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La Question des Vaccins
27 mars 2010

De la vaccination pandémique à la vaccination grippale généralisée permanente ?


Comment concevoir une industrie capable de produire une fois tous les 30 ans et à l'improviste des milliards de doses de vaccin et qui, le reste du temps, se contenterait d'en produire quelques centaines de millions ?

C'est sans doute cette impossibilité matérielle majeure associée à une volonté de booster de façon définitive la vaccination saisonnière dans le monde entier qui permet d'expliquer toute cette agitation autour du risque pandémique.

Cette agitation a commencé en 2005 avec la grippe aviaire et le H5N1 pour se poursuivre avec le H1N1pdm. Comment ne pas voir qu'il s'agit en réalité d'amplifier de façon définitive la vaccination contre la grippe saisonnière dans le monde entier ?  Même si on ne peut exclure que se produise un jour une très grave pandémie grippale, l'objectif principal n'est probablement pas la lutte contre les pandémies et voici pourquoi.

Il faut remonter à la grippe aviaire qui fit son apparition médiatique en 2005. A cette époque les vétérinaires de haut niveau disaient que le H5N1 n'avait pas les caractéristiques pour devenir pandémique. En France, Mme Jeanne Brugère-Picoux* de l'école vétérinaire d'Alfort le disait autant qu'elle le pouvait sur tous les médias qui l'acceptaient.

*Jeanne Brugère-Picoux est en particulier membre de l'Académie de médecine depuis 1997 et a été nommée professeur titulaire de la Chaire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour à l'école nationale vétérinaire d'Alfort.

Elle a écrit un ouvrage publié en février 2006 ''La grippe aviaire, de quoi s'agit-il ?'' avec le résumé suivant :

« La peste aviaire, qui sévit actuellement en Asie, sera-t-elle à l'origine de la future pandémie de grippe humaine annoncée ? Dans le contexte de psychose actuel, ce livre coupe court aux idées reçues et aux malentendus sur ce fléau, à partir d'informations vérifiées, claires et précises. » 


L'OIE (l'Organisation mondiale de la santé animale) l'affirmait aussi. Elle a son siège à Paris et aura été dirigée pendant 10 ans (2000-2010) par le français Bernard Vallat  ainsi que la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). Je me souviens que le vétérinaire en chef de la FAO, Joseph Domenech, disait sur le site de la FAO qu'elle avait d'excellents virologues qui ne voyaient pas dans le H5N1 un candidat pour une pandémie humaine. Ceux de l'OMS voyaient-ils le contraire ?

En novembre 2005 il y avait eu au siège de l'OMS à Genève un véritable match entre l'OMS d'une part, l'OIE et la FAO d'autre part  et dont l'arbitre était la Banque mondiale. Ce fut une bataille terrible entre les 2 parties, le Secrétaire général de l'ONU avait même menacé d'intervenir si ces organismes de l'ONU ne parvenaient pas à s'entendre.

Où ira l'argent, telle était sans doute la question. L'OMS soutenait qu'il fallait sans délai investir  directement dans la santé humaine des sommes énormes car une terrible pandémie était imminente alors que la FAO et l'OIE disaient qu'il s'agissait d'abord d'une maladie animale et que c'était là qu'il fallait porter l'effort. Pour l'OMS c'était déjà trop tard...

Mais pourquoi une telle agitation ? A l'époque, pour expliquer ce que je pouvais observer, j'avais pensé que l'objectif n'était pas de se préparer à lutter contre une pandémie humaine qu'on pouvait savoir très peu probable avec ce virus mais de booster très fortement la vaccination saisonnière contre la grippe au niveau mondial en agissant sur 3 points : augmenter considérablement la capacité de production des laboratoires; convaincre les États; précipiter les populations vers la vaccination. L'effet de la supposée menace de la pandémie H5N1 a certainement permis d'accroître considérablement la capacité des laboratoires.

Aujourd'hui, alors que la phase pandémique du H1N1pdm semble derrière nous on peut commencer à voir clairement qu'il ne s'agissait pas uniquement de lutter un moment contre une pandémie pour revenir ensuite au niveau vaccinal habituel mais de passer de façon définitive à un niveau annuel de vaccination grippale beaucoup plus élevé. Les ''anti-vaccins'' ont beaucoup commenté le fait que Nicolas Sarkozy avait inauguré en mars  2009 une usine de vaccins anti-grippaux au Mexique comme événement non fortuit préparant  la vaccination pandémique qui allait suivre mais oubliant qu'elle ne serait opérationnelle qu'en 2012.

Il faut comprendre qu'il serait bien difficile d'avoir une industrie capable de produire une fois tous les 30 ans et à l'improviste des milliards de doses de vaccin et qui, le reste du temps, se contenterait d'en produire quelques centaines de millions.

En fait, il semble bien que l'objectif n'est pas, n'est plus en tout cas et n'a peut-être jamais été la lutte contre une pandémie mais une amplification très importante de la vaccination saisonnière.

Pour cela il y avait 2 stratégies : la ''douce'' qui consiste à montrer par la persuasion que la grippe saisonnière est une maladie provoquant beaucoup de dommages qui ne sont plus supportables aujourd'hui et qui nécessitent des mesures vaccinales importantes et quasi permanentes. La ''forte'' où l'on joue sur la crainte en brandissant la menace d'une pandémie type 1918.

Mais la méthode forte a peut-être été un peu trop forte. Comme le disait le Directeur général de l'OMS  Margaret Chan : on n'avait pas prévu que les populations n'iraient pas se faire vacciner. Et comme ça, pas possible de dire que c'est la vaccination qui a stoppé l'épidémie comme cela aurait sans doute été si la vaccination avait été massive et si l'épidémie s'était poursuivie tout l'hiver comme tout le monde s'y attendait.

Ce qui faisait dire à Bruno Lina : je n’y comprenais déjà pas grand chose avant, maintenant je n’y comprends plus rien mais je sais ce qu’il faut faire...il faut vacciner ! (voir son interview)


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