L’assainissement, une clé majeure pour la santé mondiale
L’assainissement, une
priorité pour tous les états du monde comme le rappelle un communiqué de l’OMS.
Daté du 19 mai il tombe au milieu de la session annuelle de l’Assemblée
mondiale de la santé réunissant les représentations des 193 états membres.
Pourtant, l’eau et l’assainissement ont été oubliés dans le programme de
travail de cette assemblée qui doit surtout plancher sur la grippe
pandémique, les virus grippaux, l’accès aux vaccins, la poliomyélite, autrement dit sur les vaccinations…
2008
Année internationale de l'assainissement
Le communiqué
de l’OMS du 19 mai 2008 rappelle que « Les Nations Unies ont déclaré
2008 Année internationale de l'assainissement afin d'en faire une priorité pour
les gouvernements, les organisations, la société civile et les partenaires
privés ». Des textes associés à un diaporama de
10 photos (cliquer sur Faits et Chiffres) précisent que :
« Près de 2.6 milliards d'habitants de notre planète n'ont pas
accès à un assainissement adéquat. Les régions où la couverture est la plus
faible sont l'Afrique sub-saharienne (37%), l'Asie du Sud-est (38%) et l'Asie
de l'Est (45%). L'absence d'installations sanitaires contraint les gens à
déféquer à ciel ouvert, dans des rivières ou à proximité d'endroits où les
enfants jouent ou de lieux où l'on prépare la nourriture.
Le Gange, en Inde, reçoit 1.1 million de litres d'eau d'eaux usées par
minute, un chiffre terrifiant si l'on considère qu'un gramme de matière fécale
dans de l'eau non traitée peut contenir jusqu'à dix millions de virus, un
million de bactéries, mille kystes parasites et une centaine de larves.
En Afrique, 115 personnes meurent par heure de maladies liées à un assainissement défectueux, à une mauvaise hygiène et à de l'eau contaminée.
L'accès à des latrines augmente la fréquentation scolaire: une présence accrue de filles peut être attribuée à l'existence d'installations sanitaires séparées.
L'éducation à l'hygiène et la promotion du lavage des mains sont des mesures simples et peu coûteuses qui permettent de réduire les cas de diarrhée de plus de 45%.
Les bénéfices économiques de l'assainissement sont convaincants. Chaque dollar investi dans l'amélioration de l'assainissement engendre un bénéfice moyen de neuf dollars. Ces bénéfices profitent surtout aux enfants pauvres et aux collectivités démunies qui en ont le plus grand besoin.
Les Objectifs du millénaire pour le développement visent une couverture
mondiale en matière d'assainissement de 75% d'ici 2015. On estime qu'il en coûtera
annuellement 14 millions de dollars pendant cette période.
Parmi d'autres avantages pour la santé, on estime que l'assainissement réduit
chaque année de 391 millions le nombre de cas de diarrhée.
Parmi les maladies que transmet l'eau contaminée par des déchets humains on trouve par exemple la diarrhée, le choléra, la dysenterie, la typhoïde et l'hépatite A. »
L’eau
propre ? Ce sera pour plus tard !
L’OMS paraît donc tout à fait convaincue
du rôle majeure joué par l’eau dans la santé humaine. Son communiqué ainsi que
tout le dossier qu’elle a constitué sur ce sujet et auquel on peut accéder à
partir du communiqué ou de la page d’accueil actuelle, semblent démontrer une
volonté d’agir vite, fort et bien dans ce domaine. Elle a évidemment besoin de
la coopération de tous les états qui sont les seuls en mesure de créer les
infrastructures nécessaires. Je reste alors abasourdi de constater que cette
question capitale n’a pas été mise à l’ordre du jour de l’AMS, l’Assemblée
mondiale de la santé !
