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La Question des Vaccins
17 juin 2007

Méningite : un vaccin pour l'Afrique ?

Vaccins spécifiques pour la méningite en Afrique

La méningite pour tout dire je n’y connais pas grand chose mais l’OMS vient de donner à cette maladie un relief tout particulier en annonçant que dans quelques temps elle pourrait disposer d’un vaccin très efficace et peu coûteux pour lutter contre la maladie là où elle fait le plus de dégâts c’est à dire dans ce que les spécialistes nomment la ceinture africaine de la méningite. Cette espérance a été annoncée par des communiqués [1] et des publications [2]. C’est donc une opportunité offerte à chacun de s’informer sur cette maladie, son épidémiologie et sa préventions vaccinale. De plus, il va devenir très intéressant de suivre cette affaire sur plusieurs années et de vérifier, sans parti pris ni a priori, si les espérances affichées seront bien concrétisées. Dans ce domaine beaucoup d’espoirs ont été déçus. Ainsi le programme d’éradication de la polio : lancé en 1988 il promettait l’éradication mondiale pour l’an 2000 ; elle fut d’abord repoussée à 2002 puis 2005 pour être réévaluée à la baisse en l’espérance d’une simple élimination chaque année repoussée. J’aborderai ce sujet de l’éradication de la polio dans quelques temps. Voici donc pour le moment l’affaire de la méningite et de son futur vaccin destiné à l’Afrique.

Le méningocoque

L'aide mémoire [3] n°141 de l’OMS sur la méningite à méningocoques, c’est à dire celle provoquée par une bactérie alors que d’autres méningites sont d’origine virale, décrit la maladie, son mode de transmission, son diagnostic, son traitement, son épidémiologie (elle touche qui et où ?), la ceinture africaine de la méningite, la prévention par la vaccination, la stratégie de l’OMS et les recommandations aux voyageurs.

La méningite est donc une infection du liquide céphalorachidien qui entoure le cerveau et la moelle épinière. La gravité de la maladie est très différente selon qu’il s’agit d’un virus ou d’une bactérie : généralement peu grave, la méningite virale disparaît sans nécessiter de traitement particulier ; par contre la méningite bactérienne peut être très grave, causer des lésions cérébrales, une surdité ou des troubles d’apprentissage.

Avant les années 1990, l’Haemophilus influenzae tybe b (Hib) était la bactérie à l’origine du plus grand nombre de cas. Les nouveaux vaccins utilisés assez massivement ont fait chuter leur nombre et ce sont maintenant le Streptococcus pneumoniae et la Neisseria meningitidis (méningocoque) qui sont les principaux agents responsables des méningites bactériennes. Une question se pose alors : est-ce que ces 2 bactéries occupent la première place simplement parce que la bactérie Hib l’a abandonnée ou est-ce que ces 2 bactéries ont profité du vide laissé par la première pour se développer ? Autrement dit y a-t-il plus de méningite aujourd’hui par ces 2 bactéries qu’il n’y en avait par elles du temps de la prédominance du Hib ? La réponse serait importante et intéressante. Je la pose donc. Peut-être aurons-nous un jour une réponse.

Le méningocoque peut causer la mort chez le nourrissons, l’enfant et le jeune adulte. Malgré le traitement antibiotique, 10% des patients décèdent dans les 48 heures qui suivent l’apparition des premiers symptômes. 10 à 20% des autres gardent des séquelles permanentes telles que troubles neurologiques ou surdité.

Les méningites à méningocoque sont présentes dans tous les pays de façon endémique, les principales victimes étant les enfants de moins de 5 ans. Certains pays, dont la plupart sont classés « en voie de développement » souffrent d’épidémies occasionnelles ou répétées. Les principaux groupes pathogènes du méningocoque sont les types A, B, C, W135 et Y. Si les groupes A, B et C sont responsables de la majorité des cas de méningite dans le monde, le groupe A occasionne des flambées épidémiques dans ce que l’on appelle la ceinture africaine de la méningite qui s’étend de l’Ethiopie à l’est au Sénégal à l’ouest, avec une population à risque supérieure à 400 millions de personnes. Ces épidémies peuvent atteindre des proportions énormes. Lors des principales épidémies africaines, on peut observer entre 100 et 800 cas pour 100 000 habitants, mais certaines communautés fermées ont signalé des taux atteignant 1 cas pour 100. En comparaison, l’incidence dans les pays développés est faible : elle se situe en moyenne entre 1 et 3 pour 100 000 habitants.

C’est ce qu’on peut lire dans les documents précités qui laissent penser que les causes seraient liées au développement insuffisant de ces pays. Mais ils font état par ailleurs du lien avec la saison sèche et les vents sahariens qui propagent l'agent pathogène sur de grande distances, donc des causes physiques qu’aucun développement prévisibles ne pourra supprimer.

