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La Question des Vaccins
27 mars 2008

Le point sur la rougeole à Reims

Voir aussi l’évolution de l’épidémie et mon dernier article sur le sujet, avril 2008.


L’épidémie de rougeole observée à Reims en février 2008 se poursuit. Un premier bilan sur les 11 premiers cas a déjà été fait (voir l’article). L’InVS fait un nouveau point sur la situation (11/03/08) :

« A ce jour, la DRDASS a recensé un total de 16 cas : 12 cas confirmés biologiquement, 2 cas liés épidémiologiquement à un cas confirmé et 2 cas suspectés cliniquement (en attente de confirmation). Parmi les 9 adultes, 4 ont été hospitalisés et 1 a été vu aux urgences d’une clinique. Deux cas hospitalisés ont présenté une complication (pneumopathie, kératite). Parmi les 7 enfants, 2 ont été hospitalisés»

 

« Parmi les 16 cas signalés à ce jour, 9 (56 %) sont des adultes âgés de 19 à 28 ans (parmi eux, deux personnes ont déclaré avoir été vaccinées avec une seule dose de vaccin anti-rougeoleux) et 7 sont des enfants âgés de 7 mois à 7 ans. Quatre enfants avaient été vaccinés : 3 d’entre eux n’avaient reçu qu’une seule dose de vaccin et 1 enfant avait été vacciné 5 jours avant l’apparition de l’éruption. »

L’article de l’InVS rappelle les recommandations vaccinales en ces termes :

« En France, le vaccin antirougeoleux a été introduit dans le calendrier vaccinal en 1983 associé à la rubéole puis aux oreillons en 1986. La vaccination par le vaccin trivalent rougeole-rubéole-oreillons (RRO) est recommandée chez tous les nourrissons à l’âge de 12 mois. Une seconde dose de vaccin RRO a été introduite dans le calendrier vaccinal en 1996. Depuis 2005, cette seconde dose est recommandée au cours de la deuxième année c’est-à-dire entre 13 et 24 mois. »

« Tous les enfants et adolescents entre 24 mois et 16 ans en 2008 (nés en 1992 ou après) doivent avoir reçu deux doses de vaccin trivalent. Les personnes âgées de 17 à 28 ans (nées entre 1980 et 1991) doivent avoir reçu une dose de vaccin trivalent. »

Rappelons d’abord que malgré l’usage d’une forme contraignante cette vaccination n’est pas obligatoire. Nous constatons donc que 2 adultes âgés d’au moins 19 ans et ayant reçu une dose étaient en conformité avec le calendrier vaccinal et non pas insuffisamment vaccinés, selon les recommandations en vigueur.

 

Au moins un adulte étant âgé de 28 ans en février 2008, il pouvait être né en 1979. Selon le calendrier rapporté par l’étude la vaccination n’a jamais été prévue pour les personnes nées avant 1980. L’année de naissance de la (ou des) personne(s) de 28 ans aurait dû être précisée.

Puisque la seconde dose est maintenant recommandée dans la seconde année de vie et que les enfants malades avaient entre 7 mois et 7 ans, il y en a au moins un qui n’avait pas l’âge pour avoir reçu les 2 doses. Malheureusement l’article ne précise pas, parmi les enfants qui n’avaient reçu qu’une seule dose, combien avaient l’âge requis pour avoir reçu les deux, autrement dit avaient au moins 24 mois. Pourtant, l’information est connue et facile à communiquer. Son absence conduit à une interrogation qui pourrait faire naître la suspicion, ce qui est évidemment très regrettable. A propos de cette seconde dose le calendrier vaccinal 2007 rappelle :

« que cette seconde vaccination ne constitue pas un rappel, l’immunité acquise après une première vaccination étant de longue durée. Elle constitue un rattrapage pour les enfants n’ayant pas séroconverti lors de la première vaccination. »

 

De plus, selon le calendrier vaccinal 2007 par exemple, la première dose de ROR n’est prévue qu’au 9ième mois pour les enfants devant entrer en collectivité et à 12 mois pour les autres. Les premiers mois sont en effet réservés au DTP + coqueluche + Hib + hépatite B + Prévenar…ce qui est bien suffisant pour faire un "bon" début dans la vie !!! Sans oublier le BCG, recommandé à la naissance pour tous les franciliens et qui entraîne maintenant, avec le SSI, un abcès pouvant durer des mois et conduire ainsi à différer de nouvelles vaccinations*. Il n’est donc pas possible de faire le ROR beaucoup plus tôt. Aussi, le ou les enfants de 7 ou 8 mois, voire moins de 12 mois, qui n’auraient reçu aucune dose de ROR ne peuvent être considérés comme ayant été victimes d’un défaut de vaccination.