Cette assemblée se réunie une fois par an
en mai, cette année du 16 au 24 mai. Elle est constituée par les délégations
des 193 états membres, délégations généralement conduites par les ministres de
la santé des différents états. Cette assemblée est le principal organe de
décision de l’OMS qui est une annexe de l’ONU. L’occasion était donc immanquable de faire réfléchir et
travailler les états sur cette question, ses moyens et ses enjeux. Mais
non ! Le programme essentiel a été défini ainsi :
« Les
sujets abordés par cette 61e assemblée seront notamment: la préparation en cas
de grippe pandémique, l'échange de virus grippaux et l'accès aux vaccins, la
poliomyélite, l’usage nocif de l’alcool, les mutilations sexuelles féminines,
le changement climatique et la santé, le Règlement sanitaire international, les
produits médicaux contrefaits, les stocks de virus variolique, ainsi que la
santé publique, l'innovation et la propriété intellectuelle. »
Tous ces sujets sont certes importants
mais pourquoi avoir oublié l’eau et l’assainissement ? Certes, il y a la
polio au programme et l’OMS sait parfaitement, pour l’avoir souvent écrit dans
ses analyses ou communiqués, que les virus polio sauvages et vaccinaux sont des
entérovirus se propageant pour l’essentiel par l’eau souillée par des excrément
humains contaminés par des personnes infectées ou vaccinées avec la vaccin oral
à virus vivant. L’échec des campagnes de vaccination au nord de l’Inde, dans
les états les plus pauvres du Bihar et de l’Uttar Pradesh est démonstratif.
Un autre gros problème qui préoccupe beaucoup l’OMS sera d’éviter la circulation des virus vaccinaux. En effet, ceux-ci peuvent reprendre une virulence aussi redoutable que celle des virus sauvages en se combinant avec d’autres entérovirus. La seule solution sera probablement une amélioration très significative de l’assainissement. Les 68 cas de polio apparus au Nigeria en 2007 sont aussi très démonstratifs : ils ont été provoqués par des virus dérivés de la souche vaccinale de type 2 du vaccin oral trivalent alors que le virus sauvage de type 2 n’a plus été vu sur Terre depuis 1999.
Sur ces questions voir « l’OMS dresse le bilan de l’éradication de la polio » et aussi Le vaccin mettra-t-il l’éradication de la polio en échec ?
Les coûts
Tout cela l’OMS le sait et plus encore
mais elle n’a pas classé la polio dans la
liste des maladies liées à l’eau !!! Elle en énumère 25 dont le
choléra, l’hépatite A, la typhoïde et
les diarrhées mais pas la poli-eau qui serait bien nommée ainsi ! Non, la
polio c’est le domaine réservé de la vaccination. La campagne d’éradication
coûte fort cher et les 14 millions de dollar réclamés annuellement pour le plan
assainissement sont très largement dépassés. Un communiqué
de l’OMS de 2006 évalue le coût du programme contre la polio pour les 3
années 2006-2008 à 1, 226 milliard de dollars :
« Pour pouvoir mener les activités
d'éradication essentielles, US$ 85 millions sont nécessaire d'urgence pour la
seconde moitié de 2006 et US$ 400 millions pour 2007-2008. Le budget
2006-2008 se monte à US$ 1,226 milliard. »
Un budget annuel de seulement 14 millions
de dollars est certainement tout à fait insuffisant pour mener à bien toutes
les infrastructures nécessaires à l’assainissement, que c’est même dérisoire et
qu’il s’agit sans doute seulement du budget de l’OMS dans ce domaine et non
celui des états. Néanmoins, le budget moyen annuel de l’éradication de la polio
par la vaccination est de 402 millions de dollars.
L’OMS décrit ainsi son action :
« Notre
action dans le domaine de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène comprend
les six fonctions essentielles qui figurent dans le Programme général de
travail 2002-2005 de l'OMS:
définir
une politique et une action de sensibilisation cohérentes, conformes à
l'éthique et fondées sur des données probantes ;
gérer
l'information en évaluant les tendances et en comparant les résultats; définir
le programme de recherche-développement et encourager les travaux dans ce
domaine ;
se
faire l'agent du changement par un appui technique et théorique, de façon à
stimuler l'action et la coopération et à renforcer durablement les capacités
nationales et inter-pays ;
négocier
des partenariats nationaux et mondiaux, et les soutenir ;
fixer
et valider des normes et critères, les appliquer et en surveiller l'application
;
encourager
la mise au point et l'essai de technologies, d'outils et de principes
directeurs nouveaux en matière de lutte contre la maladie, réduction des
risques, gestion des soins de santé et prestation de services. »