les statistiques pourraient
donner un élément de réponse : 27% des enfants sont vaccinés contre
l’hépatite B en France contre près de 95% en Allemagne par exemple.
Un vaccin devenu efficace à vie !
Il faut d’ailleurs bien reconnaître que le discours
interpelle : après nous avoir dit qu’il fallait des rappels tous les 10
ans on nous annonce que le vaccin est pratiquement efficace toute la vie s’il
est réalisé jeune…C’est peut-être vrai mais il s’agit quand même d’un vaccin
beaucoup trop récent pour autoriser des conclusions aussi péremptoires. On
aimerait savoir sur quoi reposent de telles conclusions. De plus il faut
reconnaître qu’elles arrivent au bon moment pour justifier la suppression des
rappels chez l’adulte et là, on peut avoir un doute qui s’installe et ferait
penser que cette histoire est un peu trop cousue de fil blanc. Je n’en sais
rien mais le doute est bien là et difficile à chasser. Il y a eu trop
d’affirmations fausses sur cette maladie et sa vaccination pour que soudain une
nouvelle affirmation devienne totalement crédible.
L’Opeps, l’Office parlementaire
d’évaluation des politiques de santé s’est penché sur la question des
vaccinations et a chargé la société
Alcimed d’étudier la politique
vaccinale en France. Le 20 septembre 2007 c’est Mme Marianne Morini, consultante de cette société,
qui a présenté à un groupe de parlementaires une méthodologie pour améliorer la
politique vaccinale de la France. Cela a donné lieu à des échanges avec ces
parlementaires ainsi qu’à un rapport de 311
pages…Extraits des échanges :
Mme Claudine Blum-Boisgard a estimé que la formation des médecins doit également leur apprendre à informer les familles en désamorçant les polémiques relatives à la vaccination, par exemple celle contre l'hépatite B.
M. Bernard Debré, député, s'est déclaré circonspect sur cette proposition. Dans le cas du vaccin contre l'hépatite B, il est difficile d'informer les familles, dès lors que les interrogations scientifiques sur son innocuité n'ont pas toutes été résolues.
M. Nicolas About, sénateur, vice-président, a fait valoir que les médecins peuvent, à tout le moins, être incités à indiquer aux familles que les cas de sclérose en plaques ne sont pas plus nombreux en Allemagne, où le taux de couverture contre l'hépatite B est très élevé, qu'en France.
Mme Marianne Morini a estimé que ce type d'informations doit effectivement être donné aux médecins.
Mme Claudine Blum-Boisgard a indiqué que ces données existent à l'Afssaps, mais qu'elles sont difficilement accessibles.
Voici les taux de couverture
vaccinale des nourrissons contre l’hépatite B : il est de 24% en France, de plus de
50% en Espagne, de 90% en Italie et en Allemagne, (source Réseau
Hôpital ). Le problème c’est qu’il s’agit de la couverture vaccinale
des nourrissons alors que les SEP sont
apparues chez des adultes vaccinés ! Il y a eu beaucoup d’adultes vaccinés
en France et sans doute très peu en Allemagne. D’ailleurs l’objectif initial de
la campagne lancée en octobre 1994 ne visait pas les adultes dans leur
ensemble. C’est la formidable "réussite" de la propagande de
lancement de la campagne qui a entraîné dans la vaccination des millions de
français. Face à ce succès qui engendra une difficulté d’approvisionnement, on
se souvient de l’injonction lancée par le ministre au
laboratoire : "doublez les cadences!" La proposition du
sénateur About ne répond donc pas à la question
mais pourrait au contraire la raviver…Il a insisté sur la nécessité de la
cohérence :
M. Nicolas About, sénateur, vice-président, a estimé, pour sa part, que
l'axe premier serait d'améliorer la cohérence du discours officiel…
Oui, mais
un discours cohérent ne peut s’installer dans la durée que s’il est vrai et
crédible. Chercher à imposer une cohérence apparente par un seul et même
discours avant d’avoir établi la vérité c’est mettre la charrue avant les
bœufs. Notre sénateur ne devrait pas oublier non plus que le discours officiel
a commencé en octobre 1994 par une déclaration du ministre de la santé à la télévision
et que les Français ont de la mémoire. Il n’est pas possible de tout effacer et
de recommencer à zéro avec un nouveau discours qui serait peut-être cohérent en
lui-même mais ne le serait pas avec les discours précédents. Je ne suis
nullement convaincu que cela contribuerait à rétablir la confiance, bien au
contraire.
La Confiance, le Bien le plus précieux
Notre Santé publique a une
obsession, la couverture vaccinale, la fameuse CV. Tout est sacrifié pour
quelques vaccinés de plus, y compris la Confiance sans laquelle aucune action
de santé publique ne pourra jamais s’inscrire dans la durée. La Confiance du
public dans les acteurs de la santé publique n’exige pas que toutes les actions
menées soient d’une totale innocuité mais que les inconvénients et les limites
de ces actions soient clairement énoncés, reconnus, les victimes de ces
inconvénients étant correctement traitées et indemnisées. La Confiance ne peut
donc s’inscrire que par la Vérité. On retrouve ainsi le sigle CV, Confiance et
Vérité, dont notre Santé Publique devrait faire sa nouvelle obsession et son
nouveau slogan. Espérons…
Mais le risque est qu’à trop
vouloir sauver un vaccin nos responsables sacrifient aussi la confiance que le
public place encore dans l’autorité médicale et qu’à vouloir que tous les
médecins alignent leur discours ils sacrifient aussi la confiance que les
patients ont encore dans leur médecin. Mais les médecins le savent et je doute
qu’ils se laissent tous faire…