Chikungunya : l'OMS décrit la lutte contre les moustiques
Le
dernier Relevé
épidémiologique hebdomadaire de l’OMS, en date du 23 novembre 2007 porte
essentiellement sur le chikungunya. L’article reprend toute l’historique
récente de cette maladie qui flambe actuellement et en expose les raisons.
Rappelons que le virus est exclusivement transmis par des moustiques et que ce
sont surtout ceux de type Aedes,
tout particulièrement A.albopictus et A. aegypti. Voici la partie de l’article
relative aux mesures de lutte. Rappelons que ce sont les mêmes moustiques qui
véhiculent aussi la dengue et la fièvre jaune et comme je l’ai montré dans
différents articles (voir catégorie Maladies
tropicales), si la seule solution contre le chikungunya et la dengue,
maladies contre lesquelles il n’existe pas de vaccins, est la lutte contre les
moustiques, la seule solution contre la fièvre jaune est…la vaccination…
« Mesures de lutte
Un facteur clé de l’aire et de
la prévalence croissantes d’A. albopictus a été la mondialisation des échanges commerciaux, en particulier le
transport de pneus usagés d’un pays ou d’un continent à l’autre. Les œufs d’A. aegypti et d’A. albopictus résistent à la sécheresse et
peuvent rester viables pendant plusieurs semaines, ce qui leur permet de survivre
à un
transport prolongé par voie
maritime, aérienne ou routier sur de longues distances. C’est pour cela que
certains pays ont interdit l’importation de pneus usagés.
Les
deux espèces de moustiques sont aussi les vecteurs efficaces d’autres
arboviroses, notamment la dengue, ce qui explique les préoccupations de santé
publique plus larges liées au transfert accidentel de ces espèces entre les
pays et les continents. Les techniques dont on dispose actuellement ne
suffiront pas pour éliminer A. albopictus dans les zones où il est bien établi (Amériques, Cameroun, Italie
et Nigéria). Dans ces régions, les efforts pour diminuer le risque de
transmission viseront à réduire la densité du vecteur. Là où une population d’A. albopictus nouvellement arrivée est détectée
assez tôt, des efforts concertés, y compris l’utilisation d’insecticide,
s’impose pour éviter une implantation de l’espèce; cette approche a déjà été
appliquée avec succès. Dans des zones à haut risque d’introduction d’A. albopictus, une bonne surveillance
vectorielle s’impose car il faut agir vite pour éliminer les nouveaux foyers
avant que l’implantation ne devienne effective.
Une
fois qu’une flambée est déclarée, le chikungunya pose des problèmes
considérables pour les responsables de santé publique. Les principales mesures
environnementales utilisées pour réduire les gîtes larvaires ne peuvent parfois
être pleinement appliquées pendant la durée d’une flambée. Peu de programmes de
santé publique sont en mesure de faire face à d’importantes épidémies
d’arboviroses mais les pays disposant de bons programmes systématiques de
surveillance et de lutte antivectorielle sont mieux armés pour atténuer les
effets d’une flambée.
Les mesures visant à diminuer le
nombre de récipients contenant de l’eau peuvent aussi contribuer de manière
sensible à une
réduction
des moustiques émergents, mais une telle mesure doit être fondée sur une bonne
connaissance de l’écologie des stades immatures du moustique dans un lieu
déterminé. Au cours d’une flambée d’arbovirose, une réduction de la
transmission peut nécessiter le recours à des insecticides, (pulvérisations
spatiales, applications à effet rémanent sur les surfaces à l’intérieur et
autour de conteneurs où les moustiques se posent et larvicides contre les
stades immatures). La réduction des sources de moustiques est particulièrement
difficile à obtenir en milieu rural, où les gîtes larvaires naturels ou dus à
l’hommepeuvent être nombreux. Néanmoins, la réduction du nombre de conteneurs
dans et autour des habitations doit être encouragée et les messages les plus
importants en direction du public concernent les mesures qui peuvent être
prises pour réduire les biotypes favorables aux moustiques.
En
milieu urbain, les décharges de pneus usagés favorisent la reproduction à grande
échelle, notamment dans le cas d’A. albopictus et nécessitent des mesures de lutte ciblées, y compris
la pulvérisation d’insecticide. A plus long terme, il faudrait encourager des
investissements en faveur de programmes de recyclage des pneus usagés.
Dans
les hôpitaux et les autres établissements de santé publique où peuvent être
soignés des malades du chikungunya (et de la dengue), il convient d’appliquer
systématiquement les mesures de lutte antivectorielle et de les intensifier
pendant les flambées. Les patients virémiques doivent être soignés dans des
pièces protégées par des écrans ou sous des moustiquaires. Les risques potentiels de transmission par le don du
sang ou d’organes doivent également être pris en considération.
Protection personnelle
Il
est conseillé de porter des vêtements qui réduisent dans toute la mesure du
possible l’exposition de la peau aux vecteurs qui piquent de jour pendant les
flambées de chikungunya. On appliquera des répulsifs sur les vêtements ou sur
les parties du corps qui restent exposées, en suivant scrupuleusement les
instructions. Ces répulsifs doivent contenir du DEET (N, N-diéthyl-
3-méthylbenzamide), de l’IR3535 (ester éthylique de l’acide
3-[N-acétyl-N-butyl]-aminopropionique) ou de l’icaridine (acide 1-piperidinecarboxylique,
2-(2-hydroxyéthyl)-1-méthylpropylester). Les moustiquaires imprégnées
d’insecticide offrent une bonne protection à ceux qui dorment pendant la
journée, surtout les jeunes enfants. Pour réduire le nombre de piqûres à
l’intérieur des habitations ont peur recourir à des serpentins ou autres
vaporisateurs. »