22 mars 2008 : journée mondiale de l’eau
A l’occasion de cette journée mondiale l’OMS publie un communiqué titrant qu’un
assainissement médiocre menace la santé publique et regrettant que six
Africains sur dix ne disposent toujours pas de toilettes convenables.
Extraits :
« Selon le Programme conjoint OMS/UNICEF de surveillance de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, 62 % des Africains n’ont pas accès à une installation sanitaire améliorée – des toilettes convenables – où les eaux usées sanitaires ne sont pas en contact avec l’homme.
Selon le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS, « L’assainissement est un élément fondamental de la santé publique. Nous savons que des interventions simples et réalisables peuvent réduire d’un tiers le risque de contracter des maladies diarrhéiques. »
Si l’OMS et l’UNICEF estiment que 1,2 milliard de personnes dans le monde ont pu accéder à un assainissement amélioré entre 1990 et 2004, 2,6 milliards d’autres – dont 980 millions d’enfants – n’ont pas de toilettes à la maison. Si les tendances actuelles se poursuivent, 2,4 milliards de personnes seront encore dépourvues d’installations sanitaires de base en 2015 et parmi elles, les enfants continueront d’en payer le prix par une mortalité prématurée, des problèmes de scolarité et davantage de maladies, de malnutrition et de pauvreté.
« Près de 40 % de la population mondiale, faute d’accès à des sanitaires, est privée de la dignité et de la sécurité qu’ils représentent », a déclaré Ann M. Veneman, Directeur général de l’UNICEF. «L’absence d’assainissement adéquat a des répercussions graves sur la santé et le développement social, notamment pour les enfants.».
L’utilisation de toilettes convenables et le lavage des mains – de préférence au savon – évitent que des bactéries, des virus et des parasites présents dans les excreta humains contaminent les ressources en eau, le sol et les aliments. Cette contamination est une cause majeure de diarrhée, la deuxième cause de mortalité chez l’enfant dans les pays en développement, et provoque d’autres maladies comme le choléra, la schistosomiase et le trachome.
L'amélioration de l’accès à l’assainissement est une mesure décisive en vue de réduire l’impact de ces maladies. Elle permet également de créer un environnement qui offre davantage de sécurité, de dignité et d’estime de soi. Les questions de sécurité sont particulièrement importantes pour les femmes et les enfants, qui sont exposés au harcèlement et aux agressions sexuelles s’ils doivent sortir la nuit ou se rendre dans des lieux isolés pour satisfaire leurs besoins naturels.
Dans les installations de soins de santé, l’élimination sans risque des eaux usées sanitaires produites par les patients, le personnel et les visiteurs est une mesure indispensable d’hygiène de l’environnement. Cette intervention peut contribuer à réduire la transmission des infections associées aux soins de santé, qui touchent 5 à 30 % des patients.
« L’accent mis sur l’assainissement est fondamental pour l’être humain », estime Pasquale Steduto, Président de l’ONU-Eau
La Journée mondiale de l’Eau offre l’occasion d’appeler l’attention sur l’Année internationale de l’Assainissement 2008, au cours de laquelle l’Assemblée générale des Nations Unies a demandé en décembre 2006 que l’on privilégie les problèmes d’assainissement et d’hygiène.
L’Année internationale de l’Assainissement 2008 a pour but d’accroître la visibilité des questions d’assainissement dans les programmes d’action internationaux et d’accélérer les progrès vers la réalisation de la cible des objectifs du Millénaire consistant à réduire de moitié d’ici 2015 la proportion de personnes dépourvues d’accès à un assainissement amélioré.
Il n’est pas malsain de parler d’assainissement. L’assainissement, c’est important. »
L’eau source de vie, l’eau
source de mort
L’assainissement c’est important, je ne vais pas dire le
contraire. Je constate cependant, une fois de plus, qu’aucune allusion n’est
faite dans ce communiqué sur l’impact considérable de l’assainissement, c’est
çà dire le traitement des eaux usées, sur la polio. Il est pourtant
parfaitement connu que l’essentiel de sa propagation est lié à l’eau souillée
par des excréments humains quand elle est consommée sans avoir été traitée. Je
l’ai souvent dit et répété ici, sera-t-il possible d’éliminer la polio du nord
de l’Inde et du Nigeria sans une action suffisante dans ce domaine ? Il y
a eu 866 cas de polio en 2007 dans les seuls états du Bihar et de l’Uttar
Pradesh au nord de l’Inde alors que l’OMS pensait, fin 2005, que la polio y
disparaîtrait en 2006… Et pour 2008 nous en sommes déjà à 132 cas contre 21 à
la même date en 2007 et 46 au Nigeria contre 27.
Les problèmes d’assainissement ne sont pas qu’en
Inde puisque mon département à de
mauvais résultats dans ce domaine : l’eau publique est polluée par des
nitrates largement au delà des normes officielles et on y retrouve parfois des
traces de matières fécales. Les zones de captage ne sont pas suffisamment
protégées et les évacuations des particuliers ne sont pas toutes aux normes.
Aussi, mon département a été pointé par l’Europe pour ses mauvais résultats sur
la qualité de l’eau proposée au consommateur. De ce fait, j’ai reçu il y a 2
jours la visite des services de distribution pour contrôler mon installation
d’évacuation d’eaux usées et pluviales. J’approuve ce genre de contrôle et j’ai
accueilli les agents du mieux que j’ai pu. Ils me disaient qu’ils étaient
confrontés à de sérieux problèmes.
Le traitement des eaux usées commence là où elles sont
produites et donc aussi chez les particuliers, afin qu’elles soient conduites à
la station d’épuration et sans se mélanger aux eaux pluviales. Le tout à
l’égout, dont on a longtemps vanté les mérites, a été une catastrophe
probablement largement responsable des grandes épidémies de polio qui ont
frappé au 19ième siècle des
grandes villes comme Munich, Stockholm, puis au début du 20ième New York avec 9000 cas de polio et les
habitants qui fuyaient la ville. Les excréments étaient sans doute rejetés
directement dans les fleuves et cette commodité, si largement approuvée comme
un très grand progrès, a certainement contribué à ces épidémies.
De ce point de vue les WC posent beaucoup de
problèmes : ils demandent beaucoup d’eau pour fonctionner ; ils
demandent un entretien permanent et les balais transportent et conservent virus
et bactéries ; ils demandent donc une éducation particulière pour les
populations. Faute de tout cela, l’installation de WC peut s’avérer rapidement
catastrophique dans bien des régions du monde, y compris chez nous. Il suffit
d’aller dans certains camping…Dans un camping digne de ce nom les WC doivent
être lavé au jet 2 fois par jour. Mais il faut disposer de l’eau, du personnel et de la volonté de le faire
(et donc de contrôles).
Les WC posent aussi un problème collectif très sérieux
car, qu’ils soient évacués directement dans les cours d’eau ou qu’ils polluent
les nappes phréatiques, on a un effet boomerang inévitable. Les Anglais se sont
beaucoup moqué des Français avec leur cabane au fond du jardin. Malgré ses
inconvénients elle n’était pas forcément plus dangereuse que des WC sans
assainissement. D’ailleurs aucune ville française n’a connu les grandes
épidémies de polio que je rappelais ci-dessus. Il n’est pas interdit de penser
qu’il pourrait y avoir un lien.