La fièvre jaune au Brésil en 2008
La fièvre
jaune s’est maintenue dans la forêt brésilienne par le cycle moustique-singe.
Le nombre de singes atteints semble en augmentation et des humains séjournant
en forêt ont été frappés par la fièvre jaune depuis quelques mois. L’InVS
fait le point sur l’épizootie et l’épidémie de fièvre jaune au Brésil en
2007-2008.
La transmission de la
fièvre jaune
La maladie
sévit en Afrique sub-tropicale et en Amérique Latine. Sa transmission au singe
ou à l’homme se fait uniquement par des piqûres diurnes de moustiques infectés
(de type Aedes) et on distingue 3 cycles de transmission :
« Cycle Sylvatique :
C’est un cycle moustique-singe. L’homme se contamine
sporadiquement lors d’un séjour en forêt suite à des piqûres par des moustiques
« sauvages » infectés. C’est cette transmission qui est à l’origine des cas au
Brésil, dans le reste de l’Amérique latine et de la persistance du virus en
Afrique.
Cycle Intermédiaire :
Des
moustiques « semi domestiques » infectent à la fois l’homme et les singes dans
des zones de la savane africaine où les contacts hommes-singes sont plus
fréquents. Ce type de transmission peut être à l’origine de petites épidémies
dans des villages ruraux et en l’absence de contrôle, peut engendrer des
épidémies plus graves de type urbain. Elle est responsable de la plupart des
cas documentés en Afrique.
Cycle Urbain :
Suite à l’introduction d’un cas virémique en zone
urbaine (forte densité de population), le virus passe à un vecteur urbain Aedes
aegypti. Il est ensuite transmis entre les humains par les moustiques «
domestiques ». »
L’épizootie au Brésil en
2007-2008
Le Brésil compte
des zones à cycle sylvatique où la fièvre jaune est présente de manière
endémique ou sporadique.
Depuis le 1er décembre 2007 les autorités brésiliennes ont
noté une augmentation significative des signalements d’épizootie ou de singes
retrouvés morts. Le nombre de singes retrouvés morts a continué d’augmenter en janvier
2008 en raison du phénomène épizootique mais aussi du fait d’un système de
surveillance renforcé.
Certaines des localités
affectées sont situées dans des zones importantes fréquentées par des touristes
brésiliens et internationaux.
L’épidémie de fièvre jaune
au Brésil en 2007-2008
Des cas humains de fièvre jaune selvatique sont décrits chaque année au
Brésil. Les premiers cas humains liés à cette
circulation viral accrue ont été diagnostiqués en décembre 2007.
Du 1er décembre 2007 au 01/02/2008 on a observé 23 cas confirmés dont 13 décès, soit un
taux de létalité de 56,5% (mortalité parmi les malades).
« Les cas identifiés ont tous été contaminés lors d’un
séjour en forêt y compris ceux survenus dans le zones rurales du DF. »
Ce point est très important et doit être considéré comme
rassurant : il n’y a pas de cycle urbain.
Parmi 20 cas confirmés documentés pour leur statut
vaccinal, 18 n’avaient pas été vaccines et 2 avaient été vaccinés il y a plus
de 20 ans.
Le Ministère de la Santé a émis une alerte pour rappeler le
besoin d’être vacciné en cas de séjour en zone d’épizootie.
La vaccination contre la fièvre jaune au Brésil
Au Brésil, la vaccination contre la fièvre jaune fait
partie du calendrier de vaccination à partir de l’âge de 9 mois. Ce vaccin est
recommandé à partir de l’âge de 6 mois en période de circulation virale accrue.
Devant cette épidémie de fièvre jaune les autorités ont
relancé vigoureusement la vaccination :
Entre décembre et le 01/02/2008 : 11,5 millions de doses de
vaccin fièvre jaune ont été distribuées dans 27 unités fédérales.
6,8 millions de personnes ont été vaccinées dont 6,3
millions au cours du mois de janvier, principalement dans les régions touchées.
Mais avec des accidents de vaccination :
Entre début décembre et le
29/01/2008 (soit seulement sur une période de 2 mois) des effets indésirables post-vaccinaux
probables ont fait l’objet d’investigations au Brésil.
Ils concernent 47 personnes dont 21 ont été hospitalisées.
Dans un certain nombre de cas il
s’agissait de personnes vaccinées deux fois par erreur.
On ne dispose pas de plus d’informations et
l’enquête est en cours.
Cependant l’identification au 24/01 de 2 cas hospitalisés
pour encéphalite (sur près de 3 millions de vaccins dispensés à cette date)
reste compatible avec la proportion attendue d’effets indésirables graves associés
à la vaccination contre la fièvre jaune (de l’ordre d’1 cas / million de doses
administrées).
Commentaires de l’InVS
« Le risque majeur de la fièvre jaune est constitué par l’établissement
d’un cycle urbain (transmission par le moustique Aedes aegypti) à partir
d’un cas importé des zones rurales. Les autorités sanitaires n’ont à ce jour
rapporté aucun élément en faveur de l’établissement d’un cycle urbain, y
compris à Brasilia.
La dernière épidémie de fièvre jaune urbaine au Brésil est
survenue en 1928-1929 à Rio de Janeiro et le dernier cas sporadique urbain a
été documenté en 1942. Depuis lors, seuls des cas de fièvre jaune sylvatique
ont été décrits dans des zones d’épizootie, liés à des activités (y compris
touristiques) en forêt tropicale.
Le vaccin est fortement recommandé pour les personnes se rendant
dans ces zones. Il est obligatoire pour les touristes* se rendant au Brésil et
venant de zones où la fièvre jaune circule ou a circulé.
La communication transparente de la part des autorités
brésiliennes autour de cet événement n’est pas le signe d’une situation qui
échappe à leur contrôle. Elle est en parfaite cohérence avec les règles
établies par le Règlement
Sanitaire International et constitue l’aspect le plus perceptible au niveau international d’une
gestion adéquate par les autorités sanitaires. »
- Cela ne signifie pas que le vaccin
serait obligatoire pour se rendre au Brésil : seulement si on vient
de zones où la maladie se manifeste.
Compléments
On pourra trouver des analyses et des
informations complémentaires dans mes 2 articles sur la fièvre jaune :
1960
: la fièvre jaune avait presque disparu aux Amériques