Il ne faut pas oublier que le premier défaut des vaccins est de ne pas pouvoir être administrés instantanément dès la naissance et avec effet immédiat.

Nous le constatons avec cet enfant vacciné 5 jours avant d’avoir la rougeole : il ne faut pas trop compter sur une vaccination qui serait pratiquée sur le petit frère alors que la sœur fait une rougeole à la maison.

Il est un peu trop facile de sous entendre, comme le fait cet article, un défaut de vaccination par rapport aux recommandations :

« Les cas rapportés chez des jeunes adultes et personnels hospitaliers (qui peuvent transmettre la maladie à des personnes à risque de rougeole grave) soulignent l’importance du respect des recommandations vaccinales en vigueur. »

Pourtant, confrontées à la maladie ces recommandations sont mises en défaut :

 - de façon certaine chez au moins un enfant de 7 mois ;

- tout à fait possible chez d’autres enfants de moins de 9 mois (ou 12 mois) n’ayant reçu aucune dose ou de moins de 2 ans n’ayant reçu qu’une seule dose ;

- de façon certaine pour 2 adultes vaccinés avec une dose comme cela était parfaitement conforme pour eux; probable chez au moins un adulte de 28 ans.

On peut aussi ajouter que certains enfants peuvent ne pas avoir été vaccinés en raison de leur état de santé du moment. C’est le second défaut des vaccins : en cas d’épisodes infectieux le médecin devra retarder la vaccination. Pourquoi transformer en qualité un défaut majeur du vaccin quand la non vaccination est liée à la nocivité du vaccin sur un enfant fragilisé ?

 Il y a dans cette épidémie touchant des adultes les conséquences épidémiologiques parfaitement connues de la vaccination et que l’article rappelle :

«  Le ralentissement de la circulation du virus, secondaire à la vaccination, a conduit à une accumulation progressive de sujets non vaccinés et réceptifs à la maladie constituant notamment un réservoir de grands enfants et jeunes adultes non immunisés. »

Rappelons donc qu’avec la vaccination contre la rougeole (ainsi que rubéole, oreillons et varicelle) nous avons mangé notre pain blanc le premier comme disait ma grand’mère : par cette vaccination, nous avons ajouté l’immunité vaccinale chez les enfants à l’immunité acquise par la maladie chez les adolescents et les adultes et qui, avant la vaccination, était entretenue par la circulation du virus chez ces jeunes enfants. Mais la réduction de cette circulation grâce à l’efficacité de la vaccination compromet aujourd’hui le maintien de l’immunité acquise chez l’adulte.

Comme il était prévisible, après nous avoir affirmé sans preuve qu’une seule dose serait efficace toute la vie, nous commençons à découvrir les limites de cette affirmation. On n’en a pas fini avec les rappels…pour une maladie qui est d’autant plus dangereuse qu’on est âgé…A quand les rappels à 90 ans ? Il suffit d’attendre…

.Rappelons encore que c’est justement pour toutes ces raisons que nos experts ne veulent pas recommander la vaccination contre la varicelle. Mais pour la rougeole ils répondent que nous sommes maintenant au milieu du gué et qu’on ne peut plus reculer… Autrement dit, si c’était à refaire ?

Un remarquable témoignage à lire sur le vaccin contre la rougeole : http://emmanuelleseve.unblog.fr/

* Dans toute l’affaire du BCG SSI, qui s’est étalée de juin 2005 à juillet 2007, j’avais été frappé par le fait que personne ne semblait s’occuper des conséquences d’un BCG SSI à la naissance sur les autres vaccinations qui risquaient d’être retardées de plusieurs mois alors que les mêmes experts souhaitaient par ailleurs que la vaccination contre la coqueluche, par exemple, soit réalisée le plus tôt possible, dès le second mois. On assiste au même phénomène ici avec la rougeole : les experts regrettent que des enfants ne soient pas vaccinés ou insuffisamment sans se préoccuper de savoir si c’était possible ou non, d’abord en fonction du calendrier lui-même, ensuite en fonction des aléas de santé que pourraient connaître l’enfant et qui conduisent à surseoir à la vaccination.

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