Sur l'épidémie de rougeole en Aquitaine
Epidémie de rougeole en Aquitaine :
elles se suivent et se ressemblent ?
A voir !
Quitte à décevoir le lecteur, il s'agira de l'épidémie qui s'était développée en 2009-2010 dans cette région et dont l'InVS avait fait un bilan [1]. Je n'y suis pour rien car il n'y a pas d'informations précises sur l'épidémie en cours en Nouvelle Aquitaine , en particulier sur le statut des malades par rapport à la vaccination. On annonce en effet « 77 cas de rougeole chez les étudiants à Bordeaux » mais pas « 77 non vaccinés font la rougeole » ce qui signifie, en langage diplomatique, que certains d'entre-eux avaient été vaccinés, sans doute dans l'enfance.
Cette affirmation ne devrait pas surprendre car il en fut ainsi au cours de l'épidémie de 2009-2010 qui frappa aussi des adultes vaccinés avec une ou 2 doses. Il serait étonnant qu'il n'en soit pas de même cette fois ci. Mais il faudra être patient car la publication relative à l'épidémie de 2009-2010 date d'avril 2011. Cela veut dire que si l'épidémie se prolongeait jusqu'en 2019 il faudra attendre 2020 pour avoir ces informations capitales. Pendant ce temps, les langues et les commentaires vont bon train …En particulier,
des étudiants font la rougeole, vaccinons les nourrissons !
Avant de porter un jugement et d'affirmer des solutions, accumulons les données. Voici des extraits du bilan InVS de l'épidémie de 2009-2010 en Aquitaine :
« 136 cas sont survenus en 2009 et 204 en 2010. Des pics épidémiques ont été observés aux mois de mai et septembre 2009 et en avril et novembre 2010 »
« Le sex-ratio était de 1,5 en 2009 et 0,9 en 2010. La moitié avait 15 ans ou moins (étendue de 1 mois à 52 ans) en 2009, et 10 ans ou moins en 2010 (étendue de 1 mois à 53 ans). Plus d’un tiers des cas avaient 5 ans ou moins en 2010. »
A vu, il y aurait eu 35 cas chez des enfants de moins d'un an (15+20) et 7 cas de plus de 40 ans pour lesquels il n'est pas précisé s'ils avaient déjà fait la rougeole ou pas ni même si on avait cherché à le savoir ...
« L’analyse des vaccinations des 113 cas vérifiés sur le carnet de santé, pour contrôler le biais de mémorisation éventuel a montré que 87 (77 %) n’étaient pas vaccinés, 18 (15,9 %) avaient reçu une seule dose de vaccin et 9 (dont 5 confirmés biologiquement) avaient reçu 2 doses de vaccin. Le statut vaccinal varie selon l’âge. »
« Contage/cas importés
Un contage, dans les 7 à 18 jours précédant l’éruption, a été rapporté pour 162 cas sur 235 fiches renseignées. Ce contact survenait dans le cadre familial pour 70,0% des cas, à l’école pour 11,9%, sur le lieu de garde pour 3,1% des cas et dans 15,0 % des cas dans un autre contexte (amis, voisins, lieu de travail, etc.). Parmi ces cas, on dénombrait 25 nourrissons dont 18 avaient au moins 6 mois et n’avaient pas bénéficié d’une première dose de vaccin dans les 72 heures suivant ce contact. Par ailleurs, 5 déclarations mentionnaient un séjour à l’étranger dans 4 pays (Espagne pour 2 cas, Bulgarie, Italie, Maroc). »
« Par ailleurs, sur l’ensemble des 340 cas déclarés de rougeole, 192 cas n’étaient pas vaccinés conformément aux recommandations. Ces cas regroupaient :
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21 cas entre 13 et 23 mois qui auraient été éligibles pour deux doses du vaccin ROR (dont 17 non vaccinés et 4 vaccinés avec une seule dose) ;
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132 cas entre 2 et 18 ans qui auraient été éligibles pour un rattrapage à deux doses (dont 116 non vaccinés et 16 vaccinés avec une seule dose) ;
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39 cas entre 19 et 30 ans qui auraient été éligibles pour une dose n’étaient pas du tout vaccinés (les 25 autres cas de cette tranche d’âge avaient reçu une dose de vaccin).
« Cas groupés en Aquitaine
Pendant ces deux années, plusieurs épisodes de cas groupés ont été recensés :
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en 2009, un épisode de 8 cas concernant des élèves et leurs contacts familiaux,
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un épisode de 10 cas touchant des étudiants de la faculté de Bordeaux II (étudiants en profession médicales et paramédicales),
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et un épisode chez des gens du voyage. »
Pour l'épidémie en cours en 2017-2018, 11 cas ont été admis aux urgences dont 8 soignants de l'hôpital Pellegrin de Bordeaux. Ce fait est en accord avec celui observé en 2009-2010. Crois-t-on sérieusement que la vaccination systématique des nourrissons va avoir une action sur ces transmissions entre adultes et soignants ?
La recommandation de Didier Raoult dans son livre de janvier 2018 "La vérité sur les vaccins" est que 10 ans après une vaccination contre la rougeole on fasse faire un titrage d'anticorps pour décider d'une revaccination. En effet, le vaccin étant à virus vivant, la présence d'anticorps neutraliserait l'action du vaccin. La personne revaccinées pourrait avoir perdu ses anticorps 5 ans plus tard et ne plus être protégée alors qu'elle serait considérée comme telle en raison de son rappel. Mais l'autorité ministérielle n'en est pas là ...
Pour la rougeole, ''le vrai problème réside dans la durée de la protection vaccinale. Nous nous sommes rendus compte qu'elle était bien plus faible que celle que procurait l'infection naurelle. Une stratégie intelligente serai de consulter un médecin 10 ans après avoir reçu le vaccin, afin de nous assurer que nous avons encore dans notre organisme les anticorps contre la maladie. Vérification à actualiser régulièrement pour les adultes qui travaillent auprès de malades ou de jeunes enfants, de manière à éviter pour eux de jouer le rôle de vecteur."
Pour lui, la stratégie intelligente serait que ce soient les adultes qui protègent les jeunes enfants en surveillant leurs anticorps et non pas que ce soit ces enfants qui protègent les adultes. Quant à vacciner, autant que ce soit utile !
[1] http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=7020