Limites des vaccins actuels

La prévention et le contrôle des épidémies de méningite, nous disent-ils, reposent actuellement sur une détection rapide de la maladie et sur la vaccination de masse de la population avec des vaccins polyosidiques. Ces interventions sont massives, coûteuses et perturbatrices car elles détournent des ressources déjà maigres qui pourraient être utilisées pour le contrôle d’autres maladies. Malheureusement, des observations récentes montrent que la vaccination de masse après le début d’une épidémie a peu de chance de prévenir plus de la moitié des cas. Ces vaccins ont en effet bien des limites : leur efficacité est très relative chez les enfants en bas âge, le groupe le plus à risque ; la durée de la protection est courte ; ils n’empêchent pas la transmission de la maladie dans la population ; ils peuvent être inefficace en cas de transmission par voie naso-pharyngienne ; des doses répétées de ces vaccins peuvent engendrer une hyporéactivité.

C’est dans ce contexte qu’est intervenu le communiqué OMS du 8 juin 2007 faisant état de nouvelles données concernant les effets d'un vaccin expérimental contre la méningite chez les enfants en Afrique de l'Ouest, vaccin  "qui devrait protéger les enfants africains et leur communauté bien plus efficacement que tout autre vaccin actuel. Les résultats préliminaires de leur étude, un essai de vaccin de phase 2, révèle que le vaccin pourrait au bout du compte réduire considérablement l'incidence des épidémies dans la "ceinture de la méningite,” qui regroupe les 21 pays de l'Afrique sub-saharienne affectés. Conçu pour bloquer la transmission du dangereux méningocoque du sérogroupe A, ce vaccin devrait étendre la protection aux sujets non vaccinés, phénomène appelé immunité collective."

“Les projets d'avenir sont fort ambitieux, poursuit le Dr LaForce directeur du Projet Vaccin Méningite en partenariat avec l’OMS et le laboratoire, une fois l'étude de phase 2 terminée et le financement assuré, nous prévoyons de procéder à une étude de démonstration l'année prochaine dans un pays hyper-endémique où nous donnerons au vaccin une dimension de santé publique en vaccinant la totalité de la population âgée de 1 à 29 ans. Si tout continue à aller bien au cours de l'expérimentation et de l'étude de démonstration, le nouveau vaccin, dont le prix sera de l'ordre de 40 cents la dose, pourrait être introduit en Afrique d'ici deux ou trois ans.”

Des vaccins spécifiques pour l’Afrique

Des recherches ont montré que si l’on associe une protéine telle qu’une anatoxine diphtérique ou tétanique à un antigène polyoside, le vaccin qui résulte de la conjugaison est plus efficace et procure une plus longue protection. Ce procédé a déjà été utilisé dans la production de trois vaccins contre le méningocoque du groupe C qui se trouvent actuellement sur le marché britannique. Ces vaccins furent brevetés en 1999 et de récents rapports affirment leur sûreté et leur efficacité à réduire le taux d’incidence de la méningite C au Royaume-Uni. L’utilisation de cette technologie de conjugaison permettrait de développer pour l’Afrique des vaccins polyosidiques conjugués à une protéine porteuse qui auraient les propriétés qui font cruellement défaut aux vaccins non conjugués : ils seraient immunogènes chez les jeunes enfants ; procureraient une protection de longue durée ; créeraient une immunité de groupe.

Prenant en compte ces différents facteurs, y compris le fait que les méningocoques de serogroupe A sont en ce moment la cause principale des méningites épidémiques et endémiques dans la ceinture sub-saharienne, le Projet Vaccins Méningite (MVP) a décidé de développer un vaccin antiméningococcique conjugué contre le sérogroupe A utilisable lors de campagnes de vaccination en Afrique.

Le vaccin n’a pas de marché en dehors de l’Afrique et ne pourrait être développé sans l’appui de MVP. Selon les estimations, il faudra produire 250 millions de doses de ce vaccin au cours d’une période de 10 ans afin de pouvoir immuniser toutes les personnes âgées de 1 à 29 ans.

Espérons

Je constate un fois de plus l’enthousiasme et la grande confiance manifestés en faveur d’un vaccin encore en l’état de préparation. L’éradication de la polio piétine alors qu’elle a été engagée avec un excellent vaccin qui lui était reconnu avoir fait ses preuves. L’éradication de la variole par un célèbre vaccin a connu bien des vicissitudes et fut en définitive obtenue par une autre méthode visant à rechercher activement les malades ainsi que leurs contacts et à les isoler. Ce futur nouveau vaccin contre la méningite en Afrique aura sans doute sa part d’inconvénients. Souhaitons seulement pour les populations africaines qu’elle ne sera pas trop importante et que le jeu en vaudra la chandelle.

Affaire à suivre… sur une longue durée…

Liens

http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2007/pr28/fr/print.html communiqué OMS 8/06/07

http://www.meningvax.org/francais/fr-limitations-vaccines.htm MPV Projet Vaccins Méningite en partenariat avec l'OMS

http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs141/fr/ aide mémoire OMS n° 141

http://www.meningvax.org/files/press-0603-improved-fr.htm  Communiqué OMS, MVP 15/03/ 06

http://www.seruminstitute.com/ Laboratoire Serum Institut of India LTD

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