Les obligations vaccinales abrogées ?
Cela peut
surprendre mais oui, c’est vrai, la question de l’abrogation des obligations
vaccinales fait partie depuis plusieurs années des préoccupations du ministère.
J’en prends pour preuve la publication d’un ouvrage de 436 pages, 56 euros,
« Droit, éthique et vaccination – L’obligation vaccinale en
question » par « Les Etudes Hospitalières » de Bordeaux (www.leh.fr). On lit en quatrième de couverture :
« Cet ouvrage est l’édition commerciale d’un
rapport portant commande de l’Etat au Centre d’étude et de recherche en droit
européen de la santé (Cerdes), pour la détermination de l’impact juridique et
éthique d’une éventuelle abrogation de l’obligation vaccinale en France. Ce
rapport a été remis au ministre de la Santé en octobre 2005.
Les décideurs
étatiques ont engagé, depuis plusieurs années, une réflexion générale sur le
sujet. Il manquait une analyse axée sur le droit et l’éthique. Il est revenu à
une équipe pluridisciplinaire d’universitaires de rédiger cette étude. Le
ministère de la Santé a accepté que cette analyse soit livrée à tous. »
Donc, le sujet est dans l’air comme le démontrent,
par exemples, la levée récente de l’obligation du BCG et la position du
président du CTV exprimée dans l’enquête menée par AgoraVox.
Il paraît tout naturel, et sans doute nécessaire, que les citoyens, experts ou
pas, s’interrogent aussi sur la question. Elle a 3 composantes
principales :
L’obligation vaccinale faite aux enfants : après la levée de l’obligation du BCG il reste le DTP en 4 injections devant être réalisées avant l’âge de 18 mois. Les autres rappels ne sont pas obligatoires mais recommandés. Ces 4 injections obligatoires (sauf contre-indication) restent exigibles jusqu’à 10 ans pour le DT et 15 ans pour le vaccin polio.
Additif : depuis le 12 juin 2008 le vaccin DTP enfants produit uniquement par Sanofi n'est plus disponible et tous les lots ont été retirés. Tant que ce vaccin restera indisponible la vaccination DTP cesse d'être exigible : le vaccin contre la coqueluche n'étant pas obligatoire on ne peut exiger légalement le vaccin DTP+coqueluche pour satisfaire à l'obligation du DTP car cela reviendrait à rendre obligatoire celui contre la coqueluche.
Les obligations vaccinales pour les professionnels
et certains étudiants.
La possibilité de rendre obligatoire une nouvelle vaccination en situation d’urgence épidémique grave, l’exemple type présent dans l’imaginaire de nos dirigeants étant le retour de la variole.
Pas obligatoire, juste
indispensable…
Il faut
certainement distinguer entre ces 3 situations très différentes afin d’éviter
que des considérations faites en faveur du maintien de l’obligation de telle ou
telle vaccination pour certains professionnels ou en cas de retour important de
la variole ne vienne interférer sur l’utilité du maintien de l’obligation du
DTP pour les enfants. La grande crainte est que la levée de l’obligation ne
s’accompagne d’une chute de la couverture vaccinale. Pourtant, le vaccin ROR
non obligatoire jouit d’une couverture vaccinale élevée et a démontré que
l’obligation n’était pas nécessaire pour cela. Mais il pâtit du maintien de
l’obligation du DTP : en effet, l’existence du DTP obligatoire fait
apparaître le ROR comme moins important puisque seulement recommandé. En
supprimant l’obligation on donnerait à tous les vaccins recommandés la même
importance. C’est le principe de la pub pour le port du casque en vélo :
pas obligatoire, juste indispensable. C’est en effet un des arguments en faveur
de la levée de cette obligation.
De plus, la
menace de la diphtérie ou de la polio n’est pas si grande qu’il faille maintenir
ainsi une telle obligation pour ces vaccins. Le tétanos n’étant pas une maladie
contagieuse, les arguments de nature collective ne s’appliquent pas à cette
vaccination. La crainte du tétanos est suffisamment partagée pour que la levée
de l’obligation de vaccination n’entraîne pas une chute de la couverture
vaccinale. Le vaccin DTP est souvent pratiqué avec la coqueluche, maladie
fortement contagieuse beaucoup plus redoutée que la diphtérie ou la polio alors
que sa vaccination n’est pas obligatoire. La plupart des médecins insistent
beaucoup sur cette vaccination. On constate ainsi que ce sont les vaccins
contre une maladie non contagieuse et contre la coqueluche (non obligatoire)
qui conduisent à accepter aussi les vaccins contre la diphtérie et la polio.
Une obligation
dévaluée
Maintenir des
obligations vaccinales contre des maladies non contagieuses ou dont le risque
est très réduit compromet la force de l’impact psychologique d’une décision
d’obligation en cas de menace épidémique vraiment grave. Cette arme de
l’obligation devrait être réservée à ces seules situations. En maintenant
l’obligation du BCG pendant 18 mois, de janvier 2006 à juillet 2007, alors que
la plupart des médecins ne voulaient plus le pratiquer et que la couverture
vaccinale était tombé en dessous de 50%, les autorités ont dévalué le principe
de l’obligation vaccinale dans la population.
Une clause de
conscience pour les professionnels ?
Reste
l’obligation faite à certains professionnels. Même l’obligation du BCG n’a pas
encore été levée pour eux alors que l’OMS ne recommande pas cette vaccination
pour les adultes en raison de son inefficacité. Comme mesure transitoire
puisque notre pays ne semble capable d’évoluer que très lentement sur ces
questions, on pourrait proposer pour eux une clause de conscience, quitte à ce
qu’ils ne puissent occuper certains postes ou aller dans certains services
comme dans les hôpitaux, même en sachant que les vaccinés ne seront pas davantage protégés.